Camping-car et café

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Punaise, c’est gros un camping-car, vraiment gros … et celui que je viens de récupérer à l'instant, l’est encore plus. Ce truc est un monstre.

En descendant de l’avion, décalquée par le décalage horaire, la chaleur m’est tombée dessus. Je frissonne de froid, de chaud, de fatigue. La valse du pull commence, mis, enlevé, remis ; mon thermostat ne fonctionne encore pas.

Je récupère les clés, vite fait, bien fait. Organisation au cordeau.

Je file sur le parking, identifie la bête qui va m’accompagner. J’entre. J’en ai plein les yeux. Un lit, King size. Une salle-de bain. Une cuisinette bien équipée. C’est un peu kitch, un peu américain.

Dans l'avion, j'ai pris le temps de réfléchir à celle que je vais incarner pendant mon séjour dans ce pays, je crois que j'ai trouvé... Une fille nunuche, tête en l'air, prête à plonger dans l'aventure... L'opposé de ce que je suis. Il me reste encore une chose à faire : je sors de mon sac une petite boite et m'affaire avec son contenu. Je baisse le pare-soleil, le miroir apparait. Mes iris noisette- pistache ont disparu. Les yeux qui me regardent sont devenus d'un bleu infini. Désormais, je suis une autre.

Premiers miles au volant. Ça va, je vais gérer. Je n’irai pas vite, j’irai longtemps.

Le monstre et moi nous nous apprivoisons. Cela libère ma tête et enfin je peux penser.

Je suis partie, comme une furie, sur un coup de tête. L'envie de tout envoyer balader était trop forte, je l'ai écoutée.

Destination Los Angeles. Pourquoi j'ai accepté ? Je n’en sais rien. Je fais n’importe quoi en ce moment, alors pourquoi pas là-bas.

Billet acheté rapidement, quelques fringues dans un sac, aéroport, avion et me voilà.

Je vais à Amboy avec le mastodonte, ne me demandez pas la raison, je ne vous répondrai pas.

Je roule, j’ai ouvert la fenêtre, mes cheveux rayent mon visage, pas de clim, je veux les odeurs, les couleurs, sans aucun filtre ni colorama.

Je m’arrête souvent, dans des bleds paumés, je donne des coups de pieds dans le sable, le prends entre mes mains, le laisse glisser entre mes doigts. Comme si attraper cette terre pouvait m’aider à ancrer de nouveau ma vie dans le sol.

Je m’approche d’Amboy. Plus perdu, tu meurs. La route est rectiligne, je vais m’endormir, il ne se passe rien.

Je me gare. Devant moi, un motel-café. Roy’s, ça s’appelle.

J’ai faim, j’ai soif et il me faut du café. J’imagine qu’en entrant, je pourrai trouver tout ça.

A l’intérieur, cela ressemble à un « diner » américain, comme ceux qu’on a tous vu à la télé. Un long bar, des tabourets, des vitrines pleines de nourriture. Je ne sais même pas quelle heure il est…

Je m’installe au comptoir. Je commande n’importe quoi, et surtout un truc plein de caféine.

Je tourne la tête. Un type à côté de moi. Grand. Il ressemble à quelqu’un d’ici. Il me sourit.

Rien à faire de lui. Mon coffee arrive. La priorité, c’est ça.

Le type parle, je n’écoute pas. Il insiste. Je finis par me retourner. Il baragouine un truc. Je ne comprends pas. Je ne parle pas anglais.

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