Un heureux dénouement ?

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Je passe ma main sur le pelage blanc du félin, qui m'offre son ventre afin de quémender de nouvelles caresses. Célestin remarque en riant :

- Nala s'est vraiment attachée à toi !

- C'est parce que, comme nous, elle a su ressentir le bon fond que cache ta carapace glauque et obscure, explique Elsa.

- Je n'ai pas bon fond, rétorqué-je. J'ai juste des principes, comme toute personne qui se respecte. Sauf si tu penses que la partie préférée du journal d'une bonne personne est la rubrique nécrologique.

Leurs sourires se figent subitement et ils laissent échapper un rire nerveux.

- En fait, demande l'adolescente en se repenchant sur Lamain pour finir de lui appliquer le vernis, tes parents ne se soucient pas du fait que tu passes de plus en plus de temps dehors ? Ils n'étaient pas inquiets lorsque tu n'es rentrée qu'au lever du jour la fois où nous sommes allés confronter Félicien ?

- Si. Quand je suis rentrée, ils m'ont assaillie de questions, mais je leur ai tout expliqué. Maintenant, ils ne se font plus de souci. Papa peut facilement vérifier que je vais bien grâce à sa boule de cristal.

- Il peut t'espionner à longeur de temps ?

- La boule de cristal n'offre jamais de réponses claires et détaillées, répondé-je en secouant la tête. Elles doivent souvent être interprétées dans un contexte spécifique. Par exemple, quand je lui ai demandé de me montrer qui était "Némésis", c'est vous qui êtes apparus. Elle ne voulait pas dire par là que vous êtes coupables, mais que c'est grâce à votre aide que je trouverai ma réponse et elle avait raison.

Ils me sourient, tandis que Nala hume Aracnée avec curiosité. L'araignée pose l'une de ses longues pattes velues sur le museau du chat, qui lui répond par un coup de langue.

Je suis interrompue dans ma contemplation par le bruit du moteur d'un camion. Je comprends aussitôt :

- C'est le camion de déménagement. Félicien s'en va.

Nous quittons tous le canapé, nos animaux sur nos talons, pour remonter la rue en courant. Quand nous arrivons devant l'immeuble du jeune homme, nous le découvrons en pleine conversation avec l'un des déménageurs. Il lui serre la main, puis se dirige vers nous pour constater :

- Vous êtes venus. . .

- Tu n'allais pas te débarrasser de nous aussi facilement, dis-je.

- Ha ha ha ! Je suis ravi d'avoir l'occasion de vous revoir une ultime fois avant mon départ. J'ai des choses à dire à chacun d'entre vous. Tout d'abord, toi, Célestin, qui a été mon meilleur ami, ici. Tu as dû te sentir trahi quand tu as découvert ma veritable identité. Je m'en excuse. Les choses ne devaient pas se dérouler ainsi, mais je me rends compte que c'est mieux que tu le saches. Les vrais amis n'ont pas de secrets l'un pour l'autre et je te promets qu'il n'en reste plus aucun entre nous.

- Tu es en train de me dire que tu me vois encore comme un ami ?

- Je n'ai jamais cessé de le faire.

- Tu as tenté de nous tuer !

- Je voulais juste vous faire peur pour vous dissuader de fouiner dans mes affaires. Je devais me montrer convaincant, vous donner réellement l'impression d'avoir échappé à la mort pour être sûr de vous faire passer l'envie d'enquêter.

- Tu es en train de me dire que sans l'intervention de Lamain, Elsa serait tout de même restée en vie ?

- Bien sûr ! Je vous connaissais suffisamment pour savoir qu'il me suffisait de la menacer pour obtenir de vous ce que je voulais, parce que tu es prêt à tout pour ta soeur et qu'Aurore a suffisamment d'honneur et de principes pour ne pas abandonner une amie. Cependant, je comprends que tu m'en veuilles tout de même. Est-ce trop audacieux de ma part d'espérer que tu puisses me pardonner un jour et me réaccepter comme un ami ?

- Je pense que j'ai encore besoin de temps pour réfélchir à tout ça. . . Mais on reste en contact en attendant que je décide si l'on peut rester amis ou pas.

- Je comprends.

Il se dirige ensuite vers moi pour me dire :

- Je m'excuse pour les mêmes raisons. J'ai trahi ta confiance et j'en suis désolé. Je m'excuse aussi pour les victimes que tu as faites en pensant qu'elles étaient coupables. C'est de ma faute. Tu ne dois pas t'en vouloir pour ça, d'accord ?

- Je n'ai pas besoin d'attendre que tu me le dises.

- Qu'en est-il de toi ? Tu as aussi besoin de temps pour réfléchir. . .

- Non. Célestin m'a fait réaliser que toi et moi sommes plus semblables que nous ne le pensions. J'aurais réellement tué tous ceux qui se seraient mis en travers de mon chemin, à ta place. Je ne peux donc pas te blâmer pour ce que tu as fait maintenant que je comprends tes motivations. Tu es toujours mon ami, Félicien.

- Ça me fait plaisir de l'entendre. Merci, Aurore. Merci pour tout. Oh ! fait-il en remarquant Lamain, perché sur mon épaule. Je dois aussi te présenter mes excuses pour t'avoir blessé. Tu m'as fait peur et j'ai réagi sans réfléchir. Excuse-moi.

Mon cher domestique lui répond par un pouce levé, ce qui rassure un peu son interlocuteur.

Je lui adresse un hochement de tête. Il se place ensuite face à Elsa pour lui dire :

- Je suis désolé. J'ai trahi ta confiance et je t'ai fait peur en te faisant croire que j'allais mettre fin à tes jours. Malgré tout, tu m'as consolé, conseillé et soutenu par la suite, lorsque j'étais perdu. Merci pour ça. Merci de m'avoir donné un nouvel objectif. Je reviendrai, je te le promets. Tu sais pourquoi ?

Elle secoue la tête. Il se penche pour lui murmurer à l'oreille :

- Tout ce que tu m'as dit le soir de notre confrontation finale est réciproque. Je ne te laisserai pas tomber.

Les joues de la jeune fille s'empourpent de plus belle et Célestin s'enquiert :

- Qu'est-ce que tu as, Elsa ? Qu'est-ce qu'il t'a dit ?

- Tout va bien, le rassuré-je. Tu n'auras finalement pas à gérer de chagrin d'amour.

- Quoi ? !

Nous éclatons tous de rire, sauf le principal concerné, qui boude, vexé.

L'un des déménageurs vient tapoter l'épaule de Félicien pour l'informer :

- Nous avons fini de mettre vos meubles dans le camion. Nous partons pour Paris.

- Merci.

L'homme s'éloigne pour monter dans son véhicule. Félicien n'a pas le temps de se tourner à nouveau vers nous que Nala vient se frotter contre sa jambe, comprenant sans doute qu'il s'en va et souhaitant apposer son odeur sur lui avant qu'il ne parte. Le jeune homme s'accroupit pour la caresser en lui murmurant :

- Je ne t'ai croisée que rarement, toi, mais tu vas aussi me manquer. Je penserai à t'apporter un petit cadeau en revenant.

Aracnée en profite pour se placer dans son champ de vision et le saluer en agitant l'une de ses pattes. Il lui dit :

- Hé, mais je te reconnais ! Tu es l'araignée dont j'ai brisé la toile. . . Je comprends mieux pourquoi tu t'es soudainement installée là-bas. . . Tu as des animaux de compagnie tout aussi originaux que toi, Aurore. . . Enfin. . . dit-il en se redressant pour nous adresser ces derniers mots :

- Merci à tous les trois de m'avoir aidé à tourner la page et continuer ma vie. Merci infiniment. Jamais je ne vous oublierai. À bientôt !

Sur ces mots, il monte dans sa voiture, nous adresse un petit signe de la main et démarre. Célestin et moi le regardons s'éloigner sans bouger, tandis que les autres lui font de grands signes d'adieux.

- Il nous a tous remerciés, remarque Célestin, mais c'est à toi que nous devons cet heureux dénouement et la fin du temps des harceleurs dans notre école, Aurore. C'est toi qui a remarqué les liens entre les différents éléments et lancé l'enquête. Nous devrions t'offrir quelque chose de spécial pour te remercier. Qu'est-ce qui te ferait plaisir ?

- Si tu veux vraiment me remercier comme il se doit, invite-moi au bal, lui dis-je en m'éloignant.

Il rougit un peu, mais répond rapidement :

- C'est entendu, mais où vas-tu ?

- Je rentre. Maman doit recevoir une nouvelle plante carnivore aujourd'hui. J'ai hâte de voir ce dont elle est capable. . . En espérant que celle-là ne mange pas que des insectes. Ce ne serait pas amusant, sinon.

Je les entends rire et me souhaiter une bonne journée. En marchant, j'observe la route empruntée par Félicien. Paris. . . Elle doit regorger de cibles idéales pour moi. Je saurai où m'alimenter en attendant l'arrivée de nouvelles pourritures dans ce paisible village. . . J'écrirai à Félicien quand j'aurai à nouveau faim. . .

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