Il était une fois, au fin fond de la campagne, une petite fille qui vivait avec sa grand-mère. Elle s’appelait Anna. C'était une enfant sage qui venait en aide à son aînée, Betty, qui ne pouvait plus se risquait à vivre seule de part son âge avancé. Elle l’adorait.

Anna était fascinée par le monde fantastique depuis son plus jeune âge. Elle espérait voir, un jour, des sirènes lorsqu’elle irait promener son chien, Norrington, près du lac, ou encore, des elfes, lorsqu’elle irait cueillir des champignons dans la forêt à la demande de sa grand-mère. Jamais cela ne se produisit.

C’est alors que, vivant de ses rêves, Anna vit ses amis s’éloigner d’elle petit à petit. Ces derniers se moquaient d’elle et lui disaient qu’elle était idiote de croire en ces choses imaginaires. Anna fut triste mais ne se laissa pas décourager. De plus, elle avait le soutien de sa grand-mère.

Un soir d’été, lorsque le Soleil commença à disparaître de l’horizon, Anna, assise sous le porche de la maisonnette, dessinait, accompagnée de sa grand-mère qui se balançait sur son rocking-chair. Cette dernière la questionna :

• Que dessines-tu ?
• La plus belle des créatures grand-mère., lui répondit Anna tout en montrant son dessin.
• Serait-ce un monstre ?
• Non grand-mère. C'est un lutin de la forêt. Anna regarda son dessin et soupira. Si seulement il devenait réel.

A cet instant, une étoile filante traversa le ciel.

• Fais un vœu mon ange., lui dit sa grand-mère.

Anna pria de toutes ses forces.

Le lendemain, Anna alla promenait Norrington, son Golden Retriever, au bord du lac. Elle lui enleva la laisse et s'assied un moment, le temps que le chien alla se balader aux alentours.

• Ne t'éloigne pas trop., dit-elle en ne prêtant pas plus attention.

Soudain elle entendit une voix.

• Anna… Anna…

Anna, interloquée, se pencha vers le lac, jurant qu'elle entendit la voix vernir de cette eau transparente. A ce moment, elle reçu un léger coup sur la tête.

• Aïe., gémit-elle.

Elle toucha sa tête et regarda le projectile tombé au sol. Elle le prit d'un air interrogé.

• Un bâton de bois ? Cela provient forcément de derrière, pensa-t-elle.

Elle se retourna donc et essaya d'apercevoir quelque chose à travers les troncs d'arbres de la forêt. Elle se mit à plisser des yeux lorsque tout à coup, elle vit une ombre se dessinait aux abords de la forêt. Elle fit signe à son chien de la rejoindre. Ce que fit ce dernier avec obéissance. Arrivé près d'elle, il se mit à regarder dans la même direction et courut vers la forme à peine visible.

• Aïe ! Ouille ! Lâche-moi sac à puces !

Anna fut effrayée car elle cru que son chien avait mordu un villageois qui passait non loin de là. Elle alla donc rejoindre son chien pour voir la personne qu’il avait attrapée.

C'est avec stupeur qu'elle vit que son chien tenait une chose minuscule dans sa gueule. Elle s'approcha alors incrédule en tendant sa main.

• Lâche Norrington ! Tout de suite !, lui ordonna-t-elle.

Le chien ouvrit sa gueule et libéra un petit personnage dans la main d’Anna.

• Ohhhh ! Fit Anna émerveillée. Mais tu es un lutin de la forêt !
• En chair et en os !, dit-il en claquant des doigts.
• Alors vous existez ? J’avais raison !, s’exclama-t-elle tout en sautillant.
• En effet ! Cependant, nous n’avons pas le temps de discuter. Nous avons besoin de toi, Anna !

Le lutin prit l’index d’Anna et l’accompagna vers un tronc d’arbre.

• Le voilà !

Il posa sa main sur l’écorce de l’arbre, qui laissa entrevoir une porte, entourée de lierres.

Anna fut émerveillée.

• Suivez-moi !, dit le lutin à Anna et Norrington.

A peine rentrés, Anna et son chien fut subjugués par le paysage qu’ils découvraient.

• C’est magnifique., chuchota Norrington.
• Mais tu parles !, s’étonna Anna.
• Ici, tous les animaux parlent ma chère Anna., annonça le lutin.
• Comment cela se fait-il ?
• Ce monde, vois-tu, est créé par le dessinateur. Tout ce qu’il crée avec ses crayons, prend vie. C’est ainsi, que je suis né. Et c’est pour cette raison, que ce monde existe.
• Il t’a donné un prénom ?
• Et bien… Comme il crée beaucoup de choses, il a décidé de nous nommer en fonction de notre apparition. Il m’a dessiné en premier, je m’appelle donc One, le lutin de la forêt.
• Et pourquoi tout est blanc de ce côté ?, demanda Anna en pointant l’Ouest du paysage.
• Comme tu peux le voir, il n’y a plus rien de ce côté pour la simple et bonne raison que l’artiste a arrêté de dessiner.
• Pourquoi ?, questionna, Anna, inquiète.
• Parce que ses crayons refusent de le faire.
• Ses crayons ?
• Comme je te l’ai dit, toutes les choses prennent vie dans ce monde. Les chiens parlent, les arbres également et donc, les crayons par la même occasion ! Ils se sont chamaillés récemment et ne veulent plus dessiner, mais nous n’en connaissons pas la cause, malheureusement.
• L’artiste ne leur a pas demandé ?
• Ils ne veulent pas le lui dire. C’est pour cela que je suis venu te chercher Anna. Seule une enfant peut les résonner.
• Mais pourquoi moi et pas une autre ?
• Parce que tu crois au monde imaginaire Anna.

Anna, Norrington et One, se dirigèrent vers la tour du château du monde imaginaire où résidait l’artiste. Ils montèrent les marches des escaliers et arrivés au sommet de la tour, ils frappèrent à la porte.

• Entrez ! Cria l’artiste.

Lorsque nos trois personnages traversèrent le seuil de la porte, l’artiste ne pu s’empêcher d’émettre un cri de soulagement.

• Aaaaaaah ! Te voilà enfin., dit-il en tenant les mains de la jeune fille. Nous sommes sauvés !
• Mais… Anna interloquée ne comprenait pas qu’on lui donnait autant d’importance.
• Il n’y a pas de mais ! Tu dois le faire pour nous, pour notre monde Anna. Nous devons nous dépêcher, nous perdons trop de temps à discuter., dit-il.
• Nous perdons trop de temps ?
• En effet. Pour que ce monde existe et reste en vie, je dois dessiner toutes les trois heures., lui annonça-t-il en pointant l’horloge.
• Sinon, nous disparaîtrons tous un par un. Le dernier disparaîtra en premier et ainsi de suite. D’abord 99, ensuite 98, puis 97, 96, 95…, ajouta One.
• Mais c’est atroce ! Je ne veux pas que ce monde disparaisse ! Il n’y a rien que l’on puisse faire pour éviter cela ?, demanda Anna.
• Et bien, si ! Il y a une chose que l’on peut faire contre le temps. Pour éviter les disparitions, je dois faire le centième dessin.
• Il vous en reste donc un à faire.
• C’est ça. Sauf que les crayons refusent., dit-il d’un ton triste, en les montrant.

Anna s’approcha d’eux, suivi de Norrington tandis que l’artiste et One quittèrent la pièce en silence. Les crayons étaient debout sur le bureau et se chamaillaient. Anna s’adressa à eux en lançant un « bonjour » amical. Ils la regardèrent comme si elle les avait dérangés.

• Qui es-tu ?, questionna le crayon orange.
• Je m’appelle Anna et voici mon chien, Norrington. Nous sommes ici, pour comprendre pourquoi vous ne voulez plus dessiner.
• C’est évident chère enfant !, lança le crayon bleu.

Anna les regarda, yeux grands ouverts pour connaître la raison. Le crayon noir s’avança près d’elle.

• Enchanté Anna. Je m’appelle Black. Moi, je veux bien dessiner mais les couleurs ne sont pas d’accord car je suis noir et que, selon elles, je rends terne les dessins du créateur de part ma couleur sombre.
• C’est vrai ça !, disent-ils en chœur. Nous n’avons pas besoin de noir dans nos dessins ! Nous devons faire vivre les créations grâce aux couleurs !
• Je t’en prie Anna. Dis leur qu’ils ont tord. Pourquoi j’existerais dans ce cas ? Black commença à pleurer.
• Oh ! Black, tu n’as pas à t’en faire. Tu sais, si tu existes c’est pour une bonne raison. Elle regarda les couleurs. Tout le monde à sa place ici. Personne ne doit être exclu. Black est un crayon comme les autres ! Sans lui vous n’aurait aucune utilité ! Regardez ! Anna pris les dessins posés sur le bureau et leur montra. Ne voyez-vous donc rien ? Les couleurs la regardèrent incrédules. C’est pourtant évident : Black ne sert pas à rendre triste une création, il la met en relief ! L’artiste s’en sert pour faire les contours et grâce à cela, il accentue les couleurs. Il vous rend resplendissantes !

Face à cette vérité, les couleurs eurent honte et s’excusèrent envers Black qui ne leur en voulait pas une seule seconde.

• Dépêchons-nous maintenant ! Le temps s’écoule à toute vitesse, vous devez dessiner quelque chose !
• Mais… Nous ne pouvons le faire sans l’aide de l’artiste., dirent les crayons paniqués.
• Je vais le chercher ! Elle ouvrit la porte et vit l’artiste et One, attendant dans le coin. C’est bon ! Vous pouvez dessiner à présent.

L’artiste s’élança à son bureau et commença à dessiner puis il s’arrêta.

• Que se passe-t-il ?, l'interrogea Anna.
• Et bien je ne sais pas quoi dessiner Anna…

A cet instant, les crayons s’avancèrent près de l’homme.

• Nous, nous savons !, dirent-ils enthousiastes. Nous voulons dessiner Anna et son chien ! Comme cela, quand elle quittera notre monde, nous l’aurons toujours avec nous.

Cette idée réjouissait tout le monde. C’est alors qu’ils se mirent à dessiner.

• Anna, vite, dépêche-toi ! Tu dois quitter ce monde., dit One à Anna.
• Pourquoi ? Je voulais restait moi., annonça Anna toute triste.
• Il n’y a pas une minute à perdre. A la fin du dessin, la création prendra vie et tu disparaîtras à jamais ! Il ne peut y avoir de double dans ce monde.

Anna avait les larmes aux yeux.

• Je ne reviendrai donc jamais ?
• Hélas non. Mais ne sois pas triste Anna, tu découvriras plein d’autres mondes aussi incroyables les uns que les autres.
• C’est vrai ?, demanda-t-elle en séchant ses larmes.
• Je te donne ma parole ! Mais pour cela, tu dois continuer de croire au monde imaginaire. Sinon, ça ne fonctionnera pas.
• Je te le promets !

Anna et Norrington firent leurs adieux et quittèrent la tour, accompagnés de One qui les amena au passage entre les deux mondes.

• L’aventure s’arrête ici ma chère Anna. Il est temps pour toi de rejoindre les tiens.
• Ce fut un plaisir One. Ce monde est fantastique ! N’est-ce pas Norrington ?

Norrington esquissa un sourire et affirma qu’il s’était bien amusé. One posa sa main sur l’un des arbres de la forêt, et fit apparaître une porte.

• Par ici la sortie !

Anna et Norrington la traversèrent et se retrouvèrent au point de départ dans la forêt du lac. Ils se retournèrent et firent signe à One qui referma la porte en leur souriant. Anna pris la tête de son chien entre ses mains.

• Ce sera notre petit secret Norrington.

Le chien balança sa tête de haut en bas en signe d’acquiescement.

Et c’est ainsi que la fillette et son chien restèrent unis et plus complices que jamais, attendant leur prochaine aventure.