Chapitre 11

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Akos s’apprêta à sortir du bureau mais Mason l’interpela :

« Akos ! Vous ne comptez pas repartir comme ça ?

— Je pensais que nous avions terminé.

— Vous rigolez ? C’est quoi le sketch que vous m’avez fait là ?

— Ce qu’il fallait pour obtenir la coopération de la Sécurité Intérieure. Vous croyez que Walmsley aurait accepté votre proposition si je n’avais pas donné un coup de pression ? Elle était venue pour la forme et s’assurer qu’on ferait bien le boulot à sa place. Cela ne m’enchante pas de récupérer un gusse de sa section dans mon équipe mais on a au moins obtenu cela. Je ne sais pas ce qu’ils savent exactement mais autant l’utiliser à notre avantage. »

Mason ne trouva rien à redire mais ne put s’empêcher de continuer à râler sur la manière de faire.

« Vous avez des pistes ?

— Pas vraiment, Pour l’instant, je suis à la phase où j’ouvre mes chakras au maximum pour chopper tout ce qui passe. Je verrai après pour faire le tri. On a fini ? »

Mason bougonna un truc inintelligible et fit signe à Akos qu’il pouvait se retirer. Celui-ci ne se fit pas prier et repartit dans les couloirs du commissariat. Il voulait absolument voir Ely pour lui poser la question qui lui avait tourné dans la tête durant toute la nuit et il fut excessivement déçu quand il se présenta dans son bureau : vide. Il se souvint alors qu’il l’avait envoyée sur le terrain Rue Khalfon.

« Et merde. Pourquoi faut-il toujours qu’elle suive mes instructions à la lettre ?! »

Il opéra un demi-tour et se rendit dans son bureau. Le rapport préliminaire du légiste avait été posé dessus. Il n’apportait aucun élément nouveau, excepté un : aucune explication médicale dans l’état des connaissances du légiste ne permettait de déterminer les causes de la mort. Le Druide semblait être mort subitement sans cause préalable.

Akos fronça les sourcils. Il avait déjà lu des rapports de médecine légale parfois étranges et même loufoques mais celle-ci, on ne la lui avait jamais faite. Il décida d’appeler Hector.

« C’est quoi ces conneries, Hector ?

— Bonjour Akos, moi aussi, je vais bien et toi ? répliqua le légiste.

— Salut, oui. Non mais sans déconner, tu te doutais bien que j’allais t’appeler avec des conclusions pareilles, non ?

— Bien entendu, mais c’est mon rapport préliminaire, il faut maintenant attendre les premiers résultats du labo et aussi, les conclusions après l’autopsie. J’ai déjà eu ta petite protégée au fil, hier, qui m’a demandé tout un tas d’analyses complémentaires. Vous êtes en train de sortir l’artillerie lourde pour votre client. Vous savez qu’il est mort, non ? »

Akos ferma les yeux. Hector n’était pas un mauvais bougre mais son humour n’était pas fin.

« Ce n’est pas vraiment le stéréotype de monsieur Tout-le-monde, t’as remarqué ?

— Figure-toi qu’il m’a fallu revoir mes protocoles toute l’après-midi pour éviter de faire un impair pour l’autopsie. C’est d’ailleurs pour ça que j’y procède que ce matin. La littérature médicale à leur sujet est inexistante, ce qui est surprenant quand tu y penses. J’avais lu, je ne sais plus où, qu’il avait existé une sorte de marché pour se les échanger durant une période alors ça me paraissait assez logique de trouver des articles pour les classer, les évaluer, un peu comme les esclaves d’avant. Mais il n’y a rien, nada. Du coup, je vais improviser et croiser les doigts pour que leur anatomie ne soit pas très différente de la nôtre. Je te rassure, j’ai déjà fait son album photo complet à ton bonhomme et ça devrait aller.

— Ok, Hector, je ne vais pas te ralentir alors et envoie-moi les bonnes feuilles de ta prose le plus rapidement possible. Et surtout évite de te répandre sur le sujet. Je veux résoudre l’affaire avant que tout ça soit connu de tout le monde. »

Sur ces mots, il coupa la communication avant qu’Hector reparte sur un long monologue conclu par une promesse en carton. Il regarda l’heure : il était à peine neuf heures du matin. La journée allait être longue, très longue.

*

Akos se plongea dans le rapport qu’Ely lui avait envoyé très tard la veille au soir au sujet des éléments qu’elle avait ramenés de la scène de crime. Pas d’empreinte, pas de trace de sang. Rien de neuf concernant le contenu de la poubelle et une absence d’explication concernant la forme sphérique des coups retrouvés dans le mur. La seule remarque intéressante à ce propos était que physiquement, la manière dont le plâtre avait été enfoncé suggérait que la pression avait été la même en tout point. Cela semblait suggérer que les marques n’étaient pas le fruit d’un objet ou d’un outil.

« Alors quoi, les trous sont apparus par magie ? fit Akos en se balançant dans le fond de son fauteuil.

Il continua sa lecture concernant le petit bâton de bois et les fioles trouvées dans le présumé sac du Druide. Pour le premier, il s’agissait a priori d’un objet assez ancien car l’essence d’arbre dont il était issu n’existait plus depuis plusieurs siècles suite au réchauffement intervenu durant la première moitié du second millénaire. En revanche, aucune hypothèse quant à son usage hormis un rituel ancien. Pour ce qui était des fioles, les analyses avaient donné la composition chimique de leur contenu. Il s’agissait de la distillation élaborée de plusieurs plantes. Certaines étaient connues et contemporaines mais d’autres, à l’instar du bâton, provenaient de variétés rares voire disparues. Toutes semblaient avoir des visées psychotropes dont il était assez difficile d’anticiper les effets, d’une part sur l’homme et plus encore sur les Druides.

Akos se demanda s’il pouvait en conclure pour autant que le Druide était en préparation d’un rituel quelconque ou pas. N’était-il pas envisageable qu’il s’agisse simplement de leur attirail habituel ? Même s’il était bien précisé dans les livres que les Druides n’avaient rien à voir avec leurs homonymes des temps anciens, se pouvait-il qu’en réalité, cet élément ait été effacé volontairement ? L’hypothèse n’était pas délirante car, hormis au travers d’une relecture un peu ésotérique de l’Histoire, le fait que le nom « Druides » ait été repris pour désigner ces êtres était un mystère étymologique total.

Akos releva la tête et regarda le plafond. Il avait beau essayé de mettre bout à bout toutes les informations, il n’arrivait à se construire une vue d’ensemble. Il prit les photos de la scène et les détailla l’une après l’autre.

« Mec, c’aurait été bien que tu nous écrives un petit mot avant de caner. »

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