56. Major Boute-en-train

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Ce fut un ballet, bref et ininterrompu de transporteurs. Lorsque les huit capsules furent à bord, les Carcajous dans le chaland, mon père me survola.

— A ton tour, TBK12 ?

Je me mis en position sans oser répondre de peur qu’il reconnût ma voix. Ses pinces magnétiques m’agrippèrent et il me fit décoller du sol tandis que les deux autres transporteurs venaient évacuer mes équipières. Le sol esquinté du petit satellite s’éloigna à toute vitesse, sans qu’aucun soulagement ne me transportât.

Nous atteignîmes l’orbite, dans la pénombre de l’immense porte-escadrille humain, flottant à l’écart des débris que les lasers venaient dévier à chaque menace de collision. Puis nous entrâmes sur l’immense pont de décollage des chasseurs, long d’un kilomètre. Il fourmillait d’activité.

— Je te dépose près de l’ascenseur des ESAO. Faudra attendre tes copines. Après vous pourrez vous dégourdir le clito et vous nettoyer la chatte entre vous.

Venant de mon père, ces mots me choquèrent. Le vaisseau se décrocha et il grogna :

— Un merci me suffirait. T’as pas eu d’éducation ?

De toutes les répliques qui me venaient, toutes auraient collées s’il avait été un inconnu. Je préférai ne pas répondre, comme si mon émetteur était désactivé. Son transporteur s’éloigna. Je regardai un monte-charge descendre un chasseur. J’attendis patiemment, que ses amis déposent Kylie, puis Mercedes. Les lionnes de Venus, que nous n’avions pas croisé sur le terrain, revinrent d’une sortie dans le vide spatial. La voix de mon père se moqua sur le canal dont elles ne faisaient pas partie :

— Revoilà les zinzins de l’espace.

— Elles n’ont pas dû tirer, elles doivent avoir la clochette en feu, se moqua une voix d’homme.

— Fermez-la, il y a d’autres givrées du fion sur la ligne, ajouta une troisième voix.

Nous fûmes éjectées du canal de communication général. Nous nous retrouvâmes avec le seul canal des Carcajous. Kylie soupira :

— Un accueil digne de l’armée américaine.

— Les pilotes de l’armée de l’air se croient toujours supérieurs aux autres, répondit Mourat. T’inquiète, nous on connaît votre valeur. Vous avez fait du bon travail

— Il a raison, ajouta le lieutenant Conti. Sans vous, il n’y aurait aucun de nous à bord.

Alors que les anciens Carcajous commençaient à déblatérer sur les pilotes de l’armée de l’air qui se pensaient les seuls utiles avec la marine pour lutter contre les Crustacés, les lionnes ouvrirent un canal de communication avec nous.

— Bienvenue à bord, les filles.

Nous attendîmes que le pont se pressurise tandis qu’elles racontaient avoir visité le porte-escadrille adverse pour massacrer l’équipage restant. Puis la plate-forme sur laquelle nous nous trouvions descendit dans le hangar situé sous le pont d’envol. Une cloison amovible nous isolait complètement du reste du hangar. Leur gynécienne, un caporal-chef quinquagénaire attendait. L’étroitesse du couloir dans lequel ils nous enfermaient nous obligea à nous positionner les unes derrière les autres. Héloïse indiqua avant de mettre fin à la communication :

— Je m’occupe de vous amener des uniformes.

Je descendis la selle, comme toutes mes camarades. L’air climatisé était un peu frais. Et en pensant à mon père qui se trouvait derrière cette cloison, j’avais uniquement envie de me renfermer dans le Furet.

— Hey ! Clarine ! Mercedes ! s’exclama une des lionnes.

L’Espagnole esquissa un sourire. Je présentai l’Américaine :

— Kylie.

— Bienvenue à bord du Lycaon-Pictus, nous souhaita une seconde lionne.

— Ça fera du bien d’être plus nombreuses sur ce rafiot, ajouta la troisième.

Nous les suivîmes jusqu’à une porte depuis laquelle partait le panneau amovible. La porte donnait sur un vestiaire rendu plus étroit par la présence de cinq casiers et des bancs qui leur faisaient face. Au fond, fermée par une vitre battante se trouvait une cabine de douche avec trois rampes. Kylie s’émerveilla :

— Vous avez votre propre vestiaire ?

— Et oui, honneur aux nouvelles.

— Nous n’avons pas encore d’uniforme, rappelai-je. Allez-y.

— C’est vous qui ramasserez les cheveux et nettoierez la vitre, plaisanta une des lionnes.

— Pourquoi pas, lâcha Mercedes.

Les lionnes se défirent de leur tenue de pilote puis passèrent la paroi. Bien que j’étreignais l’espoir qu’on nous annonçât une attaque nécessitant que nous retournions dans nos exosquelettes, je roulai les bas le long de mes jambes, puis libérai mon buste de la brassière. Mercedes murmura :

— Ça n’a pas l’air d’aller. C’est à cause de ce qu’ont dit les pilotes ?

J’hésitai à lui confier que mon père faisait partie des pilotes, puis je m’abstins. Si ça se savait, il serait embarrassé vis-à-vis de ses camarades, et je ne le lui souhaitais pas.

— Non. Je ressasse des histoires de famille.

— Ah.

— J’ai un peu flippé pendant la mission. Je repense à des trucs cons.

La porte s’ouvrit et Héloïse s’engouffra, les bras chargés d’uniformes et le sourire de bonne humeur.

— Hé ! Hé ! Je nous ai trouvé des treillis, t-shirts, chaussures et sous-vêtements. Je vous pose ça sur le banc. Ça c’est Clarine, Mercedes, et Kylie.

Elle déposa un à un les tas de vêtements pliés. Les lionnes quittèrent la douche et se placèrent face à leurs casiers pour nous laisser passer. Derrière la vitre je regardai Héloïse qui bavardait jovialement avec les lionnes. Elle n’avait pas encore eu le décompte ou le nom des morts. Je craignais déjà les vingt-quatre heures de déprime qu’elle allait subir. Kylie s’agitait dans mon dos, manquant de me donner un coup de coude en savonnant ses cheveux. Elle s’excusa lorsque je jetai un regard par-dessus mon épaule.

— Désolée, ce n’est pas large, ici.

— Je te fais les cheveux, si tu veux, lui répondit Mercedes.

— Ça marche, les cheveux et tout ce que tu veux.

Kylie se plaça dos à Mercedes et tandis que mon amie tenait sa promesse, l’Américaine envoya ses doigts savonneux à la rencontre de ses cuisses. Je distinguais à peine leur reflet, mais je percevais tous leurs gestes. Mercedes poursuivit sur les épaules et s’empara de ses seins. Lorsque je quittai la douche, Kylie se tourna vers elle et elles s’embrassèrent pleine bouche. Elles me firent penser à Rita et ses envies brutales après avoir frôlé la mort. Héloïse me tendit une serviette et ses lèvres mimèrent la joie. Histoire d’amour éphémère ou non, ça faisait trembler l’émotivité de notre gynécienne.

Les deux filles quittant la douche, elle leur dit :

— Vous pouviez continuer, on allait vous laisser tranquille.

— Chaque chose en son temps, dit Kylie en jetant un regard gourmand à Mercedes.

Ça m’arrangeait, je ne voulais pas quitter le vestiaire seule avec Héloïse. Je demandai :

— Il y a du monde dans le hangar ?

— Ouais. Les pilotes de chasseurs veulent voir la gueule des pilotes d’ESAO. Surtout qu’ils ont entendu parler de l’histoire du sergent Congelo.

— Tous des vicieux, commenta Kylie.

— Faut les laisser dire, ajouta Mercedes. On s’en fiche de leurs fantasmes.

Nous nous habillâmes, puis nous quittâmes le petit vestiaire pour prendre la porte donnant sur le hangar. Dix pilotes de l’armée de l’air, dont deux filles, patientaient, près du chasseur. Mon père se figea, alors que nous avancions. Son voisin de gauche, s’avança l’air ravi.

— Y a de la minette fraîche dans l’armée de Terre.

Ils formèrent une haie entre nous et la sortie.

— Attendez, on veut juste féliciter le sergent Congelo. Pas vrai major ? — Mon père grommela une affirmation en lisant les galons sur ma veste. — C’est toi le sergent Congelo ?

Je montrai du doigt mes galons qu’il n’avait qu’à lire. Agacée par les longues secondes de silence, je les fusillai du regard et demandai :

— Vous avez des questions ou vous nous laissez passer ?

— Attends. Je n’ai jamais vu de légende en vrai, faut que je me remette de mes émotions.

— Ça c’est de la drague ringarde, se moqua Héloïse.

— Il ne te reste pas un peu d’énergie pour un beau gosse comme moi ?

— Juste pour mettre des coups de pieds au cul, répondis-je.

— Ho ! Ho ! J’adorerais te voir essayer.

— Ne la tente pas, intervint Mourat.

Nous tournâmes les yeux vers les Carcajous qui venaient à notre rencontre. Mercedes et Kylie franchirent la haie. Je passai à côté de mon père en lui adressant un regard silencieux. Et alors que nous nous éloignions un autre ajouta :

— Oh regardez-moi ce petit cul !

— Arrête Dave, c’est une pilote, tu ne coucherais pas avec.

— Je veux bien faire une exception pour le sergent Congelo. Les filles froides d’extérieur, c’est des volcans intérieurs.

— Hey Major, on ne t’entend pas aujourd’hui, se moqua une des filles.

Mon père ne répondit pas.

— La beauté du sergent Congelo t’a scotché ? insista un mec.

Le couloir se ferma derrière-nous. Kylie dit aux Carcajous :

— Merci les gars.

— On a l’habitude, dit Saïp.

— Les mecs de l’armée de l’air, faudrait les envoyer juste une fois sur le terrain, ils nous supplieraient d’envoyer des ESAO, ajouta Beck.

— Les quartiers sont sur le pont 3, annonça Mourat. Vous aurez une chambre avec les autres pilotes femmes. ESAO et armée de l’air.

— Et le lieutenant Conti, ajouta l’Iroquois.

— On se retrouve au mess, pont 3, côté poupe, dans une heure.

Le navire était si grand que des ascenseurs reliaient les ponts entre eux. Mourat nous avait séparés inutilement, car nous n’avions nulles affaires à déballer. Nous nous retrouvâmes donc dans la chambre où les lionnes de Vénus se racontaient leur sortie. L’une d’elle s’étonna :

— Vous vous êtes déjà dépêtrées des abrutis de l’armée de l’air ?

Héloïse se laissa tomber sur un des lits superposés et soupira :

— Grâce à nos copains Carcajous.

— Lève-toi, c’est le lit d’une des pilotes. La porte c’est pour elles, nous on est au fond. Chacune son territoire.

— Ils vous ont souhaité la bienvenue ? ricana la seconde Lionne.

— Même pas, commenta Kylie. Avec une bite à la place du cerveau, ça n’aide pas. Et les deux filles qui sont avec eux… Je ne les comprends pas.

— Le pire c’est le major Fontaine, ajouta la troisième Lionne. Quel gros con celui-là !

— Ah oui ? s’étonna Kylie. Il n’a rien dit.

— C’est un débiteur automatique de blagues de merde. Dès qu’il peut faire rire son escadrille ou les connasses de la Marine, il ne s’en prive pas.

— Les blagues sur les pilotes d’ESAO, c’est son rayon, il est très productif, il se renouvelle souvent.

Les écoutant dire tout le mépris réciproque qu’elles ressentaient pour mon père, je m’allongeai sur une couchette en hauteur.

— Ça va Clarine ? demanda Mercedes.

— Faut que je me repose.

— Et les greluches de la Marine, elles l’adorent, poursuivit la lionne. Il est beau gosse, grande gueule, il les fait rire. Il a dû se taper la moitié de l’équipage.

— Mais pas les deux pilotes de l’escadrille, et pourtant elles le suivraient en enfer.

— Ni les pilotes d’ESAO, glissa Héloïse.

— Ah ça ! Certainement pas, il a un certain standing.

— Et puis tant mieux. Je ne baise pas les cons, ajouta la seconde lionne.

— Tu ne baises pas les hommes tout court, se moqua la troisième.

— Plus maintenant. Et puis, il est vieux !

— Il a la quarantaine. Mais il est juste comme il faut. Il lui manque juste un cerveau, rit la première.

— T’es dégueulasse.

— C’est paradoxal, on a deux Fontaine à bord, rit Héloïse. Un major anti-ESAO, et un sergent surdoué pilote d’ESAO. Ça se trouve, vous êtes de la même famille.

Je restai allongé en fixant le plafond et répondis :

— Je n’ai pas envie de le savoir.

— Ce n’est pas ton frère ? demanda Mercedes.

— Mon frère est dans la Marine, répondis-je.

Héloïse qui m’avait pourtant vue avec lui ne fit pas le lien. Le lieutenant Conti entra, fatiguée, mettant fin à la conversation et annonça la mort des membres d’équipage ainsi que celle d’un des Carcajous. Héloïse se perdit dans son silence funéraire, mais ne pleura pas. Elle dit simplement qu’elle avait constaté son absence mais qu’elle n’avait pas voulu imaginer qu’il était mort. Elle avait refusé cette éventualité tant qu’elle n’était pas officielle.

Nous rejoignîmes le Mess. L’armée de terre avait sa table, l’armée de l’air la sienne, l’équipage la troisième. Les officiers supérieurs, eux se mélangeaient à une même table, dans une petite pièce annexe.

Le mutisme de mon père n’eut pas le temps de surprendre les lionnes, car les Carcajous et elles avaient beaucoup d’histoires à se raconter. Cela avait commencé par des souvenirs de mission passées avec ceux restés au combat, puis, tous avaient été intarissables. Huit femmes à leur table, ça faisait bizarre aux douze Carcajous qui n’avaient eu jusqu’il y a peu que le lieutenant comme référence féminine.

L’équipage de la Marine fut le premier à quitter le mess. Je me levai juste après eux après avoir échangé un regard avec mon père. Il se leva également. Kylie demanda :

— Tu ne finis pas ?

— J’ai trop envie de pisser, dis-je.

Mon père sortit de la pièce, et je sortis à mon tour. Il jeta un regard par-dessus son épaule et emprunta une cage d’escalier. Je lui emboîtai le pas, fermai la porte derrière moi et descendis les marches pour le rejoindre. Il reprit le pas, me gardant à distance, et progressivement, nous nous retrouvâmes au pont technique. Les tubulures de moteur ronronnaient délicatement, il faisait chaud, mais l’endroit était parfaitement désert. Ses yeux humides de honte me fixèrent jusqu’à ce que je fusse à deux mètres de lui. La bouche sèche, j’esquissai :

— Bonjour Papa.

Ses narines échappèrent un soupire

— Pourquoi, Clarine ?

— Pourquoi quoi ?

— Pourquoi tu m’as menti ?

— Parce que tu détestes les pilotes.

— Mais je croyais que t’étais lieutenant ! La petite caporale brune…

— Elle me surnomme comme ça, parce que mon dossier aurait dû m’envoyer à l’école des officiers.

— Mais oui ! Mais oui ! Alors pourquoi les ESAO ?

— Parce que je voulais aller sur le terrain, comme toi !

— Mais putain ! T’as rien à faire dans un de ces trucs ! T’as dix-neuf ans !

— Tu t’es engagé à quel âge, rappelle-moi ? m’agaçai-je les larmes aux yeux.

— Mais pas dans une machine à baise !

Il secoua la tête, me toisa d’un regard mêlant déception et dégout, avant de poursuivre :

— Les ESAO, c’est pour les prostituées qui se sont fait pincer ! Pour les lesbiennes nymphos ! Pas pour les filles intelligentes !

La gorge nouée, je lui dis :

— On peut être à la fois prostituée, lesbienne nympho et intelligente.

— Mais ce n’est pas toi, Clarine ! hurla-t-il. Toi t’es ma fille ! T’as fait des études ! T’es courageuse ! Putain ! Merde !

Il frappa la balustrade du point. Mes larmes ruisselèrent sur mes joues, je redressai les épaules et je lui dis :

— Je suis ta fille, et je suis super douée dans un ESAO. Je pilote avec mon ventre au lieu de mes mains, et alors ? C’est juste une partie du corps comme une autre, avec des muscles et des terminaisons nerveuses. — Je reniflai. — Mais t’inquiète, je ne dirai à personne que je suis la fille de celui qui s’est tapé tout l’équipage parce qu’il fait rire en rabaissant les pilotes de l’armée de terre.

Je fis demi-tour et il m’interpella :

— Attends !

Il s’assit sur le caillebottis qui surmontait les tuyauteries. Inquiète, je m’approchai et il me murmura :

— Assieds-toi, ma chérie.

J’hésitai deux secondes, m’assis à côté de lui, alors il passa son bras autour de mon épaule et m’embrassa sur la tempe.

— Je ne voulais pas crier, ni te faire pleurer. — Je posai ma tête contre lui. — Je ne me souviens même pas t’avoir crié dessus une fois avant aujourd’hui. Ce n’est pas grave si t’es pilote. Je suis juste blessé que tu ne me l’aies pas dit.

— Tu me l’aurais interdit.

— J’aurais désapprouvé, mais aurais-je pu te l’interdire ? De toute façon, c’est fait. Tu restes ma petite fille chérie préférée.

— T’as d’autres filles chéries ?

— Non.

Je séchai mes larmes.

— C’est vrai que j’ai plein de belles-mères à bord ?

Il pouffa de rire.

— Je te les présenterai.

— Genre. T’aurais honte. Tu détestes les pilotes.

— Non. Ce n’est pas parce qu’on fait des blagues sur les pilotes qu’on les déteste toutes. Je n’aime pas les Lionnes de Venus, mais parce qu’elles n’ont pas d’humour. Toi, je t’aime.

— Tu vas leur dire que t’es mon père ?

— A condition que tu me racontes comment t’es venu cette idée.

— Et bien…

Mon père écouta mon histoire. Cela me fit chaud au cœur qu’il écoutât mon parcours et mes rencontres alors que d’ordinaire, c’était moi qui buvais ses aventures. Lorsque nous nous relevâmes, les jambes engourdies, il soupira :

— Je voudrais être là quand ta mère l’apprendra. J’apporterai un défibrillateur.

Je souris, puis nous gagnâmes le pont des quartiers de vie.

— Il est grand ce destroyer.

— Nous sommes quarante à bord, sans vous compter.

Nous longeâmes le couloir, apaisés, vêtus du même treillis qui me rendait fière, puis nous nous arrêtâmes devant le dortoir des filles. Il m’embrassa sur le front.

— Bonne nuit ma chérie.

— Bonne nuit, Papa.

Il s’éloigna souriant, je passai la porte, puis gagnai le fond du dortoir sous le regard hautain des deux femmes pilotes de chasseur. Au fond, les deux gynéciennes et les pilotes d’ESAO riaient aux éclats. En me voyant approcher, Mercedes s’étonna :

— T’étais passée où ?

— C’était un long pipi, se moqua Héloïse.

— Les rumeurs disent que tu étais dans les bras du major Ducon, dit Kylie.

— Si ce sont les rumeurs, répondis-je simplement

— Elle a raison, dit la gynécienne des Lionnes. Faut laisser les rumeurs filer. À bord d’un destroyer, elles n’ont aucune valeur. Comme on le disait tout à l’heure, les longs voyages en croiseurs, occasionnent des vrais romans feuilletons. Imaginez le nombre d’épisode dans un destroyer. À tel point qu’il y a des rumeurs qui invalident d’autres rumeurs.

— Dit notre caporal-chef par sa longue expérience, se moqua une Lionne.

Déchaussée, je fourrai mes chaussettes dans mes chaussures, puis pliai mon pantalon avant de monter me coucher au-dessus d’Héloïse. J’étais apaisée comme jamais, ravie que mon père ait revu si vite son jugement.

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