Le 16/05/2017

10 minutes de lecture

Non, je ne suis pas une petite fille qui ressent le besoin de confier ses petits états d'âmes mesquins à un "cher journal". Non. Ceci est la relation de quelque chose qui me dépasse tellement que j'ai besoin de le poser à plat. Et comme je ne sais pas combien de temps durera ce besoin, puisque rien n'est achevé, encore, je ne peux pas en faire un récit linéaire d'une seule traite. Alors ce sera un journal.

Et puisque je veux poser les choses à plat, allons-y pour la partie la plus chiante :

Je m'appelle In Tenebris Fiat Lux. Et oui c'est mon nom. Quoi il est bizarre ? Non. Il a du sens. Il signifie "Dans les ténèbres que la lumière soit". Et non seulement il a du sens, mais en plus il m'a été donné par quelqu'un qui a une place unique et privilégiée dans mon coeur et dans ma vie. J'autorise les gens à m'appeller "Inté" dans un souci de commodité. Mes vrais intimes m'appellent tous "Lux". Si vous vous permettez de m'appeller comme ça sans faire parti de ce cercle très restreint, je vous promets que je trouverais une façon de vous le faire payer. Avec les intérêts.

Alors oui j'ai un état civil un peu plus "normal" mais il ne compte pas. C'est un masque que je porte par nécessité, souvent, mais quand je veux être moi - et ici c'est surtout une necessité - c'est toujours In Tenebris Fiat Lux. Alors il n'a aucune importance en ces pages, cet état civil.

J'ai d'ores et déjà atteint l'age canonique de vingt cinq ans. Un quart de siècle. Ca passe vite. Ca passe putain de vite. Et ouais j'ecris plutôt bien pour une gamine de vingt cinq ans du vingt-et-unième siècle hein ? Mais c'est parce que j'aime écrire. C'est facile d'écrire. Surtout en français. On écrit n'importe quoi et pfffft ca fait du beau, just because c'est le français.

Alors oui j'écris bien. Mais je fais des efforts. Je m'applique. Et quand j'oublie de le faire ben ca donne des trucs un peu moins beaux. Mais c'est pas l'important. J'apprend. J'ai le temps d'apprendre. Enfin je crois. Et je dévie.

Bref, je m'appelle In Tenebris Fiat Lux et j'ai vingt-cinq ans.

Ouais tout ça pour ça. Je suis félée comme ça. Et pour continuer sur ce côté hautement pénible, je suis d'accord, je suis étudiante en psychologie. Seconde année de doctorat (ouais j'ai un peu d'avance, on s'en fout non ?) en psychologie. Psycho cognitive, psycholinguistique appliquée et psychopathologie criminelle très précisément. Oui oui je prépare une thèse sur l'application de la psycholinguistique au diagnostic des psychopathologies criminelles. Relisez lentement plusieurs fois si vous avez du mal a comprendre, ca viendra peut-être, qui sait ?

Quoiqu'il en soit je ne fais pas ça par hasard, voyez-vous. Je savais déjà que je serais en train de bosser cette thèse précise des années avant d'y être. Quand les autres lycéens s'imaginaient etre "ci ou ça mais en fait je sais pas parce que tu vois c'est trop dur" la petite In Tenebris Fiat Lux (ouais c'était chiant de l'écrire en entier à chaque fois au début mais on s'y fait), elle, elle savait déjà depuis longtemps ce qu'elle allait faire. La petite In Tenebris Fiat Lux elle sera flic. Mais pas le genre de flic qui fait la circulation ou qui arrête le meutrier par accident, non. Je veux intégrer la crim, la section homicide de la crim. Parce que putain de merde, je veux traquer tous ces salopards qui croient que ce putain de monde est leur putain de terrain de chasse (ouais je dis beaucoup putain quand je m'enflamme, faut s'habituer, après ca passe tout seul).

Nan, en vrai je veux faire plus que les traquer. J'ai cette putain d'idée, vous voyez, qui pourrait aider à les traquer partout, où qu'ils se planquent. Et cette idée là, faut que je prouve qu'elle marche, putain. Je pourrais pas le faire comme ça. On me laissera pas la place pour ça. Putain. J'ai pas la crédibilité pour ça, même avec un doctorat en poche. Alors faut que je le prouve en foutant une telle claque dans la gueule des gens qu'ils devront faire avec mon idée. Que ce sera comme ça et c'est tout. Alors je vais devenir flic à la crim. Et je vais prouver que mon idée marche à la dure, en m'en servant moi-même pour mettre ces saloperies a l'ombre. Parce que la petite In Tenebris Fiat Lux elle est comme ça. Et ouais.

M'enfin bref, je m'égare. Mais quand je me lance là-dessus, on m'arrête pas. Surtout si y a que moi pour m'arrêter. Pardon. Et ouais je sais que vous vous dites que ça cache un truc. Que pour être à ce point remontée je dois avoir subi des trucs sexuels chelou quand j'étais gosse. Ben nan, raté. Et nan, je cache rien. C'est juste pas arrivé. Ma putain de sexualité est sans doute la seule putain de chose qui a toujours parfaitement bien été dans ma putain de vie. Nan, j'ai juste la rage contre beaucoup beaucoup de choses et contre ces connard -et connasses ne soyons pas sexiste- là en particulier. Principalement parce que je sais que c'est sans doute le seul truc vraiment utile que je peux faire pour aider à assainir le monde. Et putain je veux pas mourir sans avoir fait quelque chose d'utile de ma vie. Un seul putain de truc (ouais, j'aurais pu choisir moins ambitieux mais non, sinon j'aurais été utile qu'a moi ou a quelques personnes. Je veux avoir été utile au monde, sinon j'aurais jamais servi à rien, putain).

Bref, je m'appelle In Tenebris Fiat Lux, j'ai vingt-cinq ans, je suis en seconde année de doctorat es pychopathologie criminelle et je me destine à la carrière d'officier de police judiciaire.

Je suis également lesbienne. Tant pis si ça choque certains arrièrés, ca fait tellement parti de mon identité que je dois le poser : oui j'aime les femmes. Par contre mes rares vrais amis sont tous des hommes. Probablement parce que je regarde les femmes comme un homme. Probablement parce que j'ai un caractère de "garçon manqué" (putain ce que je deteste cette expression. Je suis pas un garçon manqué. Je suis une fille réussie, et plutot bien avec ça, d'après ce qu'on me dit). Dans tous les cas je me sens mieux en amitié avec des hommes mais je n'en veux pas dans mon lit. Tous mes amis ont compris ça et me foutent la paix la dessus. Foutez moi la paix la dessus et j'aurais envie de vous connaitre, d'emblée, d'ailleurs. C'est comme ça que j'ai connu un de mes amis. J'étais dans une putain de robe decoletté (je mets jamais de robe, ce soir la j'ai du, c'est comme ça) et il a ete le seul mec a pas reluquer une fois mes nichons. Le seul putain de mec de toute la soirée. Je lui aurais roulé une pelle rien que pour ça. Au lieu de ça on a fini la soirée en se partageant une bouteille de sky et même torché il n'a pas reluqué mon décolleté. Et ben vous savez quoi ? Non, il est pas gay. Juste respectueux. Un pote commun lui avait dit que j'étais pas intéressée par les hommes et il a respecté ça sans me faire quand même sentir son attirance à lui juste parce que "on sait jamais des fois qu'elle veut essayer avec un beau mec comme moi". Je sais pas vous, mais moi je l'aime pour ça. Parce que lui il a compris que ben non, je voudrais jamais essayer avec un mec (ouais enfin, j'ai déjà eu une relation longue durée avec un homme, mais c'était différent et je vous parlerais forcément de lui, il fait parti de la putain d'histoire que je vais essayer de raconter. Et même s'il en faisait pas parti, je parlerais quand même de lui, rien que parce qu'il fait parti de moi, lui. Et ouais je sais mes parenthèses sont souvent plus longues que mes phrases. Tant pis).

Et puisqu'on est dans le sujet : je suis lesbienne, ouais et je suis aussi dominante dans le cadre de relations BDSM. J'adore dominer les autres femmes au lit. Quand je vois une belle fille qui me sourit, j'ai toujours ce "miam" dans la tête. Je vois, j'ai faim. D'elle. Cette fille qui me sourit. Mais je sais me tenir. Avoir envie de confiture ne veut pas dire avoir le droit de mettre la main dans le pot, hein ? Par contre je suis très vorace. Et très difficile à satisfaire. J'arrive pas à avoir d'histoires qui dure parce que j'arrive pas à ne pas coucher avec une autre fille qui m'a plue et a qui j'ai plu. Du coup mes histoires c'est souvent des drames larmoyants. Et j'en ai putain de marre de ça. Mais en vrai je veux pas changer de façon d'être. Ca me convient ça. Ca me va vraiment putain de bien cette façon de vivre ma sexualité, surtout que j'y arrive sans faire de mal a personne. Au contraire, je fais du bien dans un lit. Je voudrais juste quelqu'un qui m'accepte comme ça sans essayer de me changer. Mais ouais je sais je sais je sais, j'en demande beaucoup trop là. Donc je demande rien. Et je finis toujours toute seule. Putain de marre.

Bref, je m'appelle In Tenebris Fiat Lux, j'ai vingt-cinq ans, je suis en seconde année de doctorat es pychopathologie criminelle, je me destine à la carrière d'officier de police judiciaire, je suis lesbienne et je suis dominante (ca commence à faire beaucoup je sais mais c'est pas encore terminé, navrée).

Autre chose d'important à savoir sur moi : je suis sataniste. Et je vous en prie calmez-vous. Je parle du satanisme LaVeyen. Il s'agit plus d'une philosophie de vie que d'une religion au sens strict. Une philosophie qui utilise Lucifer comme une allégorie métaphorique pour nous apprendre qu'il ne sert à rien de vénérer des divinités ou de suivre des règles et des dogmes. Que nous sommes chacun nos propre dieux. Je crois à ça. Je crois que je peux me dépasser moi-même, devenir la meilleur version de moi-même possible, et être ma putain de propre déesse (ou comme le dirait celui qui m'a baptisée In Tenebris Fiat Lux, ma propre reine).

Alors je sais, le mot fait peur. Sataniste. Elle serait pas un peu fondue du bocale, la petite In Tenebris Fiat lux, des fois ? Elle veut faire des rituels vaudous plein de sang et de sexe les nuit de pleine lune ? Et ben nan, pas plus que vous. Je veux juste devenir la meilleure moi possible. Et je vous emmerde si ca vous gène. Il faut arrêter d'avoir peur des mots. De leur accorder le pouvoir de nous faire peur. Il faut se réapproprier les termes effrayants. Reconstruire leur sens. Les transcender. C'est comme ça qu'on transcendera l'humain. Pas autrement. Donc putain ouais, je suis sataniste. Et je suis fiere de mon satanisme, parce qu'il dit du beau sur l'humain. Et non ma religion n'est pas une insulte à celle des autres.

Bref, je m'appelle In Tenebris Fiat Lux, j'ai vingt-cinq ans, je suis en seconde année de doctorat es pychopathologie criminelle, je me destine à la carrière d'officier de police judiciaire, je suis lesbienne, je suis dominante et je suis sataniste.

Ca commence à faire un sacré dossier, tout ça, vous trouvez pas ? Bon ben je vais juste rajouter un dernier détail, le reste viendra en écrivant. Je suis metalleuse. J'aime le métal. J'en écoute sans arrêt. Du black metal, surtout, en ce moment, mais tout ce qui est métal, sinon, quand même. La j'écris avec Arch Enemy, le morceau "You Will Know My Name". C'est approprié, je pense. Après ce moment de lecture, vous allez le connaitre mon nom. Et par coeur, même. Mais je suis pas juste metalleuse parce que j'écoute du metal. Je le suis parce que je suis metalleuse. Dans mon style, mes attitudes, ma facon d'écrire, de penser, de parler. J'ai toujours un morceau de metal quelque part dans la tête quand je peux pas l'avoir dans les oreilles. Et ça me porte. Et je m'y noie. Et c'est moi. Mon univers. Ma putain de maison.

D'ailleurs je joue de la basse. Ma basse c'est mon trésor. J'y tiens plus qu'a ma putain de vie. Mais c'est tout ce qu'il me reste de celui qui m'a appris à en jouer. C'était un putain de dieu de la basse. Le meilleur bassiste que j'ai jamais eu l'honneur d'entendre de mes oreilles. Je l'ai tellement tanné pour qu'il m'apprenne à jouer. Tellement tellement tanné. Et il a fini par céder. "J'apprend à personne, je suis pas prof, je joue, c'est tout." Pourtant à moi il m'a appris. "T'es la seule exception que je ferais Lux, la seule" (ouais Lux). Et il m'a appris à jouer. Moins d'un an plus tard il avait un grave accident de voiture. Un connard trop bourré. Il rentrait juste chez lui après avoir été cherché sa femme à la gare, après deux moins de séparation. Tous les deux tués sur le coup.

Et dans son testament, y avait une clause. Il avait ajouté cette putain de clause : sa basse me revenait. Sa basse à lui. Celle qu'il utilisait à chaque putain de concert depuis plus de vingt ans. Pour moi. Ouais c'est juste mon trésor. Elle vaut plus cher que ma vie, cette basse. Plus cher que tout ce que j'aurais jamais. C'est toute son âme qu'il m'a legué. A moi.

Bref, je m'appelle In Tenebris Fiat Lux, j'ai vingt-cinq ans, je suis en seconde année de doctorat es pychopathologie criminelle, je me destine à la carrière d'officier de police judiciaire, je suis lesbienne, je suis dominante, je suis sataniste et je suis metalleuse.

Et en plus de tout ça j'écris trop. Et en étant trop bourrée.

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