Chapitre 4 : D'ici et d'ailleurs

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Ayant reconnu la voix de son amie au parlophone, Édith avait débloqué la porte d'entrée et laissé la porte de l’appartement entre-ouverte. Elle était occupée à mettre de l'ordre dans ses armoires et des vêtements aux couleurs vives étaient éparpillés sur son lit. Le temps qu'Ingrid monte au premier, il lui restait quelques minutes pour terminer de vider une étagère. En entendant Ingrid appeler son amie, Mathis et Théo sortirent de la cuisine où ils s’étaient réfugiés. Des caisses de toutes les tailles s'éparpillaient dans la salle de séjour et rendaient la circulation difficile. Habituée à recevoir des visites imprévues, Édith appela son amie pour qu'elle la rejoigne dans sa chambre.

- Dis donc, tu en mets du désordre pour préparer une valise ! N’oublie pas que nous ne partons qu'une semaine, s’exclama Ingrid.

- Je profite de notre départ pour commencer à trier les vêtements en vue de mon prochain déménagement. J'ai déjà commencé à récolter quelques caisses. Cette fois, c’en est fini Lille.

Édith n'avait plus les moyens de rester dans son appartement de trois chambres, son ex-mari ayant décidé que leur fils aîné aurait un studio à dix-huit ans, il ne voulait plus intervenir dans les frais de location de son ex-femme.

- Cette ville va sembler bien vide sans toi, Édith. As-tu besoin d’un coup de main pour préparer tes cartons ?

- Oui... Oui, bien sûr, avec plaisir. Mais seulement après les vacances. Si tu as caisses vides, je réfléchis à ce que je vais stocker dans le grenier de mes parents. La pièce de vie est bien plus petite qu’ici à Maubeuge. J'ai beaucoup de mal à me séparer des objets qui me viennent de l'époque où je vivais en expatriation, surtout ceux qui viennent d’Afrique.

Édith, née d’un père français et d’une mère burundaise, avait quitté le Burundi à cinq ans et elle n'y était pas retourné jusqu’à ce qu’elle épouse Alexandre et qu’elle le suive au Cameroun pour sa première mission en tant que coopérant. Ici, elle avait toujours été considérée comme la noire ; là-bas, les autochtones lui reprochait d'être trop blanche. Pendant des années, elle avait vécu à l'européenne, entourée d'expatriés venus des quatre coins d'Europe. En revenant en France, elle avait ramené quelques meubles africains. Son extérieur reflétait toujours la part d’elle-même qui lui manquait.

- À notre retour, j'aurai besoin de ta voiture pour déplacer quelques bibelots.

Pour son déménagement, elle comptait plus sur ses amies pour les trajets que pour le rangement qu'elle préférait organiser tranquillement seule.

- Et si tu m'aidais à préparer notre garde-robe pour les vacances ? reprit-elle enjouée.

Édith ayant hérité du derrière proéminent des africaines, préférait porter des tenues amples adaptées à sa morphologie. Elle avait présélectionné essentiellement des robes aux tons rouges et orangés qui flattaient son teint perpétuellement bronzé.

- Eh... N'oublie pas que nous ne partons que nous avons choisi de voyager uniquement avec les bagages en cabine, lui rappela Ingrid.

- C'est vrai... Que comptes tu emmener ?

- Un jeans, une veste et mes chaussures de marche seront sur moi pendant le voyage comme d’habitude. Je pensais ne prendre que des vêtements légers pour quand nous serons sur place. J’ai aussi prévu deux étoles assorties à mes tenues pour le soir.

- Toujours autant organisée Ingrid. Est-ce qu’on prend des chaussures et une robe pour sortir le soir ?

- Je pensais prendre des sandales. Je n’ai prévu qu'une seule robe pour aller au restaurant. J’aime bien m’acheter une tenue sur place, que je ramène en souvenir de mes vacances.

Édith tenait à être coquette pendant les vacances tout en choisissant des habits appropriés à la plage. Après avoir montré ses choix à son amie, elles se dirigèrent vers la cuisine, enjambant les chaussures des enfants éparpillées sur leur passage.

- Es-tu sûr d’avoir un peu de place pour m’accueillir chez toi avant de partir ? s’inquiéta Ingrid.

- Oui, don't stress. Je dépose les enfants chez ma belle-sœur demain. Tu pourras dormir dans la chambre de Théo.

Cette fois encore, Alexandre reviendrait en retard du Guatemala pour emmener ses enfants en vacances. Mais Édith ne s'en formalisait plus, d'autant plus que sa belle sœur aimait regrouper tous les cousins chez elle. Juillet était son mois de liberté, hors de question pour elle de perdre un seul jour. Elle s'adressa ensuite à son fils aîné :

- Mathis, prend de l’argent dans mon portefeuille pour aller acheter quelque chose à manger pour vous ce soir. Moi, je sors avec Ingrid. Pensez à finir vos bagages. Théo, il te faut des vêtements pour une semaine chez ta tante. Mathis, penses tu revenir avant mon retour du Portugal ?

- Je resterai Chantal tant que mes cousins seront là. Puis je reviendrai peut-être ici.

- Si cela ne t’embête pas de rester seul ici en attendant mon retour...

Mathis emmena son petit frère avec pour choisir le plat préparé qu’ils mangeraient ce soir. L’appartement était à eux pour la soirée et ils pourraient en profiter pour regarder une série sur Netflix. Vivre en appartement à trois n’était pas facile tous les jours, surtout après avoir été habitués à leur grande maison au bord de l'océan lorsqu’ils vivaient à l’étranger. Éduquant seule ses deux garçons, Édith avait encouragé leur autonomie pour se ménager quelques bulles de tranquillité. Son ex-mari vivant au Guatemala avec sa nouvelle femme et leur petite fille, ses enfants étaient à sa charge pendant onze mois sur l’année. Ils furent à peine sortit qu’Ingrid s’exclama :

- Eh bien, tu les fais marcher à la baguette tes fils, Édith.

- Tu sais que j’ai besoin de temps pour moi. Quand nous étions encore de jeunes parents, Alex m’avait dit qu’il voulait que ses enfants soient autonomes à leurs dix-huit ans. Cela m’avait choquée sur le moment mais maintenant, c’est une facilité pour moi. Ça te tente un snack tailladais ?

Édith emmena son amie dans sa salle de bain pour se refaire une beauté, hors de question de ne pas être à son avantage pour sortir. Les restaurants étaient regroupés dans la zone piétonne qui s’étalait entre la gare et le lac. La soirée était à elles, elles avaient le temps de regarder les cartes avant de décider où se sustenter.

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