Chaptire 17 : Une autre femme

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Arturo ouvrit la porte de son 4X4 pour laisser Ingrid s’installer du coté passager. Il avait remarqué que sa belle appréciait les marques de courtoisie et il avait prévu d'en abuser pendant le temps qu’il lui restait pour essayer de la convaincre de revenir avant la fin de son séjour. Jusqu'à présent, il ne consacrait qu'un soir aux touristes de passage. Mais, cette fois, il en était déjà au deuxième rendez-vous, peut-être même le troisième, si il comptait le soir où il les avait rejointes après leur excursion pour l’apéritif. Il s’était bien rendu compte que le coup de cœur qu’il avait ressenti à lorsqu'il l'avait vue pour la première fois n’avait pas été réciproque mais son attitude avait changé hier soir. Il lui avait proposé une nouvelle sortie en tête à tête et il espérait bien la ramener chez lui ce soir.

Il contourna la voiture, sans la lâcher du regard, puis il s’assit derrière le volant en lui lançant, d’un air désinvolte :

- Je n’ai pas eu le temps de passer à l’agence avant de venir te chercher. Je vais devoir faire un saut là-bas pour organiser les activités de ce week-end.

En se rappelant que ses vacances se terminaient déjà samedi, Ingrid ressentit un pincement au cœur auquel elle ne s’attendait pas. Il lui restait tellement peut de temps pour vivre cette nouvelle histoire. Et depuis, ne se reconnaissant plus, elle se posait sans cesse la même question "Jusqu'où était-elle prête à se laisser aller ?". L’idée de se protéger en maintenant un dialogue léger et superficiel entre eux, lui effleura l’esprit. Si Arturo connaissait déjà toutes les courbes de son anatomie depuis hier ; elle pouvait au moins éviter de trop se dévoiler affectivement.

- Bien sûr, le travail avant tout, répondit-elle avec courtoisie.

- Ce sera l’occasion pour toi de rencontrer mes associés, poursuivit-il en l'invitant ainsi à découvrir les personnes qui partageaient son quotidien. Ils viennent d’Espagne pour les quatre mois de la haute saison touristique. Comme nous sommes à moins de deux cents kilomètres de la frontière, nous avons beaucoup de touristes Espagnols. Elena s’occupe principalement des excursions en espagnol et Miguel préfère les excursions en quad. Mais nous faisons tous l’entièreté des activités en fonction des demandes.

Le trajet prit moins de cinq minutes, Arturo se dépêchant d'arriver avant que ses employés ne rentrent chez eux. Il fût soulagé en observant la lumière dans le local lorsqu’il se gara à sa place habituelle. Il sortit de voiture et Ingrid le suivi, lorsqu'un couple de jeunes gens sortit de l’agence.

- Content de vous voir avant votre départ. Elena, il y a une excursion samedi matin. Des Anglais pour le petit tour en bateau. J’aimerais que tu t’en occupes.

- Oui, pas de problème Arturo. Cela me fera du bien de pratiquer un peu mon anglais répondit-elle d'un ton avenant.

Elena était une belle femme qui ressemblait plus à une Portugaise ou à une Brésilienne qu’à une Espagnole. Son visage, non maquillé et légèrement hâlé, était encadré de courts cheveux châtain foncé et ses yeux sombres, ponctués de sourcils épais, correspondaient aux standards de beauté des Portugaises. Par contre, son corps mis en évidence par ses vêtements, semblait sculpté au bistouri, rappelant à Ingrid le douloureux souvenir de la culture du corps parfait propre aux Brésiliennes. Son compagnon était plus jeune qu’elle, ses cheveux ondulés et roussit par le soleil trahissaient clairement ses origines hispaniques. Lorsqu’ils s’éloignèrent tous les deux, Ingrid se dirigea vers la voiture.

- Plus besoin de la voiture, nous pouvons continuer à pied. Je vais te faire découvrir un petit bistro local qui prépare des spécialités culinaires du coin. J’espère que tu aimes la morue, c’est le plat national ici.

- J’aime tous les poissons et je n’en ai pas encore mangé de la semaine.

Il lui enserra la taille et elle fit de même. Ce contact physique réchauffa un peu Ingrid qui s’était trop peu vêtue pour faire face aux vents marins. Après vingt minutes de marche, qui semblaient plutôt suivre l’itinéraire le plus pittoresque que le chemin le plus court, les dernières appréhensions d’Ingrid s’étaient envolées.

Un surprenant restaurant caché dans une ruelle piétonne, les attendait. Un lieu simple et charmant qui séduit Ingrid. Les murs blancs étaient peints à la chaux, la décoration était épurée et des nappes à carreaux rouge et blanc lui rappelèrent des souvenirs d’enfance. La présence d’un piano quart de queue dans un si petit endroit la surprit et Arturo lui expliqua que son usage était libre. Les clients qui avaient apprécié le repas pouvaient manifester leurs remerciements au patron en y jouant une partition de leur choix.

Après un doux porto rouge, ils poursuivirent le repas avec de l'Alentejo, un vin rouge local aux arômes de poivrons verts et d’épices qui accompagnait parfaitement le bacalhau à Brás. Ils terminèrent le repas avec des pastéis de nata en dessert. Avant de partir, Ingrid s’assit derrière le piano et entama la "Sonate au clair de lune" de Beethoven. Elle n’avait plus touché à un piano depuis son retour en France et y mis toutes la nostalgie des moments partagés avec Annabelle.

Lorsqu'elle revint s’asseoir Arturo la félicita.

- Je me suis laissé emporter par ce magnifique morceau. J’y ai cependant décelé une part de tristesse ou de nostalgie.

- C’est une chanson que je connais par cœur pour l’avoir souvent joué à ma fille quand elle était petite. J’y ai sans doute mis un peu de la tristesse qui m’habite depuis que je sais qu’elle va bientôt partir en Argentine pendant quatre mois.

- Les premières semaines seront sans doute les plus difficiles.

- Ma fille et moi sommes très proches, surtout depuis notre retour précipité du Brésil. Elle va laisser un grand vide.

- Si tu en as la possibilité, reviens ici et j’essaierai de te rendre le sourire. À partir d’octobre, il y beaucoup moins de touristes, j’aurai plus de temps à te consacrer.

Arturo venait de lui proposer un début de projet d’avenir qui le surprit lui-même. Ils quittèrent le restaurant pour rejoindre sa voiture laissée à l'agence, en dessous de son appartement.

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