Les théories du positivisme

Pour justifier la suprématie des sciences, Auguste Comte explique que l’homme doit apprendre à adopter une attitude positive – d’ailleurs, ça deviendra facile puisque grâce aux sciences il ne sera plus malheureux. Ainsi, il cessera de s’interroger sur le « Pourquoi » des choses auquel les religions n’apportent que des réponses inutiles, et se focalisera uniquement sur les questions du « Comment » auxquelles les sciences, quant à elles, peuvent répondre. Dans ce chaudron magique du savoir rationnel, la science se décline en cinq disciplines fondamentales : la biologie, l’astronomie, la sociologie, la physique et les mathématiques. Point de salut pour les autres disciplines, qui ne permettent pas d’établir des preuves sur des faits concrets. La science rationnelle, du fait de son indiscutable supériorité, sera même vénérée comme une religion… un comble !

Avec Auguste Comte, la science ne va plus seulement s’occuper de faits scientifiques, mais également de philosophie, de psychologie et de sociologie… puisque cette discipline englobe tous les savoirs. On peut peut-être y croire quand les savoirs restent théoriques. Mais imaginons le cas pratique d’une maison à bâtir. Dans ce contexte, on attend toujours un électricien pour des travaux d’électricité, un plombier pour des travaux de plomberie, un menuisier pour des travaux de menuiserie, un couvreur pour le toit, etc. Mais que penser d’une doctrine soudaine qui viendrait certifier que c’est dorénavant au plombier de bâtir entièrement la maison, du sol aux combles ?

D’autres doctrines vont suivre et compléter les théories d’Auguste Comte : la théorie scientifique de l’évolution naturelle de Charles Darwin (1809-1882) ; l’organisation scientifique du travail de Frederick Winslow Taylor (1856-1915)… Non seulement la science devient moteur d’une évolution, mais elle est encore ce qui assure la rentabilité et donc l’enrichissement. Cependant, c’est au nom de cette prétendue rentabilité que le champ des connaissance va se réduire – en se délestant notamment de la sociologie – pour évoluer vers les domaines très spécifiques de l’ingénierie et la technologie. Comment ne pas voir, dans ce cas, un effet « peau de chagrin » qui laisse attendre, finalement, un anéantissement de la connaissance dans son ensemble et ainsi même, un retour vers un nouvel obscurantisme ?