Chapitre 44

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Les jours qui suivirent furent étrangement calmes. La maison de Mathis, autrefois remplie de peur et d’incertitude, semblait baignée d’une lumière nouvelle. Elior reprenait peu à peu goût à la vie. Chaque matin, il descendait avant les autres pour préparer le café, un sourire discret aux lèvres, signe d’une routine retrouvée.
La mère de Mathis l’avait accueilli comme son propre fils. Elle veillait à ne pas lui poser trop de questions, comprenant qu’il avait besoin de temps, de douceur, et de silence.

La police, de son côté, continuait ses recherches. Quatre membres de la secte restaient introuvables. Mais cette fois, Elior n’en tremblait plus.
Il vivait avec la conscience du danger, mais sans en être prisonnier. Et surtout, il n’était plus seul.

Mathis, lui, avait pris un rôle presque naturel de protecteur. Chaque fois qu’Elior semblait s’égarer dans ses pensées, il posait une main sur son épaule, ou murmurait simplement :
— Je suis là. Rien ne t’arrivera.

Ces mots simples suffisaient à tout effacer.

Les semaines passèrent. Julien, Tharah, Lina, Leo, Mathis et Elior formèrent un petit groupe inséparable. Ils avaient connu ensemble la peur, la douleur, et désormais, la reconstruction.
Un vendredi, Julien proposa un week-end en Belgique.
— Juste pour souffler un peu, lança-t-il. On a besoin d’air, de normalité.

Tout le monde accepta avec enthousiasme.

Le train filait à travers les paysages verts du nord, et pour la première fois depuis longtemps, leurs rires emplissaient l’air sans dissonance. Elior regardait par la fenêtre, fasciné par la campagne qui défilait.
Mathis, assis à côté de lui, observait son profil éclairé par le soleil. Il se surprit à sourire. Elior ne tremblait plus. Il ne regardait plus par-dessus son épaule. Ses yeux pétillaient, vivants, sincères.

— À quoi tu penses ? demanda Mathis doucement.
Elior tourna la tête vers lui, un coin de sourire aux lèvres.
— Que j’ai de la chance.
— Pourquoi ?
— Parce que je ne pensais pas que j’aurais droit à une seconde vie.

Mathis serra doucement sa main.
— Alors profite de celle-là.

Arrivés à Bruxelles, ils passèrent la journée à marcher, à rire, à goûter des gaufres trop sucrées et à prendre des photos maladroites. Leo, d’ordinaire plus réservé, semblait lui aussi revivre.
Le soir, ils s’installèrent dans une auberge en périphérie, un petit lieu rustique avec des lits superposés, des rideaux à carreaux et une vue sur un champ immense.

Autour du dîner, les conversations furent légères. Julien racontait ses mésaventures à la police d’un ton ironique, Tharah riait aux éclats, et Lina filmait tout pour « immortaliser la renaissance du groupe ».
Même Elior riait franchement, et ce son-là, Mathis aurait pu l’écouter toute la nuit.

La lune veillait sur le champ silencieux. Tout le monde dormait, sauf Elior, allongé sur le dos, les yeux ouverts vers le plafond.
Mathis, sur le lit voisin, sentit le silence inhabituel et se redressa.
— Tu n’arrives pas à dormir ?
Elior tourna la tête vers lui.
— J’ai juste peur que tout ça soit un rêve.
— Ce n’est pas un rêve, répondit Mathis doucement. C’est ta vie.

Il se leva, traversa la petite pièce, et s’assit sur le bord du lit d’Elior. Celui-ci se redressa, hésitant. Mathis posa sa main sur la sienne, leurs doigts s’entrelacèrent.
— Regarde-moi, dit-il. On a survécu. Tu as survécu. Tu n’as plus besoin d’avoir peur d’eux.

Elior inspira longuement, puis hocha la tête.
— Oui… Tu as raison.

Ils restèrent ainsi, à se regarder dans le silence de la nuit. Puis Mathis se pencha lentement, leurs lèvres se frôlèrent, se cherchèrent, se trouvèrent. Le baiser fut long, chargé d’émotions contenues, de promesses silencieuses.
Quand ils se séparèrent, Elior murmura :
— Merci de m’avoir ramené à la lumière.
Mathis répondit simplement :
— Tu étais déjà la lumière. Moi, je t’ai juste retrouvé dans l’ombre.

Au petit matin, ils prirent un dernier café sur la terrasse de l’auberge. Le ciel était clair, traversé par des nuances rosées. Julien et les filles plaisantaient sur la prochaine destination, Leo lisait tranquillement un journal.
Elior, lui, sortit son téléphone pour prendre une photo du groupe.

L’écran s’alluma… une notification apparut.
Un message, d’un numéro inconnu.

“Nous sommes toujours là. Nous te retrouverons un jour.”

Son cœur eut un léger sursaut.
Il resta figé quelques secondes, le téléphone tremblant entre ses doigts.
Puis il inspira profondément, ferma les yeux… et sourit.

Sans un mot, il verrouilla l’écran, posa le téléphone sur la table, et se tourna vers Mathis.
Celui-ci le regardait, inquiet.
Elior glissa une main derrière sa nuque et l’embrassa, un long baiser calme et certain.

Quand il s’écarta, il murmura :
— Qu’ils soient là ou pas, je n’ai plus peur. Pas tant que je t’ai.

Mathis répondit dans un souffle :
— Alors ils ne t’auront jamais.

Le vent fit frissonner les arbres, le soleil se leva un peu plus haut, et le groupe reprit la route, riant, parlant, vivant — comme si le monde leur appartenait à nouveau.

Le mal n’avait pas disparu. Il rôdait encore, quelque part, tapi dans l’ombre.
Mais la lumière, cette fois, ne faiblissait plus.
Et pour Elior, chaque sourire, chaque souffle, chaque regard partagé avec Mathis suffisait à repousser les fantômes.

Car la peur ne meurt jamais vraiment…
Mais l’amour, lui, sait la faire taire.

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