30. Prophétie poussiéreuse 

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14e du 9e mois d’Olmari

La première chose que Levira déduisit dès le petit matin, c’était qu’il y avait un passage secret qui permettait de se rendre instantanément au Consistorium, car là où les ducs étaient sûrement des plus prudents Lord Alphonse Greyfox ne l’était point du tout. Celui-ci était parti la veille au soir pour le Consistorium or il se tenait à présent dans son bureau à éplucher chaque ligne des rapports concernant la trop célèbre Tragédie de Gjavyr. D’ailleurs le duc exécrait ce nom fanfaron et trouvait honteux que l’on fasse de cette horreur une pièce de théâtre au nom grandiose, à tel point qu’il le rayait de tous les écrits qui passaient par sa main, du rapport officiel à l’article de journal.

Que la ville de Serasie soit beaucoup plus proche la ville Mère, passait encore mais faire l’aller-retour en moins d’une nuit alors qu’il fallait au moins deux jours pour y arriver, même l’innocente Licana y aurait vu un problème.

Et étant donné la facilité avec laquelle Lord Landeila se rendait à Liphia malgré la distance, la jeune fille soupçonnait l’existence d’un réseau reliant directement le Consistorium aux capitales des différentes terres.

Elle se demandait ce qui avait bien pu se passer la nuit dernière. Elle avait beau les observer elle ne décelait absolument rien chez le duc ou même chez son renard de fils, Jack.

En ville, la situation était désastreuse : des bâtisses carbonisées, du verre brisé gisant par terre, les tâches sombres sur les pavés et les murs semblaient ne pas vouloir s'effacer et quand quelque chose s’effrita sous le talon de la jeune aristocrate, celle-ci comprit ce que rejeter Scripta aurait coûté à sa ville…Le doigt était rongé jusqu’à l’os et la chair noircie s’envola à la brise. Six villes réduites à l’état de cimetières, rien que d’y penser la jeune fille sentait les larmes monter sous l’effet de la peur. On sentait même encore l’odeur de la mort alors que deux semaines s’étaient écoulées…

Cependant, les plus déconcertants restaient les habitants. Ceux-ci semblaient habités par une force ardente, une flamme qui pourrait brûler toute la forêt d’Ymir. Les hommes soulevaient les débris, apportaient de nouvelles planches, assemblaient les pierres et le mortier, détruisaient les décombres, les femmes arrivaient au trot dans leurs charrettes, arrivant avec les cultures, les denrées et les marchandises pour les marchés, repartant avec les morceaux de pierre et de bois calcinés. Les enfants faisaient école à l’extérieur ou était employé comme messagers, ils tenaient les boutiques, fabriquaient le pain, surveillaient les frontières de la ville et sonnaient la cloche à chaque passage d’étranger. Levira avait l’impression que même les nouveaux-nés s’étaient tus pour laisser la ville se reconstruire.

Enfin sur la place publique, des anciens et des jeunes filles s'affairaient sur des meules, des fourneaux, des moules et une immense toile de tissu.

Levira s’approcha plus près, une vieille femme hurlait devant la gigantesque toile pendant que les autres l’allongeaient avec d’autres morceaux de tissu.

« Leur heure viendra ! La ville a entendu ! Cette terre a entendu ! Je vous le dit pour chaque être qui nous était cher dix en tomberont dans leurs rangs ! »

La jeune fille remarqua trois choses étranges sur cette place publique.

La première, que les meules ne broyaient le grain mais affutaient des poignards forgés dans les fourneaux.

La seconde, tous les poignards portaient un nom différents.

Enfin la dernière, la toile avait une seule et même couleur, une couleur que tout le monde voulait oublier…

- Excusez-moi…

Levy se retourna et laissa passer une jeune fille d’à peu près son âge qui tenait un énorme livre dans les bras. Sa blondeur et ses yeux bleus étaient magnifiques, cependant à bien regarder son sourcil droit n’était plus, une marque de brulure le traversait. Un cheveu de plus et c’était son œil qui aurait brulé. Néanmoins la cicatrice resterait hideuse à jamais, la chair boursoufflée marquant à jamais la belle beauté. L’aristocrate s’écarta pour laisser passer la jeune fille qui s’assit devant un fourneau.

- Z’êtes une noble ? demanda la fille après un long silence.

- Oui, répondit Levira.

- V’nez d’où ?

La jeune fille hésita. Mais après tout, elle lui devait bien la vérité.

- De Liphia.

La fille baissa la tête et se renfrogna.

- C’est vrai qu’il y pas eu d'attaque ? demanda la petite blonde.

Levira voulut répliquer, hurler que sa ville avait connu l’horreur, lancer la vérité en plein dans la figure de tout ceux qui répugnaient qu’elle s’en soit sortie indemne. Mais elle ne pouvait pas, Lord Greyfox était aimé sur ses terres, adoré même, elle ne voulait pas qu’il n’entende plus que ce que la duchesse ne voulait lui dire.

- Oui…

La jeune fille prit une pince et sortit la cuve brûlante contenant le métal en fusion du fourneau. Elle fit alors couler le liquide dans le moule de la future lame. Après quoi elle ouvrit le livre et s’arrêta à une page notée d’une croix.

- J’vous envie, répondit tristement la fille, vous en avez d’la chance.

Levira fut bouche-bée.

Cette ville avait quelque chose d’étrange, de resplendissant et surtout effrayant…Elle avait l’impression de revoir le petit Lolario, fils d’un ancien conseiller de son père. Cet enfant était effrayant, il n’était pas sadique ni cruel mais adulte…Du haut de ses six ans, il acceptait déjà tous ce qui ce passait autour de lui, même lorsque son père fut déchut et que sa famille eut tout perdu, il avait gardé la tête haute. Il avait simplement dit que son père avait été stupide, qu’il aurait du se contenter de ce qu’il possédait déjà au lieu convoiter toujours plus, que ce qui leur arrivait à lui et sa mère n’était dû qu’à la cupidité d’un homme seul et que celui qui plaçait le Consistorium pour bouc émissaire n’était qu’un ignorant et un lâche.

Qu’un noble reçoit une éducation plus poussée était normal, banal…mais qu’un enfant de six ans qui ne sait même pas encore d’où viennent les bébés dise « un homme » pour son père et qui le traite de « lâche » et d’« ignorant » incapable d’assumer ses actes…c’est tout sauf normal et banal…c’était juste effrayant…

Cette ville était comme le petit Lolario, elle ployait le genoux, supportait puis se relevait avant même que les larmes aient eu le temps de couler.

- Pourquoi ces poignards ? demanda Levira.

- Pour la toile, répondit la fille.

Elle gribouilla quelque chose sur un morceau de papier qu’elle accrocha au moule avec de la résine puis elle le posa dans une caisse.

Levira ne comprenait pas ce que signifiait cela et ça devait se voir sur son visage car la fille arrêta sa tâche pour lui montrer la gigantesque toile.

- Lord Greyfox est allé à Raesch dans sa jeunesse, ils ont une coutume dans les deux Empires de l’Est. Des capes rouges, c’tout c’qu’on sait sur ces enfoirés d’fanatiques, cette toile c’est eux.

Levira fixa la toile rouge sang, la vieille femme hurlait toujours devant, les bras levés.

« Pour trois vies ils en ont payés cinquante-quatre ! Pour une vie en ont périt trente sept ! Il a entendu ! La Bête a entendu ! L’animal nous vengera ! »

- « Pour chaque âme semée,

Un poignard émergé,

Et c’est dans les lumières rouges des flots,

Que la vengeance éclot. »

- Je ne connais pas ce poème, fit remarquer Levira.

- Poème de l’Est, répondit la fille, quand poignards se s’ront fichés dans ce foutu rouge à gerber, les morts hanteront ces misérables jusqu’à c’qu’leurs âmes pourries aillent compter les tours du Nid des Hurleurs ! Ces poignards portent tous le nom d’un d’nos morts, c’est comme ça qu’on s’vengera.

La jeune fille détourna le regard. « Un rouge à gerber »…Levira sentait ces mots lui trancher le cœur, ses yeux rouges étaient en effet à vomir. Ils étaient répugnants avec cette lueur sanglante, cette couleur du malheur.

« La Bête nous vengera ! Son odorat à déjà perçu l’odeur de ces êtres infâmes ! Il est sur leurs traces ! Ils sont finis ! La Bête nous vengera ! »

- Faîtes pas attention à la vieille, reprit la petite.

- Justement, la Bête n’était-elle pas une ennemie ? s’interrogea Levira.

- C’bon Lord Gylhrin est mort à cause d’elle ! Le Seigneur l’a pourfendu seul mais c’est quand même atroce. Pauv’ Lord Gilbert et Lady Clarisse ! Ils ont même pas vu une seule fois leur grand-père à cause d’cette chose !

Ainsi Gil non plus n’était pas né à cette époque. Cependant le nom de Clarisse l’interpella, elle était sûre de ne l’avoir jamais entendu avant.

- Lady Clarisse ? La fille de Lord Greyfox ?

- Pas p’us haute et pas p’us vieille qu’moi Miss. Vis pas ici, elle est chez L’dy Ackermann à Klein, la Lady a décidé qu’elle prendrait sa suite.

En tant que second né le titre de duc Ackermann aurait du revenir à Gil mais la duchesse Dahlia était intraitable : jamais aucun homme ne lui succéderait et temps qu’elle serait debout jamais aucun homme n’occupera le Trône des Terres de Feu, tout comme ça l’était depuis des siècles.

Levira essayait d’imaginer le précédent duc de ces terres ravagées : austère et sec comme celui auquel elle devait faire face sans doute, avec les mêmes yeux gris argents qui vous glaçaient le sang. Mais à la manière dont parlait la fille Levira vit l’image d’un vieil homme bienveillant et fier prendre forme dans sa tête. Après tout elle n’était pas une Greyfox, elle n’était même pas née sur ces terres, or tout était différent pour ceux qui chaque jour en respiraient l’air et en foulaient le sol.

Levira était en territoire inconnu, les cajoleries avaient cessé dès sa sortie des terres de sa famille. Elle n’était plus la noble des petits salons, ni la figure bienfaitrice de sa ville, elle n’était plus qu’une étrangère qui débarquait dans ses beaux atouts quand tout le monde empestait les cendres et la sueur. Elle sentait que personne ne se souciait d’elle et que dans le cas contraire les regards la rabaissaient à l’état de naine, une situation qu’elle trouvait insupportable : elle voyait bien qu’elle faisait tâche dans ce décor.

La jeune duchesse salua la fille et s’éclipsa.

Elle se dirigea vers ce qui restait du temple de Vesper et se rendit vers la bute couverte de jeunes arbres. La Forêt de Vesper était sensée abriter les fées qui tissaient les fils de la vie et ajoutaient celui des défunts à la toile invisible de la vie.

Elle voulait prier pour ces morts, pour ceux qui étaient tombés sous les épées de ces fous en rouge. Parce qu’elle aurait pu en être, parce que sa ville aurait pu devenir ce que Serasie était devenue, parce qu’elle avait peur. Son pouvoir maudit avait arraché la vie d’un homme, à présent il avait redonné la vie. Elle avait droit de vie et de mort sur qui que ce soit, sur quoi que ce soit et cela la terrifiait. Elle ne pouvait pas effacer la mort…pas de sa mémoire, alors tout ce qu’elle pouvait faire c’était les honorer. Qu’est-ce que cela pouvaient leur faire aux mort d’être priés ou honorés ? Ils étaient morts.

Levira ne savait pas. Elle avait besoin de prier.

Et elle n’était pas la seule visiblement. Une silhouette se dessinait entre les arbres juste devant l’Arbre qui devait abriter les fées et la stèle où était gravée le serment de Vesper.

La silhouette était assise, en prière…ce qui manqua d’étouffer Levira.

La silhouette n’était autre que Gilbert Greyfox.

Ils connaissent le mot prier dans cette famille !!!

Mais la gêne la rattrapa bien vite lorsqu’elle vit Lord Gilbert tourner un œil vers elle avant de grimacer et de reprendre sa prière.

Elle ne pouvait pas repartir comme ça, alors la jeune fille s’approcha davantage jusqu’à la stèle.

- Est-ce pour votre ville que vous priez ?

Lord Greyfox avait toujours cette même voix sèche qui vous prenait de court.

- N’ai-je pas le droit de prier pour la vôtre ?

Le jeune homme ne dit rien. Il laissa la jeune fille s’asseoir à sa gauche sans rien dire, et celle-ci se mit à prier.

Levira observa le jeune duc, il était calme et semblait avoir beaucoup à dire pour sa cité car il ne bougea pas pendant bien dix minutes. Elle observa ses mains, elles étaient pleines de graines, sûrement pour le rituel de l’espoir. Elle vit une branche de fleurs devant lui, celle qu’il avait dû apporter avec lui.

- Des statices ? Je ne vous croyais pas sensible au langage des fleurs.

Gil se tourna vers elle et ricana.

- Vous seriez surprise d’apprendre à quel point cela peut être utile pour un enfant.

- Vous en êtes-vous déjà servi ?

La question lui était venue d’un coup, elle voulait savoir. Elle se demandait ce que pouvait bien cacher ces yeux gris métallisés, elle les avaient vu ce jour-là et ce n’étaient pas ceux qu’elle avait en face d’elle à ce moment précis. Elle voulait savoir.

- Lorsqu’on découvre qu’aucune fleur dans le manoir n’est choisie au hasard, on se plaît à déchiffrer leur message. Ou bien lorsqu’on cherche à faire plaisir à sa mère, on sourit toujours à une chasse à l'assortiment parfait qu’il soit esthétique ou significatif.

- Vous l’avez appris de vous-même ? s'étonna Levira.

- Tout comme vous le mensonge.

- Je vous fais un compliment au cas où vous ne l’auriez pas remarqué.

- Apprendre à mentir seule n’est pas un défaut.

Il se leva et d’une volée, jeta les graines autour de lui.

- Un apprentissage plus utile que le mien.

- Pourquoi n’apprenez-vous pas ?

- Il me semblait que vous l’aviez compris après toutes les remarques que je vous ait adressées en soirée, répondit gravement le jeune homme dans un sourire crispé. Je déteste les mensonges. Ils pèsent sur vos épaules comme une enclume, je ne tiens pas à m’en encombrer.

Levira suivit ses pas, sans jamais lever les yeux vers les siens. Elle n’y arrivait toujours pas, sans en comprendre la raison.

- C’est en voyant l’enclume aux épaules de votre père que vous avez décidé de rester à jamais trop franc ?

Lord Gilbert s’arrêta.

- Pourriez-vous m’accorder une faveur ? Ne rendez pas cet enclume encore plus lourde qu’elle ne l’est déjà. Qui plus est je hais les serpents rampants à la langue sifflante, je n'oserais plus me regarder dans la glace si je me rabaissais à cet état.

Le jeune homme partit, rejoignant sa ville laissant derrière lui la jeune duchesse et les statices.

Une enclume aux épaules ?

Levira n’y avait jamais vraiment pensé, pour elle mentir n’avait jamais été qu’un jeu. Un jeu où elle prenait plaisir à gagner, à contempler le ravin qui la séparait des autres, des naïfs, de ceux qu’elle n’aimait pas.

Mais maintenant que ce n’était plus un jeu, maintenant que les enjeux étaient réels ? Qu’étaient ces mensonges ? Elle le savait. Elle avait sentit la rage lors de son entrevue avec Lord Greyfox, la rage de ne pouvoir révéler la vérité.

- Gardez-vous aussi des secrets aussi lourds que les miens ? chuchota-t-elle. Jusqu’à quel point votre enclume est-elle pesante ?

Levira rougit. Elle devait s’être bien ramollie pour avoir de telles pensées. Elle n’avait pas le temps pour ses niaiseries, elle devait avancer et retrouver Scripta. Et une fois retrouvée…

- Je ne vous croyais pas aussi sentimentale…

La jeune fille sentit ses cheveux bleus se hérisser sur sa tête. Elle se retourna pour retrouver un Gilbert Greyfox souriant du même air arrogant que son frère.

- Et moi qui croyait que vous ne reveniez jamais sur vos pas, ironisa Levira.

- Je suis chez moi, répondit-il un sourire narquois sur les lèvres, je vais où je le souhaite…Et j’ai horreur que l’on me parle sans me regarder dans les yeux.

Cette fois-ci il disparut pour de bon.

Levira regarda les statices posées devant la dalle luisante gravée. Elles signifiaient « souvenir ». Serasie devait être une ville magnifique auparavant, tout comme sa Liphia tout du moins. La jeune fille avait honte de ne rien savoir de cet endroit, cette ville avait vécu, avait souffert et avait perdu des enfants et pourtant elle la voyait comme une terre hostile tenue par un homme froid et dur.

Elle se leva, la boule au ventre et quitta la forêt de Vesper. Elle savait en vérité. Elle savait pourquoi elle n’arrivait à affronter les prunelles argentées du jeune homme.

Comment pouvait-on supporter le regard de quelqu’un qui est mort pour vous ? Il était mort et c’était parce qu’elle avait perdu la raison. Il avait péri par sa faute…alors comment était-elle sensée affronter ces yeux qui devant elle avait perdu toutes lueurs de vie ?

La vie continuait…cette ville en était l’image même…

Même après un massacre comme celui des premiers jours du mois, massacre qui ne connut aucun précédent, la ville n’était pas morte et les vivants se démenaient pour la remettre sur pied dans toute sa splendeur. Le monde ne s'arrêtera pas tourner juste pour une ville, ou six ou mille ou même pour le pays tout entier, il fallait continuer. Levira n’avait guère le choix.

Je resterai le temps qu’il faut que cela plaise ou non à ce cher duc !

Sa décision était prise.

Elle repensa à Gilbert Greyfox, qui détestait donc qu’on lui parle sans le regarder bien en face. Après tout, pensa Levira, ce n’était pas vraiment étonnant et elle trouva que cette manie lui allait comme un gant. Étant le second fils de la famille et ne possédant aucune autorité sur le duché, Gil serait dans l’obligation de se marier et de se retirer dans un manoir quelque part dans un futur assez proche vu son âge. La jeune duchesse grimaça de douleur en pensant à la pauvre future épouse du jeune homme, elle n’était pas sortie de l’auberge avec un gamin pareil.

Il faudra que je lui rende visite, songea Levy, avec un tel courage elle mérite bien qu’on lui tienne compagnie.

Elle gloussa puis se dirigea vers la petite adolescente blonde toujours occupée à fondre ses poignards. Mais alors qu’elle s’apprêtait à lui parler une vieille femme trapue et ridée l’arrêta en se posant devant elle.

- Excusez-moi, fit Levira poliment.

- Ce n’est pas à vous de vous excuser Ma Reine, déclara la vieille femme, mais plutôt à moi de vous demander pardon pour m’interposer sur votre divine route.

Pardon ?

Celle là Levira ne l’avait pas vu venir. La vieille femme se courbait devant elle en une révérence des plus pitoyables.

- Je vous demande pardon ?

- La Bête vous a choisi pour cheminer avec elle sur le chemin aux milles portes, vous a choisi pour être Notre Reine.

- La Bête…mais je n’étais même pas née qu’elle avait déjà péri…

- La Bête est là ! Bientôt le Chasseur sans Arc arrivera et alors te fera présent de sa flèche afin que tu la plante dans la jambe du Cerf Immortel.

- Un chasseur…mais la chasse est fermée…

- Pas la sienne, ni la vôtre…au contraire elle vient à peine d’ouvrir. La Demeure des Interdits vous ouvrira ces portes, alors le Dragon rencontrera son frère d’acier et sa sœur de chair. Alors quand le moment sera venu tout trois lutteront contre leur frère d’ombre et de néant alors que notre maître vous portera sur son épaule jusque Là où Il n’y Pas de Fin.

La jeune fille sentit ses cheveux virer au blanc face à cette vieille femme. Ces paroles n’avaient aucun sens cependant Levira sentait que cette énigme aurait fait plaisir à Tante Éléonore.

- Ma Reine souviens-toi qu…

- La vieille !

La petite blonde regardait dans leur direction et d’après son appel avait sûrement vu la désespoir dans les yeux de Levira.

- Jeune fille, siffla la vieille femme outrée, je suis en train de m’adresser à Notre Reine ! Je te prie donc de ne pas nous déranger !

- Arrête d’embêter la d’moiselle avec tes histoires, répondit la blondinette exaspérée.

- Je suis la messagère ! Je me dois de la guider vers notre maître et son destin !

- La d’moiselle vient pour parler au Seigneur, soupira la fille de plus belle. L’Élue est pas encore arrivée.

- Ce n’est pas « l’Élue » ! s’énerva la vieille femme. C’est la Reine de ces terres ! Un peu de respect petite écervelée !

- La Reine de ces terres s’tu veux maint’nant laisse-la un peu tranquille s’te plait.

- Petite sotte !

La vieille se tourna vers Levira et s’inclina en une courbette aussi cérémonial que grotesque et partit sur un « Ma Reine ».

- D’solé pour la vieille, s’excusa la petite blonde.

- Merci de m’avoir tiré de là, rayonna Levira, je ne comprend strictement rien à ce qu’elle m’a conté.

- Elle parle que d’ça d’puis des années ! Parait qu’j’étais pas née qu’elle le criait déjà !

- Mais de quoi parlait-elle ? demanda Levy.

- Une prophétie poussiéreuse avec plein de gens aux noms bizarres, lâcha la fille en haussant les épaules. Personne a jamais rien compris sauf elle…enfin c’est ç’qu’elle dit.

- Ah…

La chasse vient à peine d’ouvrir ? Le Dragon ? Il faudra que je jette un œil à cette « prophétie poussiéreuse ».

- Au fait vous vouliez m’voir ? demanda la petite blonde.

- Oui…est-ce-que…je pourrais avoir un poignard ?

- Un poignard ?

L’adolescente la regardait avec de grands yeux bleus.

- Je connais…connaissais quelqu’un qui aimerait beaucoup hanter ses assassins…

- Un ami ?

Levira hoqueta. Sa bouche s’étira alors en un grand sourire timide.

- C’est pas un ennemi.

La petite blonde sourit mais sans vraiment comprendre les mots de l’aristocrate.

- C’est quoi son nom ?

- Gil.

La petite fit couler le métal en fusion dans son moule et écrivit le nom sur la feuille avant de la coller au moule de pierre.

- Vous avez qu’à voir Hartee, c’est l’grand vieux avec la face de rat. Prenez le moule, y vous grav’ra le nom et posera le manche.

- Merci euh…

- Silva, gloussa la petite blonde.

- Levira Baskerville, merci pour tout Silva.

La tête d’une Serasienne lorsqu’elle découvre qu’une Baskerville partage les coutumes de la maison Greyfox n’a pas de prix. La petite blonde était immobile avec les yeux prêts à sortir de leurs orbites. Levira rit à en pleurer puis reprit le chemin du manoir Greyfox.

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