9. Encore une nuit blanche

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Kem était fou de rage et se demandait vraiment ce qu'il faisait là, il était trois heure du matin et il était en train de voler en plein ciel dans la sacoche de sa maîtresse tellement il était fatigué et perdu.

En plein milieu de la nuit Levira avait décidé de partir à la recherche de la fillette d'Ymir qui selon ses déductions - hypothèses aurait été un mot trop faible pour l'entêtement de Levy sur ce point là - aurait été la cause des catastrophes naturelles d'il y a trente ans. Kem avait refusé mais alors qu'il était reparti se coucher il était trop tard sa maîtresse était déjà en train d'écrire la formule sous ses bottines noires et avait sauté par la fenêtre son Mirage dans sa sacoche.

La nuit était bien fraîche en ce mois de Miraclis. Levy s'inquiéta, espérons que ce ne sera pas Alkiri qui succédera à Miraclis. Elle ne se voyait pas du tout profiter de la fête de Ptah dans trois couches de vêtements en laine de Fhutgar et des bottes fourrées, en marchant dans cinquante centimètres de poudreuse gelée avec un vent frigorifiant pouvant faire frissonner un ours blanc.

Le froid n'était pas si intense mais il l'était assez pour faire renifler la jeune fille, elle était heureuse que sa marraine ne fut pas là, dans le cas contraire elle aurait eu droit à toute sorte sermon sur le comportement d'une demoiselle ou même de la bienséance.

Les tours soutenant le Pays perché étaient fines mais très solides, elles paraissaient fines par rapport à ce qu'elles soutenaient mais si l'on s'approchait elles étaient énormes. En les voyants il était vraiment difficile de croire qu'une inondation ai put en briser trois, emportant avec elles une région toute entière. Encore plus impensable que ce fut une gamine qui causa ce désastre tout entier. Et si tout cela était vrai, que pouvait donc être cette fillette, un No Humano...une divinité, rien que de penser à tout ce que pouvait faire les No Humano avec leurs pouvoirs, imaginer un être encore plus puissant en ferait trembler plus d'un.

Kem s'impatienta et par dessus tout il en avait assez de partir tous les soirs en vadrouille - surtout que le "soir" se déroulait vers 3h du matin - il manquait cruellement de sommeil et se demandait si Levira et lui étaient vraiment liés par leurs esprits, soit elle était infatigable soit elle cachait sa fatigue à la perfection.

Il était mitigé, rien ne pouvait affirmer qu'ils pourraient trouver quelque chose dans ces prairies, ces forêts, ces ruines, ces fleuves qui constituaient Ymir. Mais lorsqu'il avait demandé avec arrogance comment feraient-ils pour retrouver la fillette celle-ci lui avait répondu ceci :

"Pour trouver la source d'un fleuve il suffit de le remonter"

Depuis Kem n'avait pas dit un mot de tout le voyage, la réponse était si évidente et le ton de sa maîtresse si arrogant que son égo, qui n'était pourtant pas immense en avait prit un sacré coup. Levy quant à elle, ne quittait pas le fleuve des yeux, le bruit du courant était plutôt faible étant donné la hauteur à laquelle les deux compagnons volaient.

Levy se demandait à quoi pouvait bien ressembler la fillette : elle s'imaginait la petite fille terrorisée dans ses longs jupons de soie et la seconde d'après elle imaginait la fille nue qui vivait avec les Tssisy...il fallait vraiment qu'elle arrête de lire des romans.

Ymir était si belle, elle était comme le cœur des gens, combien de fois Levy avait demandé à sa mère d'aller se balader dans ces forêts, évidemment aucun enfants ne pouvait imaginer tout les dangers qui s'y trouvait, comme personne ne pouvait imaginer toutes les peines qui se tordent dans les cœurs. Ymir était un monde et pourtant il était si semblable à l'homme.

Levy ne baissa jamais sa vigilance durant le voyage - même si l'envie de dormir était pressante - elle fixait le fleuve, la lumière de la lune se reflétant légèrement sur sa surface.

Puis le fleuve vint en rejoindre un autre pour n'en former qu'un seul, la source ne devait plus être très loin aussi Levy descendit doucement et silencieusement de crainte de réveiller quelques créatures affamées au passage. Arrivée sur le sol elle réveilla Kem qui se transforma aussitôt en souris, puis elle ôta ses bottines noires, le froid lui glaçant la peau, et les mit dans sa sacoche. Ils marchèrent le long du fleuve pendant quelques minutes puis Levy se risqua à poser une question à son Mirage :

- Tu penses que c'est possible cette histoire de fillette ?

- Tu me demandes ça alors qu'on est justement en train de la chercher ?! fit celui-ci sur un ton ébahi. Je te signale que c'est toi qui nous a entraîner dans cette histoire, maintenant qu'on est là c'est un peu tard pour demander. Surtout que tu n'as écouté aucune de mes protestation.

- Je sais mais tu y crois toi à cette histoire ?

- Personnellement non, avec toi je suis habitué au bizarreries mais là c'est tout droit tiré d'un conte de fée.

- Un conte de fée passionnant si tu veux mon avis, continua Levira, mais tout ces évènement me poussent à croire qu'elle existe bel et bien.

- Quels évènements ? demanda la souris.

- Tout d'abord le regard de Helgrimm quand il m'en a parlé, expliqua la jeune fille, il était remplis de...cupidité...on aurait dit qu'il voulait avoir cette fillette à tout prix...

- Ou alors il voulait te faire croire à un canular à tout prix !

-...tu pourrais me laisser parler sans m'interrompre ! Ensuite il y a la mort du comte Calvin et vu l'inquiétude de mon cher grand-frère ça m'étonnerait qu'il n'y ait pas anguille sous roche.

- C'était qu'un accident de la part d'un boulet qui n'écoutait personne, rétorqua Kem en soupirant. Combien de fois on lui avait dit qu'avec ce type de bougies le lustre tomberait un jour ou l'autre ?

- Justement je me demande si c'était vraiment un accident, c'est pas tout les jours que Sidoh pense à voix haute. Qui plus est je suis certaine que Gilbert Greyfox y est mêlé.

- Bof, un domestique qui se venge parce que ce sale cochon a abusé de sa femme ou de sa sœur, je vois pas l'anguille moi.

- Moi non plus figure toi mais le plus intriguant c'est la lettre avec les armoiries bizarres là.

- Juste quand il y a un cochon qui disparait il y a un autre qui apparaît, c'est un véritable fléau ces bêtes-là !

- Là je suis d'accord avec toi...mais si on éloigne la théorie "gros pervers ultra louche" pourquoi penses tu qu'on m'aurait demandé de rejoindre l'expéditeur de cette lettre dans une ruelle à l'abri des regards ?

- Pour te demander de lui rapporter un truc louche d'Ymir ?

- Parce qu'une fillette c'est pas une commande louche peut-être !

- Donc selon toi l'expéditeur de la lettre aurait voulu te demander la même commande que Helgrimm c'est ça ?

Levy creusa ses méninges et parvint à trouver une explication à tout ce charabia, son sens de la déduction était infaillible et pourvu d'une grande arrogance, elle se demandait comment avait elle fait pour ne pas deviner plus tôt :

- Oui car Helgrimm est l'expéditeur de la lettre !

Le Mirage était définitivement perdu, il interrogea sa maîtresse du regard :

- Les armoiries sur la lettre, il y avait des symboles de Xystes dessus, et tout ce que l'on peut déchiffrer c'est "Abysse" représenté par la sphère de plumes noires, les autres symboles ne sont connus que par les savants qui cherchent leurs signification.

- Ce qui est un peu normal...

- Mais Helgrimm a utilisé des termes étrangement savants pour désigner les No Humano tu ne trouve pas ? répondit Levy sur un ton ironique.

- "Ça ne m'étonnerait même pas si ce cher No Humano était chercheur en symbole !" c'est ça que tu veux dire, répliqua Kem qui connaissait suffisamment sa maîtresse pour finir aisément ses phrases.

- Rigole, rigole, Mirage de pacotille. Mais un jour viendra où tu me supplieras de me pardonner pour avoir douté de moi.

- Mais ouais, c'est ça compte là dessus.

- Je m'engage à faire n'importe quoi si j'ai tort.

- Je sens qu'on va bien rire !

- Si ma conclusion est fausse je jure sur la tête de tous les Dieux que je demanderais moi-même à épouser ce cher Gilbert Greyfox.

- JE RETIENS ! JE RETIENS !

Kem n'en crut pas ses oreilles de panthère, en effet ils allaient bien rire et le Mirage souhaita plus que tout au monde que sa maîtresse perde son pari, dans ce cas il fut évident qu'il allait rire plus qu'il ne l'avait jamais fait auparavant. Vivement que le fin mot de l'histoire arrive.

Les deux acolytes marchèrent pendant de longues minutes, avec le froissement des feuilles et les hululements des hiboux pour seul compagnie.

C'était décidé, le lendemain, pas d'escapades nocturnes ni de réflexion seulement une bonne nuit de sommeil.

Les arbres devenaient de moins en moins nombreux au fur à mesure que Levira et Kem avancèrent, la terre disparut pour laisser place à des pavés de pierre entre lesquels poussaient de petites fleurs sauvages. La source devait sûrement se trouver dans des ruines. Levy prit alors son crayon et se mit à écrire le début de la formule de vol sur chacune de ses bottines en laissant la dernière lettre inachevée. Si elle devait s'enfuir en urgence elle n'aurait qu'à faire un trait sur chacune d'elles pour qu'elle puisse filer en vitesse.

Kem sentit son nez le titiller, il flaira les environs et finit par renifler l'odeur d'un Faonfan ce qu'il dépêcha de rapporter à la jeune fille.

Celle-ci se mit à courir en direction de l'odeur, guidée par son fidèle Mirage qui fendait les airs comme le guépard en lequel il s'était métamorphosé en quelques fraction de secondes.

Levy courait à pleine vitesse, les Faonfans ne sont pas faciles à dénicher, elle avait déjà eu à en trouver un mais n'avait jamais réussi à l'attraper : ces créatures étaient de véritables fantômes qui ne vivaient que dans les endroits où il y avait une source. Se nourrissant ainsi de l'eau la plus pures que l'on pouvait trouver. Mais ses endroits riches en eaux ne sont pas seulement habités par ces cerfs géants fantômes mais aussi par tout type de créatures, elles avaient beau être très dangereuses les créatures d'Ymir ont elles aussi besoin de boire et de se nourrir.

Qui disait Faonfan disait source, c'était une logique des plus fondamentale dans le code des Chapardeurs, et qui disait Faonfan disait...un max de Yuls ( logique fondamentale dans le code des commerçants ). Levy continua de courir sans remarquer les traces laissées sur le sol...bleues.

Elle courut encore puis elle entendit une respiration, bruyante, rauque.

Sans s'en rendre compte elle atteignit l'entrée des ruines, un temple compte tenu des statues qui ornaient les dalles, la respiration se faisait de plus en plus forte et Levy aperçut une silhouette lumineuse.

Elle sourit, les yeux pétillants de joie. Elle ne savait pas si c'était le fait de rencontrer un Faonfan ou bien si c'était celui de trouver enfin une explication à tout ces mystères.

...son sourire s'effaça, cédant la place à un regard surpris et horrifié.

Le Faonfan était bien là, sa silhouette lumineuse bleutée brillante de mille feux...mais par terre...une mare de liquide bleus étalée autour de lui : son sang.

Levy ne regardait pas la pauvre créature morte étendue dans son propre sang, ni même la source qui était déserte, mais la créature qui écrasait le cerf de ses énormes pattes, qui plantait ses dents affutées dans la gorge de la pauvre bête...

La créature s'arrêta dans son festin, leva la tête, dévoilant ses énormes crocs teintées de bleu.

Ses crocs brillaient à la lueur de la lune, tout comme son énorme tête écailleuse dotée de cornes tordues, effilées comme des lames de rasoir, pointues, ses pattes semblables à des gants de fer, deux ailes lisses luisantes mais pourtant solides, un corps sculpté dans de l'acier mais finement dessiné. Une longue queue tranchante, de longues serres, ainsi que deux petites crevasses d'où brillaient une lueur froide et rouge dans chacune d'elle...des yeux bien hostiles...c'était la première fois que Levira voyait un dragon.

Celui là était gigantesque et doté d'une véritable cuirasse, une cuirasse élégante, souple et luisante.

Levy resta debout immobile, figée, déboussolée : les dragons ne sont que des contes de fée, ils n'existaient pas, c'était impossible...Helgrimm avait compté sur l'intelligence de la jeune fille pour l'envoyer ici...pour qu'elle se fasse tuer par cette créature...pour se débarrasser d'elle...si seulement elle était venue au rendez-vous de la lettre...il l'aurait tué...à l'abri des regards.

Kem ne savait que faire, le griffon était prêt à se jeter sur la créature sanguinaire, mais aussi à fuir sous sa forme d'aigle.

Levy lâcha un petit rire timide, malaisément. Alors tout ça était faux...rien qu'une mascarade...la fillette n'était qu'une invention...rien de réel...mais si Helgrimm croyait qu'elle allait se laisser faire c'était mal la connaître.

Il s'est payé ma tête mais c'est la sienne qui tombera !

Kem perçut ses pensées et se jeta sur la bête qui poussa un rugissement de défi, chaque coup provoquaient l'effondrement d'un pilier ou deux des ruines du temple qui se fracassaient sur le sol dans un bruit épouvantable.

Gêné par le terrain, le dragon déploya ses ailes de métal majestueuses et gigantesques et s'envola dans le ciel de la nuit, il rugit et lança un regard de défi à Kem, voyant que le Mirage ne viendrais pas de lui-même, il ouvrit la gueule dévoilant une lueur grise, des flammes grises furent projetées au sol.

Levy eut juste le temps de s'éloigner pour ne pas la prendre de plein fouet, mais à sa grande surprise les arbres s'enflammèrent...de flammes rouges.

Elle sentit une brûlure sur son bras, les flammes du dragon l'avait atteintes mais pas au point de s'inquiéter. Levy regarda son bras mais au lieu de trouver de la peau calcinée elle trouva une petite plaque grise sur son bras...une plaque brûlante mais qui s'était solidifiée.

C'était du métal en fusion...ce dragon de métal crachait des flammes de métal en fusion. Levy sentit couler un liquide brûlant sur son bras : la plaque de métal sur son bras devenait liquide et coulait le long de son bras, brûlant chaque parcelle de peau qu'elle trouvait sur sa trajectoire. Mais même après qu'il eut refroidi celui-ci ne se solidifia point et resta liquide.

Du métal liquide : du mercure, de l'argent. Le dragon ne crachait pas du métal mais du vif argent.

Levy se rendit alors compte que se qui permettait à la créature de se mouvoir avec tant d'agilité et de souplesse malgré son énorme cuirasse naturelle, c'était parce que celle-ci était en argent...un dragon en argent.

Les coups échangés entre les deux colosses volants étaient rapides, hasardeux et violents, ils ne cherchaient pas à toucher les points vitaux de l'autre. Ils frappaient et évitaient les coups de l'autre espérant que l'adversaire tombe sous les multiples blessures et la fatigue.

Levy, elle, n'arrivait pas à trouver une explication rationnelle à tout cela - quoique un dragon dans un monde de monstres ce n'était pas vraiment étonnant. Elle ne pouvait rien faire à part observer la scène.

Un dragon et un griffon, leurs ailes majestueuses déployées, se battant dans le ciel d'Ymir...

Le tableau était magnifique. Ce moment valait la peine que l'on l'immortalise sur la toile. La jeune fille fut ramener à la réalité lorsque son Mirage reçut un violent coup de griffe dans la jambe, la douleur se répercutant sur le corps de Levira.

À l'allure où les choses se déroulaient, Levy émit deux possibilités : soit Kem mordrait la poussière et elle finirait en grillades soit elle allait rester regarder le combat jusqu'à l'aube, en tous les cas la jeune duchesse n'appréciait aucune de ces deux perspectives. Surtout que dans chacune d'elle, le dragon ne perdrait pas. Elle le voyait : son compagnon n'avait aucune chance de victoire.

Elle se remémora tout les contes qu'elle avait lu, tout les passages où les dragons faisaient face au héros, cherchant un moyen de le vaincre mais après mûre réflexion Levira abandonna cette idée sachant très bien qu'elle ne possédait ni épée légendaire, ni l'amour d'un démon, ni la baguette d'un magicien, ni la folie d'une femme traumatisée - qui s'est faite dévorer au passage.

Une idée lui traversa l'esprit, risquée mais géniale - selon l'intéressée. Elle compléta la formule sous ses bottines et vola jusqu'à la hauteur du dragon, dont la cuirasse était fissurée à plusieurs endroits à cause des coups infligés par Kem. Une cuirasse qui devient liquide lorsque l'on bouge et qui devient solide lorsqu'on la frappe...la meilleure cuirasse qui pouvait exister.

Elle prit son crayon et se mit à écrire sur sa cape la formule dans sa totalité.

Kem n'en croyait pas ses yeux, sa maîtresse était cinglée de s'approcher. Le Mirage avait la peau calcinée, soudain ses forces l'abandonnèrent et sans qu'il ne comprennent il se retrouva dans la sacoche de Levira, transformé en chat...une transformation forcée...

Levy n'aimait pas cette méthode mais si elle voulait retrouver son Mirage en un seul morceau elle n'avait pas vraiment le choix. Elle vola, les jambes repliées sur elle même, sa capuche rabattue sur ses cheveux cyan. Kem hurlait sur sa maîtresse, et bien sûr la créature n'allait pas abandonner sa proie. Elle se reprit et ouvrit la gueule prête à faire feu, de la fumée s'en échappa, de la fumée argentée. Le Mirage se changea immédiatement en chien, il dit à Levira de partir, de le laisser se battre, sans quoi, jamais il ne reposeraient le pied sur le Pays perché.

Rien ne fut, autant demander à un mur de le laisser lui passer au travers.

Le dragon poussa un puissant hurlement suivit d'un jet de ses flammes grises, Kem pensait bien que c'était fini. Quand il rouvrit les yeux, ils volaient toujours, sans aucune plaque d'argent sur eux, sans aucune brûlures. Le plus surprenant fut l'état de la créature légendaire. Kem écarquilla les yeux.

La bête était fumante, se tortillant dans tout les sens, gémissant de douleur, du liquide gris coulait le long de sa cuirasse, elle avait reçu ses propres flammes de plein fouet.

Ignorant tout de la situation Kem se mit à prier les Dieux, ils étaient assez éloignés du dragon et continuèrent de voler. Espérant que la créature avait décidé d'abandonner. Contrairement à leurs espérances, celle ci était encore plus déterminée, ses petits yeux rouges brillaient de plus belle, le monstre déploya ses ailes se lança à leur poursuite, fendant le vent et les nuages.

Levy eut juste le temps de l'éviter de justesse, le dragon était souple, sa cuirasse de mercure était pratique, il freina dans un mouvement des plus gracieux, telle une danse, ses ailes s'accordant parfaitement aux vents...ou plutôt celles-ci les tranchaient.

Le dragon continuait sa chasse, chargeant en ligne droite pour ensuite freiner et réaliser une acrobatie. Cette maudite gamine avait interrompu son repas, pris sa proie et maintenant elle détalait comme un lapin, mais il était hors de question de se laisser faire, il la suivrai encore et encore, jusqu'à ce qu'elle finissent dans sa gueule. Il la dévorerait elle et son espèce de créature métamorphe...mais avant cela elle lui dirait la raison de sa venue dans ses ruines oubliées de tous.

Ces ruines, c'était chez elle, et aucune créature n'y venait, terrorisées par la créature. Que venais faire une créature Primitive chez lui ? Une humaine par dessus le marché ? Comment avait-elle trouver son antre ? Personne n'avait jamais réussi à passer la porte des ruines...

Levy n'en pouvait plus de cette course poursuite aussi elle finit par frotter ses semelles contre ses jambes, la formule s'effaça et elle tomba au sol. Sa chute fut amortie par les grands arbres feuillus tandis que l'ombre menaçante passa juste au-dessus d'elle.

La créature stoppa net sa course et tourna plusieurs fois la tête du même coté cherchant à travers le paysage infini et abstrait qui s'étendait sous ses yeux où avait bien pu se cacher sa proie. Elle chercha pendant de longues secondes pendant lesquelles Levira courait à en perdre haleine, droit vers les tours de son pays que l'on apercevait malgré l'épaisseur de la forêt. La créature en eut visiblement assez car elle cracha un autre de ses souffles ardents sur la forêt. Ses flammes d'argent brûlant tout ce qu'elle touchait, la jeune fille se recouvrit une nouvelle fois de son manteau pourpre et étrangement rien ne la toucha.

Cette misérable humaine osait se moquer de lui. Le dragon gagna de la hauteur et plongea sur la terre ferme, il entra brutalement dans la forêt et telles des épées ses ailes rasèrent tout sur leur passage. Kem sentit sa présence et il ordonna à la jeune duchesse de se réenvoler, mais celle ci ne le put, elle n'allait tout de même pas s'arrêter pour écrire la formule, elle était poursuivi par un dragon.

Elle n'eut pas le temps d'en dire plus que la gueule béante du dragon se trouvait juste devant elle. Elle se laissa tomber au sol. La gueule se referma.

Levy fut des plus surprise quand elle se rendit compte qu'elle n'avait pas encore été avalée. Mais sa cape n'était plus là. Tout d'un coup elle sentit une pointe s'enfoncer dans son coeur. Cette soie rouge lui avait été offerte par sa mère : cadeau qu'elle même avait reçu d'un de ses proches quand celle-ci vivait encore avec eux...La jeune fille pesta et se détourna les yeux à contre coeur, elle ne pouvait pas s'arrêter, même pour un héritage aussi précieux que cette cape.

Kem n'y tint plus, il sortit de la besace de la jeune fille et força la métamorphose, se transformant en magnifique phénix. Il agrippa les bras de Levira et vola en direction des tours. La bête les rattrapa en un rien de temps et chargea. Puis soudainement Kem dévia vers le bas et un énorme bruit retentit. Le colosse avait foncé en plein dans une tour, sa cuirasse "liquide" éclata en plein de petits bris de mercure, accompagnés de gouttes écarlates qui s'écrasèrent sur la surface lisse des tours de marbre. Cette fois elle ne se relèverai pas de sitôt...

La créature hurla. Un cri froid. Un cri de vengeance. Levy lui jeta un regard, il partit, mais même avec la distance qui les séparait désormais elle put voir ses yeux rouges :

Tu me le paieras !

Levira contempla la créature s'écrasant dans la forêt. La tour n'avait que quelques éraflures.

Un dragon n'a même pas pu en arracher un morceau. Comment diable une inondation a-t-elle pu en détruire trois ?

La jeune fille laissa tomber ses réflexions, trop abasourdie pour penser et se laisser ramener chez elle par son Mirage.

Levy put enfin poser le pied chez elle, sur son tapis persan. Tout était fini. Mais à quel prix ? Elle prit le temps de se regarder et constata que son état était bien différent de ce à quoi elle pensait : elle était couverte de poussière et de terre, ses jambes était égratignées à plusieurs endroits, le sang avait même coagulé. Ses bras se mirent alors à bruler une fois qu'elle eut prit conscience des nombreuses rougeurs qu'elle avait, dues au mercure que crachait le dragon. Elle avait réussi à en ressortir vivante mais non sans un certain nombre de blessures.

- Pourquoi ses flammes se sont-elles retournées contre lui ? demanda Kem encore sous le choc.

Il avait repris sa forme de chat et scrutait sa maîtresse, les poils hérissés et tenant à peine sur ses pattes.

- J'ai écrit une formule sur mon manteau.

- Laquelle ?

- Repars là d'où tu viens, car tu es reflet et moi miroir

- Évidemment.

Elle repensa à son "client", cette demande piégée. Helgrimm n'allait pas s'en sortir comme ça.

Après un bon bain chaud - à 6h du matin - et quelques compresses médicinales, la jeune duchesse se laissa tomber dans son lit moelleux. Avec un corps aussi résiliant que le siens, les blessures auront disparu le lendemain. Elle y demeura pendant quelques minutes avant de se lever et de s'habiller pour aller prendre son petit-déjeuner. Encore une nuit blanche.

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