Mon langage de peau
J’aime serrer son petit corps contre le mien. Secouer ma tête pour la nicher au creux de son cou. Respirer. Longuement. Tendrement. Glisser ma main dans sa chevelure. Son crane l’épouse parfaitement.
Je ferme les yeux. Je m’imprègne de son odeur. Je le sais. C’est fragile. Ça se tient en quelques notes olfactives qui disparaissent. Insaisissables.
Mon garçon a toujours le sourire quand il me fait un câlin. Je le devine à cet instant, car depuis bebe, il me suffisait de caresser sa joue quand il dormait pour qu’apparaisse l’esquisse d’un sourire.
Quand il me parle d’un jeu vidéo, ou d’Astérix, j’observe la rondeur de ses yeux, la longueur de ces cils qui les agrandissent encore plus. Je ne peux m’empêcher de toucher sa joue, pour éprouver sa matière, son élasticité. Je trace des lignes imaginaires, du menton à l’oreille, de l’oreille au sommet de son crâne. J’effleure le lobe de son oreille. Jauge la proportion de son oreille avec le reste de son visage.
Je fais tout ça pendant qu’il me parle. Tout le temps. Je grave tout. Rien ne m’échappe pas même pas le temps. Je dépose des bisous entre sa mâchoire et son cou. Respire — le mélange de ma peau à la sienne.
Il se laisse faire. Il se laisse aimer.
Je continue mon imprégnation avec ses ongles, la forme de ses doigts, ses mains. Chaque détail compte. C’est ma façon d’aimer. Mon langage primaire.
Mon fils, ma fille, Luc.
Audrey aussi... enfin l'ancienne Audrey.

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