Conclusions

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 Dehors, le commissaire appela ses collègues restés dans la diligence de police pour prendre l’oncle Scott en charge. S’ils parurent très surpris de voir leur chef arrêter l’avocat, ils ne firent aucun commentaire. M. Scotyard les observa prendre les choses en mains depuis le seuil du manoir. Très vite, il fut rejoint par la petite sorcière. Celle-ci se dandinait sur place, l’air de ne pas savoir à quelle sauce elle allait être mangée.

 — Je suppose que des félicitations sont de mises, lança-t-il finalement avec un certain malaise. Bravo, Agatha. Je t’ai sous-estimée. Tu es sacrément intelligente pour une enfant de ton âge.

 — Je vous remercie du compliment, commissaire. Mais vous savez, je n’ai pas tout fait toute seule. J’ai pu compter sur l’aide de quelques camarades.

 — Ce garnement, énonça le commissaire avec un rire nerveux. Il va m’entendre !

 — Ne soyez pas sévère avec lui, monsieur. Il m’a juste aidée à découvrir la vérité.

 — Ça ira pour cette fois, alors. Une chose me perturbe tout de même. Tout à l’heure, c’est Scott qui m’a sonné pour me demander de venir avec Théodore parce qu’il avait une révélation à faire.

 — En vrai, c’était Juliette. On a testé toute la journée entre copines qui ferait la meilleure imitation de sa voix. Je suis désolée, c’était le seul moyen de vous faire venir avec le tonton Théo.

 — Vous avez donc retourné l’astuce de Scott contre lui. Non, c’était finement joué, Miss Petipois.

 Il souffla puis fit quelques pas dans l’allée afin de rejoindre ses collègues. Mais avant, il adressa encore quelques mots à la jeune sorcière.

 — Je serai peut-être moins strict avec toi, à l’avenir. Ce serait dommage de me passer de tes découvertes.

 Un sourire radieux illumina le visage d’Agatha. Enfin, ses compétences étaient reconnues par M. Scotyard ! C’était peut-être la plus belle récompense qu’elle pouvait en tirer. Il lui demanderait peut-être de l’aide sur des affaires futures, qui sait ? Ou du moins ne lui mettrait-il pas de bâtons dans les roues en la fustigeant quand il la trouve sur son chemin. C’était un pas en avant considérable.

 — Agatha ?

 La sorcière se retourna. Florence et Théodore Pumpqueen patientaient derrière elle, les bras derrière le dos. La peine marquait leurs visages, mais aussi la reconnaissance.

 — Merci pour tout, commença l’écrivain. Sans toi je… J’aurais été envoyé en prison, peut-être pire… Je te dois beaucoup.

 — Vous ne me devez rien, monsieur. Si cette affaire m’a appris quelque chose, c’est qu’il valait mieux éviter d’avoir des dettes envers quelqu’un.

 — Il y a une chose que je voulais te demander, poursuivit Florence. Tu as dit que le poison utilisé était de l’ouabaïne, c’est ça ?

 La sorcière acquiesça. Intérieurement, elle croisait les doigts pour ne pas avoir à expliquer comment elle avait appris cette information. Mais la question de l’épouvantail était toute autre.

 — Comment s’en est-il procuré, au juste ?

 — Je ne peux rien affirmer, c’est pourquoi je n’en avais pas parlé tout à l’heure. Mais je pense qu’il s’est introduit à la Clinique du Saint-Sortilège en se faisant passer pour vous…

 — C’est aussi ce que j’avais imaginé, soupira Florence dans un frisson. Bon sang, je n’aurais jamais cru que Scott…

 — Tout est de ma faute…

 — Oui, Théo. C’est aussi de ta faute.

 Florence se détourna de là. La colère et le chagrin l’envahissaient de nouveau. L’épouvantail à la courge verte tendit une main pour la retenir, mais ne fut pas assez rapide.

 — Je ne m’étais pas rendu compte du mal que j’avais fait à mes proches, soupira-t-il. J’espère qu’ils pourront un jour me pardonner…

 — Peut-être, mais il leur faudra du temps.

 Théodore Pumpqueen la regarda avec un sourire triste puis retourna dans le salon. Au même moment, Béatrice, Juliette et Lisa, portée par la gorgone, revenaient vers elles.

 — C’était incroyable, souffla la gobeline alors qu’elles quittaient ensemble le manoir. Décidément, Agatha, tu m’épates.

 — Oh, ce n’était rien que mes petites cellules grises ne puissent résoudre.

 — Tu plaisantes, j’espère ? J’ai rien vu venir !

 — Et Jacky, comment elle le prend… ?

 L’état de leur amie commune l’inquiétait. Elle l’avait vue pleurer alors qu’elle terminait ses déclarations. Bien sûr, elle avait innocenté son tonton, mais pour cela, elle avait aussi dû prouver la culpabilité du second… Ses révélations ne lui avaient sûrement pas fait que du bien.

 — Elle s’en remettra, assura Béatrice. Bon, je crois qu’elle t’en veux un peu, mais ça va passer. Elle a vu comme nous la réaction de son oncle, elle a compris que tu disais la vérité, je crois. Et la vérité, elle est comme elle est, on peut pas la changer, même pour faire plaisir.

 — En tout cas, la prochaine fois, j’espère bien que tu me feras participer à tes enquêtes, ma vieille ! s’exclama Juliette qui poussait la brouette de Lisa. J’ai pas beaucoup participé, mais j’ai trouvé ça… grisant !

 — Oh, arrête, tu n’as pas idée de ce qu’elle est capable de nous faire faire ! s’étrangla le portrait en roulant des yeux. Tu sais que l’autre fois, elle nous a emmenés dans le manoir Carotide, avec Romulus ?

 — Mais non ?

 Ainsi discutèrent-elles toutes les quatre avant de se séparer pour rentrer à leur maison respective. Il était déjà tard et, quand elle pénétra dans sa chaumière, une agréable odeur de chocolat fondu accueillit la petite sorcière. Sa maman avait racheté de la glace, finalement. Elle l’attendait pour manger. Mais avant de passer à table, Agatha fila dans sa chambre. Là, au-dessus de son bureau, aux côtés d’une poupée vaudou et d’un petit os de rongeur, elle déposa la vieille cassette VHS de Scary Boo. Jacky lui en avait fait cadeau juste avant ses révélations. On ne pouvait plus la visionner, bien sûr. Cela n’en restait pas moins un trophée de choix pour saluer la résolution de sa troisième enquête.

 — Chérie, tu viens, ça va encore fondre !

 — J’arrive maman !

Fin

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