Chapitre 6 : Les plages de l'est de l'Algarve

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Le soleil était encore timide et les deux amies en avait profité pour découvrir Santa-Lucia avant de passer la journée à la plage. C'était un petit village avec quelques rares points touristiques, principalement en bord de mer. Légèrement en retrait, une agence proposait d'autres options que les traditionnelles excursions en mer. Différentes offres étaient affichées, des activités sportives diverses, sur terre ou en mer, et des activités de découvertes.

- Que penses-tu de ces excursions ?

Édith aimait prendre son temps avant de se décider mais elles arrivaient toujours à trouver des activités qui leur convenaient à toutes les deux. Elles avaient choisi une région préservée du tourisme de masse, et observaient deux propositions de visites à l'intérieur des terres affichées sur la devanture d'une agence.

- Il y a aussi les balades en mer, répondit-elle.

- Nous devons déjà prendre le ferry pour traverser la lagune et rejoindre la plage. Une excursion dans la nature nous apporterait autre chose.

Elles n'avaient pas fait attention à l'homme bronzé et légèrement bedonnant qui prenait le soleil devant la porte d'entrée. Elles savaient que les portugais ne comprenait pas leur langue, ce qui leur permettait de débattre librement des avantages et inconvénients des différentes options proposées en vitrine. Après un moment, il s'approcha d'elles.

- Bonjour mesdames, puis-je vous donner des informations sur nos excursions ?

- Mais vous parlez français ! Et sans accent, s'exclama Édith.

- Oui, je suis originaire du nord de la France mais je vis ici depuis quelques années. Je peux vous proposer une excursion en français, si vous choisissez une de nos formules en 4x4.

- J'ai vu que vous organisez une visite d’une demi-journée qui se termine chez un ostréiculteur et une visite d’une journée avec une dégustation de plats du terroir. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Ingrid s’étonna de l’intérêt culinaire soudain de son amie. Découvrir le terroir et ses spécialités la tentait aussi, mais au vu du prix affiché, elle avait hésité à proposer cette excursion. Édith connaissant son budget, elle préféra se taire pendant que son amie continuait à se renseigner.

- Pour quand voulez-vous cette excursion mesdames ? La semaine prochaine ?

- Oh non, ça sera trop tard ! Nous ne sommes ici que pour la semaine. Nous pensions à demain ou après-demain.

- Dans ce cas, la formule avec dégustation chez un de notre agriculteur partenaire ne sera pas possible. Nous sommes en début de saison et cette année les touristes tardent à revenir. Ils ont hésité à prendre l’avion, craignant des restrictions de déplacements après le confinement stricte que nous avons subi l’année passée. Nos agriculteurs ne seront pas prêts pour vous recevoir si tôt. La dégustation d’huîtres est possible mardi si vous le souhaitez.

- Peut-on confirmer notre choix en fin de journée ? demanda Ingrid qui voulait en discuter avec son amie avant de s’engager. Nous passons l’après-midi à la plage et nous vous donnerons notre réponse au retour.

- Je serais probablement parti à ce moment-là. Mais je vous donne mon numéro pour que vous puissiez me contacter via WhatsApp. Mon nom est Arturo.

Ingrid encoda le numéro puis elles se dirigèrent vers l’embarcadère situé au centre de Santa Luzia. Le jour de leur arrivée, elles avaient juste eu le temps de rejoindre la Praia do Barril en fin d’après-midi avec le train touristique qui longeait les landes. Le retour avait dû se faire à pied, le dernier train étant bondé. Cette fois, elles avaient prévu de traverser avec le ferry et de prendre leur temps sur la plage. Les navettes étant régulières, elles attendirent seulement un quart d'heure avant de pouvoir embarquer. Elles se placèrent à la proue afin de profiter de la traversée vers l'IIha de Tavira. Le vent venant de la lagune était doux et chaud et la traversée s’étira suffisamment longtemps pour qu'Édith oublie ses envies d’excursion en mer.

Arrivées sur place, elle proposa de louer des transats et un parasol. Ingrid la convainquit de se promener d’abord un peu pour découvrir cette plage qui semblait plus sauvage en s’éloignant du centre aménagé pour les touristes. Elles s’éloignèrent en marchant les pieds dans l’eau, plongées dans la discussion sur l’organisation de leur séjour, lorsqu’elles aperçurent deux hommes nus longeant également la mer. Surprises, elles se turent alors qu'ils les croisèrent comme s’ils ne les voyaient pas. Édith observa les alentours puis donna un coup de coude à sa voisine.

- As-tu vu ? Il y a d’autres personnes nues sur la plage. Et cela semble tout à fait normal ! On pose nos serviettes un moment ici ?

A la surprise d’Édith, Ingrid accepta de s’asseoir sans se faire prier. Elle lui expliqua qu’elle avait découvert les thermes naturistes lorsque son mari avait été rattaché à l’ambassade de Finlande.

- J’y suis allée quelquefois, mais seulement pendant les journées réservées aux femmes. C'est une pratique courante dans ce pays où la chaleur aide aussi à supporter l'hiver glacial. C'était un des rares moment ou je pouvais me libérer des obligations qui incombent à l'épouse de l'ambassadeur. Tu sais, dans certains pays j'avais des fonctions protocolaires de première dame que je devais tenir constamment. Ces moments ou nous étions tous sur un même pieds étaient précieux pour moi.

- Ah, je comprend pourquoi je n'ai pas dû insister, sourit Édith.

- Cela doit être agréable de faire corps avec la nature, dans ce magnifique paysage. Je les comprends. Par contre, je trouve un peu malsain ce mélange de “textiles” et “non textiles”.

- Pourquoi dis-tu cela ! s'insurgea Édith. Moi, j’ai testé des thermes dans lesquelles il était possible de se dévêtir ou non. Et je trouvais cela très bien d’avoir le temps de décider si nous voulions nous déplacer du coté des naturistes ou non.

- Et tu as fini par les rejoindre ?

- Non ! Mais cette fois je tenterai bien l'expérience. Cet endroit est bien plus plaisant que les transats. Et en plus, il n’y a pas que des adultes autour de nous.

Édith avait regretté qu’il y ait autant d’enfants au bord de la piscine hier après-midi. Pendant sa semaine de vacances, elle voulait oublier son rôle de mère. Sur cette plage, elle se sentait bien.

- As-tu remarqué, Édith, qu’il n’y a pas de monokini autour de nous. C’est l’intégrale ou rien. En ce qui me concerne, je trouve qu’il y a trop de passage ici. Et il y a probablement une partie des promeneurs qui sont des voyeurs. Mais j’ai vu, dans le guide du routard consulté hier soir, qu’il y avait une plage naturiste à l’est, la Praia do Homen Nu. Nous pourrions y aller un jour, le naturisme en pleine nature me tente aussi.

Ingrid s’allongea sur le ventre et dégrafa le haut de son bikini, s’autorisant un peu de liberté. Édith préféra rester assise pour observer l’étrange faune autour d’elles.

Fin d'après-midi, lorsqu’elles rentrèrent à Santa Luzia, Arturo n’était plus à son poste. Ingrid lui envoya un message pour confirmer leur réservation pour mardi. Lundi, elles iraient visiter Tavira et mercredi, elles avaient prévu de se diriger vers la plage de l’homme nu.

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