54. Désert gelé

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Le Caracal-Caracal était en orbite autour de Cendrillon II, et nous étions en approche de la petite lune. Enfin de l’action ! Le hangar avait été évacué pour que nous puissions y accéder en toute intimité.

J’ôtai le t-shirt que je portais pour seul vêtement, et me plaçai doucement sur les sondes. J’eus l’impression qu’elles avaient doublé de volume tant cela faisait longtemps. Héloïse déchiffra le plaisir sur mon visage, et je répondis à son œil pétillant par un sourire en coin. J’ordonnai la remonté à bord et articulai :

— TBK12, parée.

Le poitrail du Rhino se ferma sur Mercedes. Puis le Faucon avala Kylie.

— TBK17, parée.

— TBK16, parée.

— Ici TBK11, intervint Héloïse. Je rejoins le pont.

La porte du hangar s’ouvrit, et les carcajous en scaphandre croisèrent Héloïse afin de gagner le module de chargement.

— Ici TBK1, s’annonça Conti. Sortie par la proue. Les ESAO ouvrent la voie. Il y a deux Défonceurs de trop par rapport à nos prévisions. Il faut les clouer au sol.

Nous nous mîmes en marche vers la proue du vaisseau. L’imagerie du drone à basse altitude indiquait une présence de trois Défonceurs. Il a l’air d’y avoir beaucoup d’activité.

— On peut abattre les trois Défonceurs simultanément, depuis le ciel, annonçai-je. Mais il va nous falloir un appui terrestre juste après. A moins que l’une de nous ne prévoit déjà un tir assez long pour griller les trois.

— Je suis douée pour le tir orbital, assura Kylie. Je peux en prendre deux.

— Je me réserve pour le sol, choisit Mercedes.

— TBK2, assurez-vous de coller aux ESAO, ordonna Conti. TBK12, faites-en sorte qu’aucun de ces monstres ne décolle.

— Affirmatif, acquiesçai-je. Je m’occupe de suppléer TBK16. TBK17 se charge des défenses anti-aériennes. Si ça foire en chute libre, on peut les neutraliser au sol.

— Dépressurisation du hangar dans deux minutes, indiqua Héloïse.

J’activai la rotation très lente de la sonde vaginale en même temps que la palpation de ma poitrine. Un mix langoureux idéal pour me faire monter en pression. Je n’avais presque pas de stress de mission, et la montée du désir me surprit par son ampleur. Les gyrophares du hangar annoncèrent sa dépressurisation complète, tandis que le pilote des Carcajous terminait son check up à voix haute. Ensuite, les grandes portes s’ouvrirent sur la planète lumineuse, à l’aspect lisse comme une bille. Nous étions en orbite si basse que la base ennemie formait déjà un point noir au milieu d’un océan turquoise.

— Quand vous voulez ! dit Conti.

— TBK16. Ça ira pour le tir ? questionnai-je.

— Affirmatif, répondit Kylie.

— Allez ! les chattes en premier ! soufflai-je.

Je m’élançai, les filles m’emboîtèrent le pas. Je me propulsai droit vers la cible, jusqu’à atteindre les trois mille kilomètre heures. Héloïse m’avertit :

— Il n’y pas d’atmosphère, votre chute ne sera pas freinée. Et la faible pesanteur aura un effet moindre sur les paragrav’.

— Message reçu, indiquai-je.

J’étais concentrée, et déterminée. J’imaginais déjà le feu d’artifice. Je me laissai tout de même aller à l’admiration de la géante gazeuse posée à quelques centaines de milliers de kilomètres, parcourue de bandes de nuages opalins qui s’entortillaient dans des panaches argentés. Le plaisir était à son point culminant, mon ventre se creusait chaque fois que je jouais à fleur de clitoris avec la roulette hérissée. Kylie était tout aussi pressée.

— TBK16, prête à tirer. Les sensations fortes, c’est ma came.

Les cibles s’affichèrent dans nos viseurs. Héloïse insista.

— TBK11 à ESAO, ralentissez.

— On réduit de deux mille, ordonnai-je.

En douceur, je ralentis à seulement mille kilomètres par heures. Les cibles devenaient visibles. J’étais à fleur de peau, mais je voulais que Kylie tirât la première pour rattraper le coup s’il y avait besoin. Je soupirai :

— Feu.

Le bec s’ouvrit et le rayon de plasma frappa le premier Défonceur. Mon envie se fit plus forte, insoutenable. Le rayon se déplaça sur le second vaisseau, le coupa en deux avant de s’interrompre alors je passai la roulette sans discontinuer sur ma détente de chair. Mon rayon frappa le troisième vaisseau, je le dirigeai ensuite vers le bâtiment et fissurai le béton jusqu’à le percer. L’altitude nous surprenant je hurlai :

— Paragrav’

Nous déployâmes nos arcs. Un missile sol air fonça vers moi. L’alarme m’avertit et j’esquivai en lâchant un leurre. Le missile explosa derrière nous, sans un bruit. Les rayons laser d’une batterie anti-aérienne déchirèrent le ciel. Mercedes s’éloigna en peu plus de nous. Je regardai un point au sol et y appliquai un logo cible.

— TBK17, atterris ici.

Plus lourde, elle atterrit avant nous, mais sitôt ses pieds sur la glace, ses naseaux projetèrent une lame de plasma qui pulvérisa la batterie anti-aérienne. Kylie et moi rasâmes le sol, surprises par notre propre vitesse. Nos griffes lacérèrent le sol lisse, dégageant de fines particules translucides. Le cœur battant, je me lançai vers Kylie. Ne pas avoir d’abri pour progresser me stressait. Il fallait tout de suite rester mobile. Nous convergeâmes comme Mercedes vers le bunker. Les pas résonnaient dans le scaphandre, sans que nul autre son extérieur ne me parvinssent. Les flashs des explosions m’indiquèrent que les Carcajous prenaient part à la riposte depuis les airs.

La fumée qui s’échappait des carcasses formait des boules sombres qui roulaient au sol en s’étalant. Alors que nous approchions à toute allure, des Crustacés équipés de respirateurs surgirent. Cela formait une sur-carapace métallique à l’aspect blindé. Leurs tirs ricochèrent sur mon blindage comme sur le sol gelé. La chaleur des impacts transformait la brisure translucide en panaches rose magenta qui s’étendaient au ras du sol. Je slalomai pour éviter de recevoir trop d’impacts. Kylie s’abrita derrière son aile et s’arrêta pour riposter. Je dis pour nous donner du courage :

— Comme dirait mon père. Avec ton bouclier ou sur ton bouclier !

J’ouvris le feu avec un bras pour les obliger à s’abriter derrière l’épave d’un Défonceur. Puis je bondis par-dessus la carcasse au travers de l’épaisse fumée qui stagnait. Ils levèrent la tête en me voyant tomber du ciel. Trop tard pour eux, mes chaînes de tronçonneuse furent plus rapides. Je visai les tuyauteries des respirateurs, pensant leur armure solide. Il n’en était rien car les dents diamant tranchèrent sans mal leur acier, pour atteindre la chitine qu’il dissimulait. Je frappais, bougeais sans cesse, comme si je boxais face à plusieurs adversaires. Une frappe à chaque fois, pour blesser un membre ou dépressuriser un masque. Déchirer leur corps, voir l’égarement gagner les rangs, c’était jouissif à souhait. J’étais certaine de leur laisser une image de furie. Ça dépassait toutes les simulations, et les rêves les plus fou. Conjugué au palpeur, cela ne pouvait que m’enflammer. Alors que je m’engouffrai par la brèche murale, un groupe avec un lance-roquette à fusion se prépara dans le couloir. Je me tapis contre le mur de l’enceinte. J’hurlai à Kylie.

— Ne rentre pas ! Roquette à fusion.

Elle se tapit à côté de moi tandis que le palpeur roulait autour de mon clitoris.

— Je suis chaud bouillante, dis-je. Fais diversion pour qu’ils tirent.

Kyle présenta une pointe de son aile. La roquette jaune vif en fusion fila entre nous deux. Je tournai dans le couloir, laissai mon corps répondre à l’appel du plaisir et ouvris le feu avant eux. Les Homards, les Crevettes, tout le couloir y passa. Kylie s’engouffra une fois mon tir passé et ouvrit la marche, les plumes d’aciers en protection, ses épaules et sa tête frottant sur les parois.

— Ici TBK12, nous investissons le site.

— Ici TBK2, articula Mourat. Premier groupe sur le toit. On va entrer, évitez les feux croisés.

La vue holographique me donnait la position des Carcajous Maudits qui se posaient sur le toit. Le bunker vibra, puis ils s’engouffrèrent. Mercedes qui avait investi leur hangar hurla :

— Tourteau !

Kylie se précipita malgré l’étroitesse des murs. Je lui emboîtai le pas. Des tirs flambèrent sur ses ailes, alors elle fonça dans la pièce d’où ils venaient.

— Je te couvre, sergent !

Je continuai ma course dans le corridor et surgis dans le couloir. Le tourteau était agonisant et Mercedes tenait le respirateur qu’elle lui avait arraché. Essoufflée elle haleta :

— Mon premier vrai Tourteau.

— Ici TBK12 hangar clair, déclairai-je. Félicitation, moi je n’ai pas encore affronté de vrai Tourteau.

— TBK16, chambre des communications, claire, annonça Kylie.

— TBK4, espace de vie, étage, clair.

— TBK2 à TBK1. Le site est sous contrôle.

— Bien reçu, répondit Conti. Mettez en place la contre-offensive. Vous avez neuf heures et trente minutes avant l’arrivée du Lycaon-Pictus.

— Bien reçu. TBK2, terminé.

— TBK11 à ESAO, articula Héloïse. Restez à l’intérieur pour l’effet de surprise. Reposez-vous une heure et remettez-vous en mode plateau.

Je plaçai mon Furet dos au mur du hangar puis interrompis tous les stimulateurs. Entendre qu’il faudrait rester ensuite en zone de plateau durant huit heures me fit penser aux entraînements. Ce n’était pas la partie la plus aisée qui s’annonçait. Pour le moment, il n’y avait aucune perte à déplorer de notre côté. Notre stratégie avait été efficace de puissance comme de rapidité. L’Iroquois fit remarquer que trois exosquelettes, c’était mieux qu’un seul.

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