Chapitre 29 : Le réveil

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Ingrid commençait a émergé de son sommeil lorsqu'elle entendit la sonnette retentir. Tendant le bras pour lire l'heure sur son smartphone, elle sursauta en constatant qu'il était presque midi. Le dernier message d’Édith apparaissait à l'écran :

Que fais-tu ? J'arrive.

S'attendant à trouver son amie derrière sa porte, elle enfila en hâte son kimono jaune avec des fleurs de lotus et elle se précipita pour lui ouvrir la porte.

- Aie, qu'as-tu fais cette nuit ? Heureusement que c'est moi en non Arturo qui te vois dans cet état.

Se retournant vers le miroir du hall d'entrée, Ingrid s'effraya en découvrant ses cheveux ébouriffés et son visage plissé.

Elle fit entrer son amie et se dirigea vers la cuisine où elle s'installa à table.

- Comme as-tu fais pour monter jusqu'ici ?

- Je suis arrivée en même temps qu'un autre visiteur. Mais là n'est pas la question ! Qu'as-tu fait, toi ? On est sans nouvelles depuis hier et Arturo a dû dormir sur mon canapé sans pouvoir utiliser ses affaires qui sont restées chez toi. Il est passé voir sa fille à Maubeuge ce matin et, moi je me suis précipitée ici pour m'assurer que tout s'était bien passé.

Sentant la culpabilité monter en elle, Ingrid attrapa son smartphone pour laisser un mot d'excuse à Arturo.

Je viens seulement de me réveiller. Je n'ai pas beaucoup dormi cette nuit. Dis-moi ou je peux te rejoindre à Maubeuge et j'arrive dès que possible.

Devant la face chiffonnée de son amie, Édith entrepris de préparer du café, ouvrant les armoires à la recherche des tasses et des capsules pour la machine à café.

- J'ai acheté des croissants avant de prendre le train ce matin. J'en ai gardé un pour toi, lui dit-elle en déposant le sachet sur la table.

- Merci, les dosettes sont dans l'armoire à gauche. J'ai vraiment mal dormi cette nuit.

Édith apporta deux tasses de café sans sucre, la brique de lait pour Ingrid et une assiette pour déposer la viennoiserie. Impatiente, elle eut du mal à attendre que Ingrid commence à être un peu mieux réveillée avant de lui poser la question :

- Alors ? Raconte...

- Tu avais raison, Jean est venu pour me demander de reprendre la vie commune. Il m'a dit qu'au moment où je lui avais annoncé mon intention de divorcer, il n'a plus eu qu'une envie : rentrer le plus rapidement possible pour me rappeler que j'étais la femme de sa vie. Pour lui, sa mutation en Roumanie est l'occasion idéale pour un nouveau départ. Là-bas, personne ne connaît notre passé.

- Un changement de lieux n'a jamais suffi à résoudre un problème. J'espère que tu as été ferme dans tes résolutions …

Devant l'emportement de son amie, Ingrid prit le temps de boire quelques gorgées de café, le temps d'essayer de mettre un peu d'ordre dans ses pensées.

- Il venait de m'offrir ce qu'une part de moi espérait jusqu'à cet été.

- Justement, cet été ! Et Arturo dans tout cela ? Il m'a dit que tu étais devenue très froide à son arrivée.

- La surprise... Et la vue de Jean qui m'a projetée dans mon passé alors que je ne m'y attendais pas. Il dégage toujours une aussi forte aura avec son charisme naturel.

Sentant que son amie avait encore besoin d’un peu de temps pour se réveiller complètement, Édith lui laissa finir son croissant et son café.

- Jean m'offrait une vie stable mais terne alors que, avec Arturo, c'est l'inconnu. Peut-être juste une passion éphémère…

- C'est cela l'amour, prendre des risques et se sentir vivre.

- Il a mis de la musique classique et il m'a proposé une valse, comme au bon vieux temps. Il a essayé de réveiller mes sens en entamant quelques pas de danse. Mais il a obtenu l'effet inverse, mon corps a réclamé Arturo et je me suis rapidement éloignée.

- Et Arturo a cru que vous vous enlaciez. Il était à la terrasse en dessous de ton immeuble en attendant que je lui confirme qu'il pouvait venir chez moi. J'espère que tu l'as rassuré.

Ingrid partit immédiatement récupérer son smartphone qu'elle avait laissé sur sa table nuit. A son retour, son visage était sombre et elle montra le message envoyé à son amie.

- Oh ! Là-tu viens de confirmer ses soupçons. Pas étonnant qu'il n'ait pas répondu !

- Nous avons longuement discuté Jean et moi. J'ai essayé d'adoucir la séparation en lui disant que, maintenant que j'étais rentrée au pays, je ne voulais plus de la vie qu'il me proposait.

Édith s'apprêtait à intervenir lorsqu'elle l'interrompit.

- Je sais qu'Annabelle va faire sa vie, et l'acceptation de cette évolution naturelle de la vie m'a aidé à surmonter mon « syndrome du nid vide ». Mais j'espère qu'elle reviendra s'installer en France et moi je ne veux pouvoir la rejoindre, ainsi que les autres membres de ma famille, à un simple jet de TGV. Et il y a aussi ma nouvelle activité professionnelle qui contribue à mon équilibre.

- Contente que tu aies tourné la page avec Jean. Dépêche-toi maintenant d'aller raconter tout cela à ton amoureux. Il avait une triste mine lorsqu'il est parti ce matin.

- Ce n'est pas aussi simple que cela. Ce que j'ai dit à Jean est aussi vrai pour Arturo. Il a reconstruit sa vie dans le sud du Portugal. C'est le même problème.

- Mais non, ce n'est pas le même problème. Il y a un homme qui t'aime au point de faire trois milles kilomètres pour te soutenir, sans même savoir si tu serais disponible pour lui. Arturo est plus flexible que Jean. L'amour, c'est chercher à deux des solutions à des problèmes qu'on ne se poserait pas si on était seul. Ne tue pas votre histoire avant de l'avoir vécue jusqu'au bout.

- Arturo est pressé alors que moi, j'ai besoin de temps pour mettre de l'ordre dans ma vie. Il le sait et il prétend pouvoir l'accepter.

- Ça, c'était jusqu’à ce qu'il vous voie à la fenêtre hier, bien trop proches avec ton mari. Il pense qu'il ne pourra jamais t'offrir le même niveau de vie que ce que tu as connu avec Jean.

- Le luxe ne m'intéresse pas, j'étais prisonnière de mon ancienne vie. Comment peut-il croire cela ?

- Il a aussi se propres démons, c'est à toi de faire un pas vers lui maintenant.

Ingrid écrivit un nouveau message à Arturo puis, elle se dirigea vers la salle de bain laissant son smartphone à Édith pour qu'elle puisse lire le message.

Je peux être à Maubeuge cet après-midi, mon cœur. Dis-mois où et à quelle heure je peux te rejoindre.

Avant qu'elle ne referme la porte de la pièce d'eau, Édith l'interpella :

- C'est mieux, mais pourquoi ne lui as-tu pas proposer de te rejoindre ici ?

- J'ai besoin d'un peu de temps pour réfléchir avant de le voir, faire le trajet me fera du bien. Veux-tu que je te ramène chez toi ?

- Non, maintenant que je suis ici, je vais en profiter pour faire quelques achats dans mes boutiques préférées.

- Toujours pas de réponse ?

- Non, mais ne t'inquiète pas, il va devoir récupérer sa valise. Pense plutôt à ce que tu vas lui dire, et à ce que tu veux pour ton avenir.

Édith prit son sac à main et embrassa son amie avant de fermer la porte de l'appartement. Elle avait fait tout ce qu'elle pouvait, à Ingrid maintenant de faire le reste …

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