Chapitre 3

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Il fallait se rendre à l’évidence, au moins un Druide avait survécu. On était en 3532, comment était-ce possible ? Akos allait poursuivre ses recherches lorsqu’il aperçut Eliya qui s’apprêtait à partir déjeuner.

« Tu m’accompagnes ? demanda-t-elle avec un grand sourire.

— Ok, répondit-il en se grattant l’arrière de la tête et en tentant de masquer le sourire un peu trop enthousiaste qui s’était instinctivement inscrit sur son visage. On va pouvoir parler de tes conclusions.

— Houlà, jamais de ça pendant ma pause, Monsieur. On parle de tout, sauf d’affaires en cours et qui plus est quand il y a du macchabée. J’ai envie de garder mon repas à l’intérieur, si tu vois ce que je veux dire. »

Akos hocha la tête. Il n’était pas de la génération d’Eliya et pour lui, le boulot ne s’arrêtait jamais. Mais il comprenait cette attitude et la trouvait plutôt saine. Lui s’était sûrement un peu bousillé la vie en ne s’imposant pas ce genre de limites.

Ils descendirent au pied de l’immeuble et traversèrent la rue pour s’installer à la table du restaurant en face.

« Alors quoi de neuf ? demanda Eliya.

— Pas grand-chose. Je ne sais pas.

— Tu ne sais pas ? Qu’as-tu fait en dehors de ton boulot ? T’as bien dû prendre des congés depuis la dernière fois que nous avons mangé ensemble, non ? »

Akos fit semblant de réfléchir car il connaissait pertinemment la réponse.

« Disons que durant mes derniers congés, je ne savais pas quoi faire alors j’ai travaillé sur mes cold cases.

— T’es vraiment un cas, toi. Mais bref, c’est quoi ça, tes cold cases ? Je ne t’ai jamais vu ne pas aboutir sur une enquête depuis que je suis ici, ou alors ce sont des affaires pour lesquelles je n’ai pas le niveau d’habilitation.

— Ce sont de vieilles affaires, des trucs à la marge, sans le moindre indice ou bien où toutes les pistes ont été fermées.

— Et comment t’y prends-tu sans avoir aucun nouvel élément ? Tu tentes des incantations ? »

Akos fut obligé de sourire et il secoua la tête.

« Pas du tout, je fais seulement ce qu’on m’a enseigné. Je reprends le dossier et j’essaie d’en mémoriser la moindre ligne. Puis je tente d’introduire de nouvelles données. Je reparcoure les bases. En vrai, il y a toujours la possibilité de faire le croisement qui va bien. Cela peut être un truc qu’on a loupé à l’époque mais parfois, c’est un truc nouveau. On croit souvent que les criminels sont tous des récidivistes en puissance qui vont laisser des traces tous les trois mois. Mais, toi-même, tu le sais, il n’en est rien.

— Cela te ressemble bien, fit Eliya avec un sourire en coin. N’empêche que tu devrais décrocher parfois. Rencontrer des amis, partir à la mer, je ne sais pas. Tout le monde a besoin de se ressourcer. Même toi. »

Elle avait raison. Mais comment lui dire que pour cela, il fallait avoir des amis et des envies. Et lui, n’en avait plus vraiment depuis plus de quinze ans. Ni d’amis, ni d’envies. Comme s’il avait connu la fin du monde avant tout le monde. Comme il restait silencieux, Eliya le regarda d’un air suspicieux :

« En fait, je dis que cela te ressemble bien mais je ne te connais pas tant que ça. Je connais le gars du boulot plutôt très pro qui ne lâche jamais le morceau mais à part ça, je n’en sais pas plus. Tu ne parles jamais de toi ! Alors, c’est qui en vrai, Akos Daimonokton ?

— C’est peut-être qu’il n’est pas si intéressant que ça, fit-il l’air un peu gêné. A part mon travail d’enquêteur, il n’y a pas grand-chose qui vaille le coup de s’arrêter.

— Et ben… Toi tu sais donner envie !

— Non mais… Il y a peut-être aussi que je n’ai pas trop envie de remuer le passé.

— Cela, je peux le comprendre mais vu que tu ne parles pas non plus de ce que tu projettes à l’avenir, ça donne un paysage un peu terne ! »

Akos hocha la tête. Encore une fois, elle avait raison. Mais, elle, comment faisait-elle pour rayonner comme cela ?

« Je vais essayer de faire un effort, la prochaine fois, fit-il en souriant.

— Y a intérêt ! Bon. Sinon. Je suppose que tu voulais parler du Druide et de ce que j’ai découvert. »

Akos prit un air gêné et acquiesça.

« Bon, on va d’abord passer vite sur la tenue vestimentaire. C’était comme je m’en doutais une sorte de costume traditionnel. Un truc pour préparer un rituel.

— Quel genre de rituel ?

— Je ne sais pas. Il n’y a pas grand-chose dans les archives sur le sujet des Druides. J’ai l’impression qu’avec la guerre qu’ils ont entraînée, beaucoup d’informations ont été effacées. Autant te dire que nous allons naviguer à vue pendant un bon moment et ramer.

— D’autres choses ?

— Ouais, il avait dans son sac, un petit bâton droit en bois, une sorte de règle graduée peut-être, une liasse de billets, presque cinq cents dols tout de même et enfin, plusieurs petites fioles, cinq exactement. J’ai trouvé des photos qui me confirment que ce sont des choses qui étaient utilisées par les Druides mais pour l’instant, j’ignore leur usage et ce qu’il y a dedans. J’ai envoyé tout ça au labo pour en savoir plus. Tout ce que je peux supposer…

— C’est qu’il préparait une cérémonie ou quelque chose dans ce goût-là. »

Eliya leva les yeux au ciel pour signifier qu’il lui avait coupé l’herbe sous le pied. Elle poursuivit :

« Et qu’on l’en a peut-être empêché.

— Ouais, mais qui et pourquoi ? Il y a aussi les traces dans le mur…

— Oui. Tout ce que je peux te dire à ce propos, c’est qu’aucun objet retrouvé sur place ne correspond. L’agresseur est parti avec.

— Qu’est-ce qui te dit qu’il y avait un agresseur ? »

Eliya ouvrit tout grand ses yeux.

« Bah, ce n’est pas un suicide. C’est assez évident, non ? »

Akos était plutôt d’accord mais qu’aucun indice ne révèle la présence d’un tiers le gênait aux entournures. Et puis, il y avait la Sécurité Intérieure. Pourquoi surveillait-elle le gars ? Que savait-elle ? Akos préféra ne pas parler de ces éléments. Il termina son assiette et se leva.

« T’as trouvé quelque chose ? demanda Eliya, surprise par ce départ précipité.

— Non, lui répondit-il. Mais il va falloir que j’aille poser des questions à d’autres personnes. Je te tiendrais au courant si cela me mène quelque part ou pas. Le repas est pour moi. »

Associant le geste à la parole, il jeta deux billets sur la table et sortit du restaurant.

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