Chaptire 12 : Sans penser au lendemain

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Ingrid savourait tranquillement une infusion citron-gingembre sur le balcon de leur studio. A son retour, Édith n'était pas encore rentrée mais elle dormait bien dans le lit voisin le lendemain. En temps normal, Ingrid se serait inquiétée pour son amie mais elle s'était endormie dès quelle avait posé la tête sur l'oreiller. Il y a longtemps qu'elle n'avait pas aussi bien dormi. Elle ne l’avait pas même pas entendu rentrer, elle qui avait un sommeil si léger d’habitude. Elle s'était levée en silence pour ne pas la réveiller.

Le vent bruissant dans les feuilles des palmiers voisins créait ambiance appaisante, un véritable moment de sérénité avant que son amie ne se réveille et ne la questionne sur la soirée d’hier. Avec un peu de chance, elle pourrait l’encourager à parler d’elle en premier et gagner un peu de temps pour mettre de l’ordre dans ses pensées. Ingrid appréciait de plus en plus Édith mais elle ne savait pas encore exactement ce qu'elle pouvait lui confier et ce qu'elle devrait garder pour elle. Mais elle était sûr qu'elle aurait rit d'elle si elle lui avait raconté leur sage soirée.

Et pourtant, elle ne se serait pas comportée ainsi étant plus jeune. Peut-être qu'en changeant notre regard sur le monde, la maturité modifie aussi nos actes. Cette nuit avait été sublime, sans aucune fausse note grâce à la prévenance d'Arturo. Et ce matin, elle ressentait un manque qui n'aspirait plus qu’à retrouver le corps de son amant. « Laisse moi avancer à ma vitesse et tu auras le meilleur de moi » avait toujours été sa devise et il semble qu'Arturo l'avait deviné. Maintenant que son charme avait agit sur elle, Ingrid se demandait pourquoi il n'avait pas attiré son attention quand elle l'avait vu pour la première fois. Quoi qu'il arrive, elle n'oublierait jamais cette expérience qu’elle conserverait dans le secret de son cœur, comme un rayon de soleil qui la réchaufferait les jours de pluie.

Lorsque Édith émergea enfin de son sommeil, sa tisane était froide.

- Eh bien, la belle au bois dormant, on dirait que tu n’as pas eu besoin de ton roman érotique cette nuit, la taquina Ingrid.

- Suis pas encore complètement réveillée. Besoin j’aurai besoin d’un bon café, marmonna-t-elle en rejoignant son amie sur le balcon.

Ingrid se leva pour préparer le café. Son estomac commençait à se réveiller et elle s’activa pour dresser la table. Du café, du fromage, des fruits et quelques sardines conviendraient parfaitement pour un copieux petit-déjeuner tardif. La chaleur était encore douce le matin et leurs petits-déjeuners constituait un des moments les plus agréables de la journée, du moins pour Ingrid. Le café commençait à faire son effet.

- Tu as l’air épanouie ce matin, remarqua Édith. On dirait que ton escapade s'est bien déroulée.

- J’ai été rassurée de te voir à mon réveil. J'ai l’impression que c'est surtout toi qui as des choses à me raconter.

- Il n’y avait pas de raison de t’inquiéter. Je suis majeur et vaccinée. J'ai seulement dû attendre la fermeture du bar pour commencer à réellement profiter de la soirée.

- Ah oui ! Pourquoi ?

- Te souviens-tu bel homme qui nous as reçu à l’accueil le jour de notre arrivée ?

- Oui, oui. Un type d’une trentaine d’années à qui tu t’étais adressée en Espagnol.

A leur arrivée, Ingrid avait eu quelques difficultés avec l'accent des locaux. Le portugais et le brésilien, c'était un peu comme le français et le québecois : on a beau connaître la langue, il valait mieux avoir les sous-titres. Édith en avait directement utilisé ses connaissances en espagnol. Hors de questions pour elle de se laisser enfermer dans un pays dont elle ne connaissait pas la langue. Et comme les voisins espagnols représentaient les principaux touristes au Portugal, le personnel maîtrisait les rudiments commerciaux de cette autre langue romane.

- Il s'appelle Felipe et hier il tenait le bar. Nous avons discuté pendant soirée puis, il m’a proposé d’attendre la fin de son service pour découvrir les lieux... et son logement de fonction, expliqua-t-elle en lui lançant un regard entendu. J'ai été surprise d'apprendre qu'il n'avait que 25 ans et j'ai eu l'impression d'être une milf. Mais c’était agréable de se faire draguer par un jeune étalon.

- Tu viens de descendre un peu plus ta limite d'âge on dirait, répondit Ingrid en riant. Par contre, je n'aurais pas cru que tu t’intéresserais à un simple serveur !

- Pour une nuit ou deux, pour autant que la chaire soit fraîche ... Et en plus, c’est un habitué des plages "tolérantes" au naturisme. Il m’a proposé de me faire découvrir les activités qui se cachent dans les dunes cet après-midi. Cela t'intéresse d'y retourner avec un habitué ?

- Non ! N'insiste pas, ce n'est vraiment pas pour moi.

- Je m'en doutais, c'est pour cela que j'ai profité de l'occasion.

- Mais je suis curieuse de vous voir ensemble. Je pourrais vous accompagner lorsque vous rejoindrez la praia do Barril. J’aime bien cette plage, avec son cimetière d’ancres et ses anciennes maisons de pêcheurs reconverties en bars et restaurants. Je lézarderais sur un transat pendant que vous rejoindrez vos lieux de débauche.

Avec une grimace, Édith se leva pour faire griller quelques tranches de pain. Lorsque le beurre fondait, il diffusait des arômes subtils qu'Ingrid appréciait particulièrement pour son petit-déjeuner. Pour un brunch, c'était trop peu mais elles avaient aussi prévu du fromage à tartiner et de la mortadelle. Et pour les sardines, Édith lui avait appris à utiliser le pain frais pour les prendre directement dans l'assiette entre leurs doigts, comme le font certains habitants du sud.

- A ton tour de raconter ta soirée maintenant, Ingrid.

- Tu avais raison, c‘était bien un rencard. Pour autant que l’on appelle encore cela comme ça de nos jours.

- Ah, je ne m’étais donc pas trompée. Tes certitudes et ton aveuglement allaient finir par me faire douter de mes observations. Alors ? ...

- Je me suis laissée envoûter par le paysage grandiose et le couché de soleil. C'était enivrant et le charme bronzé de mon guide à contribué à la magie des lieux. Mais nous sommes restés relativement sages.

- Que veux tu dire par relativement sage? chantonna Édith.

- Que tu as bien fait de me conseiller de sortir de mes préjugés. D’ailleurs, nous nous retrouvons ce soir pour aller au restaurant, laissant ainsi la possibilité à son amie d'imaginer ce qu'elle voudrait.

- Profite des deux jours qu’il nous reste, Ingrid. Moi, je ne vais continuer à explorer les délices inattendus des lieux.

Lorsqu’elles terminèrent leur brunch, il était presque treize heures trente. Elles avaient juste le temps de se préparer pour la plage et de rejoindre le train touristique qui les conduirait à la praia do Barril. Là où Édith devait retrouver son Felipe.

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