Vague à L'âme
Cette nuit, j'ai rêvé du mur. Ce mur auquel j'ai parlé tout au long de l'été dernier. Ce mur est situé dans le grenier de la maison de vacances chez ma grand-mère à la mer. Je me suis assis sur le canapé vert défraîchi à compter les petits trous faits par les punaises. En deux mois, j'ai compté une centaine de fois, vingt petits trous.
Des trous qui représentent le vide de ma vie actuelle depuis la perte de la propriétaire des lieux. Tout l'été, ma soeur, la trentaine dynamique a commencé à vider quelques affaires et rénover. Moi j'ai que cinq ans de moins et je suis encore peu mature. Jeune homme casanier, je fume énormément, rêvant d'un monde meilleur ou de mon enfance.
Lise n'a pas continué à chercher à me motiver pour faire le tri. Pourtant, elle l'avait tenté le deuxième jour :
- Lucas, allez aide-moi !
J'étais vautré sur le canapé, un joint à la main, en short et débardeur.
- Pour quoi faire ? Tu le fais très bien !
Elle s'assoit sur le rebord l'air désespéré.
- Je sais que tu aimais beaucoup mamie et moi aussi. Elle nous a élevés et ...
- Pourquoi tu veux tout virer ?
- Car sur son testament, elle nous a autorisés à bazarder quelques affaires ...
- Oui bé si tu l'as aimé autant que moi, ne jette rien !
Elle semble gênée et j'en suis fier.
- Je compte pas tout jeter ! Mais quelques vielles affaires comme ses vêtements ou quelques vaisselles. Puis commencer quelques rénovations avec de la peinture et c'est pour cela que j'ai besoin de toi.
- Laisse-moi faire mon deuil tranquille !
- Comme tu veux.. J'aurais tenté au moins...Sinon, tu comptes bosser un jour ?
- A ton avis ?
Elle se lève sans un mot de plus. Les repas furent silencieux jusqu'à la fin de l'été. Si grand-mère voyait le résultat elle serait fière dit ma soeur mais moi je pense le contraire.
J'ai passé plus de temps avec mamie Lucette que ma soeur Lise. Nos parents nous on quitté dans un tragique accident quand j'avais six ans. La mère de notre père nous a élevé depuis. La maison est en bord de mer en Bretagne. On allait apprendre à pêcher des mollusques ou des crabes, ou on faisait du vélos.
Quand je fixe le mur, je la voie encore vaillante sur sa canne. Elle a eu une crise cardiaque. On a répandu ses cendres dans la mer. Ma deuxième mère.
Faut que j'arrête de me morfondre, elle a raison ma soeur ! Même Lucette n'aurait pas voulu. La mort fait partie de la vie. Mais que faire aujourd'hui ? Je descend voir Lise entrain de préparer les valises. Elle repart chez elle, à Nantes. Moi j'ai toujours vécut ici.
- Tiens un revenant !
- Lise, j'ai décidé de bosser. Tu voudrais pas m'aider pour mon CV ?
- Tu veux travailler où ?
- Je pensais poissonnier moi qui aimait la pêche
- Faut savoir se lever tôt !
- Je le ferais
- Je reprend mon poste que dans quatres jours. Tu me fais pitié, alors je vais t'aider.
- Merci soeurette !
Je m'avance pour l'enlacer.
- Ne me déçoit pas frangin !
- Oui
Deux mois plus tard, je m'accomode au poste de poissonnier proche de la maison. Lise m'appelle de temps en temps. J'apprends à arrêter de fumer et respecter des horaires. Mamie Lucette serait fière de moi !
Au mur j'ai accroché des photos de familles et en rentrant du travail, je les observe avec nostalgies.
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