Un souhait impossible ?

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- Simonne ! l'interpelle une jolie femme à la longue chevelure bouclée.

La brune se dirige aussitôt vers elle et elles échangent une bise, pendant que son amie lui demande :

- Comment ça va, ma belle ?

Son interlocutrice lui répond par un triste sourire, qui l'inquiète aussitôt :

- Qu'est-ce qui ne va pas ? Ne me dis pas que ça concerne Mia. . .

- Non, elle est en pleine forme. Je l'ai confiée à une voisine que je connais bien le temps de notre sortie. Elles s'apprécient mutuellement, je suis sûre qu'elles passeront un bon moment.

- Qu'est-ce qui te met dans un état pareil, alors ? insiste-t-elle pendant qu'elles s'installent à la table d'un café. C'est Thomas ?

Simonne ne répond pas tout de suite. Son regard s'embue de larmes et c'est avec une voix tremblante qu'elle reprend enfin :

- Je me demande juste si tu ne te moquais pas de moi en ml'appelant "ma belle". . .

- Tu sais que jamais je n'oserai ! J'ai toujours été honnête avec toi.

- C'est vrai. Je suis désolée. C'est juste que. . .

Une larme coule le long de sa joue, que l'autre s'empresse d'essuyer d'un doigt :

- Allons. Raconte-moi tout.

- J'ai vu l'un des messages reçus par Thomas. Il a quelqu'un d'autre dans sa vie, parvient-elle à lâcher avant de pleurer.

Son amie se fige, choquée, puis murmure :

- Il n'a pas osé. . . Je me disais bien qu'il avait changé ces derniers temps : il est de plus en plus distant, surtout avec toi, mais je ne m'imaginais pas que. . . Je vous connais depuis si longtemps, tous les deux. . . Il t'aimait tellement. . . Son regard s'illuminait à chaque fois qu'il se posait sur toi. Ah ! enrage-t-elle. Attends un peu que je lui mette la main dessus, il va m'entendre. . .

- À quoi bon, Ambre ? rétorque Simonne. Qu'est-ce que ça changera ?

- Comment ça, qu'est-ce que ça changera ? ! Tu ne comptes quand même pas le laisser faire sans rien dire. . .

- Je ne veux pas créer de dispute. . . Tout ce que je souhaite, c'est qu'il m'aime à nouveau pour qu'on puisse former une famille heureuse avec Mia. Je ne demande rien d'autre.

Lucifer me lance un regard. J'ai compris. Voilà notre pacte, présenté encore une fois sur un plateau d'argent. Le travail d'assistante du Diable est décidément bien plus facile que ce que je pensais.

- Ne te précipite pas. Rappelle-toi ce que je t'ai dit au sujet du jugement par les apparences.

- Je m'en souviens parfaitement, assuré-je.

- Comme tu peux le constater, c'est déjà notre second jour d'observation. La préparation correcte de certains pactes demande bien plus de temps que d'autres. Parfois, il ne faut que quelques secondes d'observation, parfois des jours, des semaines, voir même des mois et des années, mais ça en vaut toujours la peine quand on sait bien marchander. . .

J'acquiesce d'un simple mouvement de la tête et reporte mon attention sur les deux amies. Ambre tient la main de Simonne pour la soutenir, pendant que celle-ci poursuit :

- Tout est de ma faute. Si Thomas en est arrivé là, c'est parce que depuis la naissance de Mia, j'ai cessé de prendre soin de mon apparence. La grossesse m'a déjà coûté une partie de ma beauté, mais au lieu de faire le nécessaire pour la retrouver ou du moins conserver ce qu'il en restait, je me suis totalement délaissée pour me consacrer à lui et notre fille.

- Ne dis pas ça, ce n'est absolument pas une excuse. En tant que ton mari, il doit autant prendre soin de toi que tu prends soin de lui. Il n'a pas le droit de t'abandonner juste parce que tu t'es un peu laissée aller. Tu sais quoi ? On va prendre la journée pour nous. Je devais passer par le salon de beauté pour une manucure de toute façon. Ça nous fera du bien à toutes les deux.

- Mais. . . Et Mia ?

- Elle est en sécurité avec votre voisine. Tu n'as pas à t'en faire pour elle. Pense un peu à toi.

Simonne n'hésite qu'une seconde, puis déclare avec un sourire :

- D'accord.

- Parfait ! Commençons par boire quelque chose de bien chaud, dit-elle en faisait signe à un serveur.

Le soir venu, Simonne passe récupérer sa fille, en prenant bien soin de remercier chaleureusement leur voisine pour le service rendu, puis rentre à la maison. La coiffeuse a joliment arrangé ses cheveux, la séance au salon de beauté lui a permis de se refaire les ongles et de se maquiller, masquant ses cernes, et un petit tour dans un centre commercial lui a même donné l'occasion de se changer, troquant ses vêtements démodés contre une une robe et des chaussures élégantes. Elle a en revanche refusé de s'affubler de bijoux, préférant rester simple, mais ces quelques modifications font déjà ressortir son charme. C'est vraiment une belle femme quand elle prend le temps et la peine de soigner son apparence.

- Bonsoir ! lance-t-elle gaiement à son mari, assis sur le canapé du salon.

Ce dernier lui lance un regard furieux et, sans même prêter attention aux changements effectués, la gronde :

- Où étais-tu ? ! Ça fait des heures que je t'attends !

- Oh. . . Excuse-moi, mon chéri, j'ai passé la journée avec Ambre. Regarde : comment me trouves-tu ?

Il la dévisage de haut en bas pendant quelques secondes, puis crie :

- C'est parfaitement ridicule ! À moins que tu comptes assister à un mariage.

- Euh. . . Non, je. . .

- Tu passes la plupart de tes journées à la maison, à t'occuper de Mia, quel besoin as-tu de te faire belle de la sorte ? Pour qui est-ce, hein ?

- C'est pour toi !

- Hin ! Ça fait des années que nous vivons ensemble et tu n'as plus pris la peine de te faire jolie pour moi depuis longtemps. Enfin, laisse tomber pour le moment. Nous nous occuperons de ça une autre fois, quand la petite ne sera pas là.

L'enfant en question, terrifiée par les hurlements de son papa, reste agrippée à la jambe de Simonne, qui lui murmure doucement, en lui caressant les cheveux :

- Tu as dîné ?

- Oui. J'ai mangé une grande assiette de spaghetti et j'ai tout fini, annonce-t-elle avec fierté.

- C'est bien, la félicite sa maman. Allons nous préparer pour le dodo, alors.

Elle prend la main de Mia et les deux s'éloignent en direction de la salle de bain, pendant que Thomas se replonge dans sa conversation par messages. . .

Je ressens un pincement au cœur. La situation de Simonne me rappelle un peu la mienne : l'homme qu'elle aime lui a été volé par une autre et elle vient de réaliser, comme moi quelques jours plus tôt, qu'elle ne pourrait plus jamais le reconquérir, malgré tous ses efforts.

J'attends sagement, poings et dents serrés, que la maman finisse de border son enfant, puis nous nous dirigeons vers sa chambre à coucher, où elle s'est réfugiée pour pleurer :

- Je l'ai perdu ! Je l'ai perdu à tout jamais et tout ça par ma faute ! Si seulement je pouvais retourner en arrière, mais c'est impossible. . .

- Qui a dit que c'était impossible ? répliqué-je en sortant de la pénombre, sous le regard étincelant de Lucifer.

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