Grey haletait, son torse se soulevant violemment, son corps couvert de sang noir et de sueur.

Sa nouvelle arme – le bras du colosse mort – pendait lourdement dans sa main, dégoulinant de la matière visqueuse des créatures qu’il avait massacrées.

Mais il n’avait pas le temps de savourer cette victoire.

Car la nuit n’était pas finie.

Les ombres glissaient dans l’obscurité, leurs formes indistinctes se faufilant entre les ruines, cherchant une ouverture.

Les colosses restants se redressaient lentement, leurs mouvements lourds faisant trembler la pierre sous leurs pas.

Ils ne faisaient plus l’erreur de l’attaquer seul.

Ils avaient compris.

Grey serra les dents.

Ses muscles hurlaient, son corps était à bout, mais il ne pouvait pas s’arrêter.

Pas maintenant.

Il jeta un regard autour de lui, cherchant n’importe quoi qui pourrait lui donner un avantage.

Et il trouva.

Là un pilier brisé penchait dangereusement, retenu par un enchevêtrement de poutres de pierre.

Les colosses s’étaient regroupés juste en dessous.

Grey sourit.

D’un bond, il se précipita vers la structure, évitant les griffes des ombres qui tentaient de l’attraper.

Il attrapa une chaîne rouillée, restes d’un ancien mécanisme, et y exerça toute la force qu’il lui restait.

Un craquement résonna.

Puis un autre.

Et enfin…

Un effondrement.

Le pilier s’écroula dans un fracas assourdissant, écrasant trois colosses sous son poids.

Les monstres hurlèrent, leur carapace se fissurant sous l’impact, piégés sous la masse de pierre.

Mais Grey n’en avait pas fini.

Il bondit sur les gravats, attrapant une des têtes encore visibles, et frappa avec toute sa rage.

Sa main s’enfonça dans la fissure de l’armure osseuse, tirant, arrachant, jusqu’à ce que le crâne se brise dans un bruit ignoble.

Un monstre de moins.

Mais les autres n’allaient pas attendre sagement leur tour.

Un mouvement.

Grey roula sur le côté, esquivant de justesse une attaque furtive qui visait sa gorge.

L’ombre frappa le sol à sa place, ses griffes déchirant la pierre comme du papier.

Grey ne lui laissa pas le temps de se relever.

Il attrapa une pierre brisée et l’écrasa directement sur son crâne.

Une fois.

Deux fois.

Trois fois.

Jusqu’à ce que le corps cesse de bouger.

Mais une autre ombre se jeta sur lui.

Cette fois, il ne put pas esquiver.

Grey s’effondra violemment au sol, la créature plantant ses griffes dans son épaule.

Une douleur lancinante explosa dans tout son bras.

Il grinça des dents, sentant le sang couler.

Mais au lieu de lutter…

Il rit.

L’ombre s’arrêta un instant, comme confuse.

Grey en profita.

D’un mouvement brutal, il attrapa la gorge du monstre, serra aussi fort qu’il le pouvait, et enfonça son genou dans son torse.

Encore.

Encore.

Le monstre se débattit, ses griffes s’enfonçant plus profondément dans sa chair.

Mais Grey n’arrêta pas.

Avec un dernier effort, il bascula en arrière, pivotant sur lui-même et projetant la créature contre un mur en ruine.

La pierre s’effondra sur elle, l’écrasant sous son poids.

Grey haletait, son épaule en feu.

Mais il n’avait pas le temps de souffrir.

Une silhouette massive s’avançait vers lui, un colosse ayant survécu à l’effondrement.

L’être leva son poing, prêt à l’écraser.

Mais Grey eut une idée.

D’un geste rapide, il attrapa le cadavre d’une ombre, et le lança droit sur le géant.

Le colosse frappa sans réfléchir.

Mais au lieu de l’écraser lui, il pulvérisa la dépouille de son propre allié.

Une onde d’énergie noire explosa, et le titan fut projeté en arrière, s’écrasant contre un autre mur.

Grey éclata de rire.

— Vous vous entre-tuez maintenant ?

***

Les heures s’écoulaient, mais le flot de créatures ne cessait pas.

Chaque fois qu’il en abattait une, une autre prenait sa place.

Son corps était au bord de l’effondrement.

Ses muscles hurlaient.

Ses blessures s’accumulaient.

Mais il continuait.

Parce qu’arrêter…

Ce serait mourir.

Grey avait perdu la notion du temps.

Son monde se résumait à la rage, au sang, à la survie.

Mais enfin…

Le ciel changea.

La lumière glauque du soleil noir perça l’horizon, réduisant en cendres les ombres restantes.

Les colosses cessèrent de bouger, leurs corps se dissolvant lentement dans l’air.

La nuit était finie.

Grey resta immobile, debout au milieu des cadavres.

Son regard fixait l’horizon, mais il ne voyait rien.

Son corps n’était plus que douleur.

Et pourtant…

Il était encore vivant.

[ Quatrième nuit terminée ]
[ Récompense attribuée : Maintien de la fonction vitale minimale ]

Grey pouffa de rire.

— Pas de nourriture cette fois ? Bande d’enfoirés…

Mais il était trop fatigué pour s’en soucier.

Il s’effondra contre un mur, fermant un instant les yeux.

Il avait besoin de repos.

Parce que la prochaine nuit…

Serait pire.