2 . Secousse

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« Ca va mieux ? » demanda Gloria, ses cheveux blonds coiffés en un chignon rapide retombant devant ses yeux.

Banjet baissa la tête vers le bandage en écharpe que lui avait trouvé la jeune femme, et acquiesça, tout en remuant l'autre bras.

« Je ne sens plus vraiment la douleur, répondit-il. Merci beaucoup, je tenais vraiment à garder mon bras. »

Gloria sourit, puis lui serra vigoureusement la main pour l'aider à descendre de la table d'auscultation. Partout autour de lui se trouvaient diverses machines, des éléctrocardiogrammes aux bouteilles d'oxygènes, rangés soigneusement derrière des vitrines de plexiglass. La cabine d'infirmerie était petite, mais assez spacieuse pour faire passer tous ces appareils et deux à trois personnes. C'était une des parties de la navette qui n'avait pas été touchée par la violence du crash, et qui, par chance, possédait un matériel entièrement opérationnel. La jeune femme aux cheveux blonds avait facilement déniché les bandages nécéssaires à la confection du bandage triangulaire.

Elle l'invita à le suivre, et ils débouchèrent sur la cabine de transport, où se trouvaient encore tous les enfants de la Centaurus. Ils s'étaient rassemblés en un grand groupe, et avaient arrêté de parler. Banjet, en apercevant Casimir, un jeune homme à la peau tanée par le soleil et aux cheveux noirs maintenus en arrière par un élastique, debout sur un caisson, comprit qu'il s'apprêtait à faire un discours. Lui-même s'arrêta alors près de lui, en s'asseillant sur une caisse de matériel.

« Ecoutez-moi tous ! s'exclama le jeune homme, alors que toutes les têtes se tournaient vers lui. Je m'appelle Casimir, et j'ai le regret de vous annoncer que nous ne sommes plus dans le Phoenix. Nous nous trouvons en ce moment même à l'intérieur d'une navette Centaurus, et celle-ci s'est écrasée sur une planète inconnue. »

Des hoquets de stupeur fusèrent entre les rangs à cette annonce, certains enfants se serraient la main, d'autre attendaient la suite du discours avec impatience.

« Du calme ! s'écria Casimir en levant les bras. Nos parents sont encore sur le Phoenix, et si vous voulez avoir une chance de les rejoindre un jour, il vous faut rester soudés, et obéir à mes ordres ! À partir de maintenant, nous sommes en terrain hostile. Ne quittez sous aucun prétexte la navette, et surtout, comptez-vous en toute circonstance. Si vous voyez que quelqu'un manque à l'appel, prévenez immédiatement Gloria, Izobel, ou moi.

— Je nous ai comptés, souffla Gloria. Nous sommes soixante-et-onze. Il n'y a pas de blessés graves, juste quelques bleus, deux ou trois côtes cassées et une cheville tordue.

— Très bon boulot, la félicita le jeune homme. Banjet ? »

Ce dernier se tourna vers Casimir, intrigué.

« Tu veux te joindre à notre équipe de commandement ? demanda-t-il. On s'est dit que les plus âgés devraient prendre la main.

— Je suis sûre que tu seras entièrement rétabli d'ici peu, renchérit Gloria d'un air entendu.

— Bien sûr, acquiesça l'adolescent. Est-ce que je peux vous aider pour quelque chose ?

— Il faut préparer un couchage chaud à tous les enfants de la navette, s'enquit Izobel, une jeune fille à la peau noire et aux cheveux rasés. Le soleil vient de se lever, mais vu la vitesse à laquelle il monte dans le ciel, on ignore combien de temps dure une journée, ici. N'hésite pas à demander de l'aide aux enfants qui n'ont subi aucun dommage.

— Quand tu auras fini, ajouta Ondyne, passe par le poste de pilotage. On a quelques réglages à faire, le tableau de bord a été endommagé durant le crash. »

Banjet répondit d'un sourire, et se détourna. Un petit groupe d'adolescents commentaient à voix basse l'intervention de Casimir, et se tourna vers lui alors qu'il s'approchait.

« J'ai besoin de soutien physique pour trouver les sacs de couchage, déclara le jeune homme. Est-ce que vous seriez disposés à m'aider ?

— Non merci, gronda l'un d'entre eux, un garçon aux cheveux blonds rasés et au visage piqueté de taches de rousseur. On a autre chose à faire.

— Casimir a demandé de ne pas contester ses ord...

— J'en ai rien à foutre ! s'écria l'autre en se levant d'un bond. Je suis resté conscient durant notre voyage, à la différence de toi ! Je sais ce qui est arrivé au Phoenix. Nos parents n'ont pas survécu. Alors si tu crois que je vais écouter ce minable et ses mensonges à deux balles, tu te... »

Tout à coup, la navette entière s'ébranla, et tous les enfants tombèrent au sol, tant la puissance de la secousse était forte. On entendit un grincement rauque, comme des pierres qui raclaient contre le métal de la Centaurus, puis tout redevint normal. Les néons du plafond se rallumèrent brusquement, et Banjet se releva, l'air inquiet.

« Tout le monde va bien ? s'exclama Gloria en déboulant dans la pièce, Casimir et Ondyne sur ses talons.

— Qu'est-ce que c'était que ça ? demanda le jeune homme brun, en s'approchant de l'autoproclamé capitaine.

— On aurait dit un tremblement de terre, gémit un enfant, tout près. Il y en avait des comme celui-là, chez moi, au Mexique.

— Il n'a pas tort, renchérit Ondyne en se tournant vers Casimir. Est-ce qu'on est sur une planète instable ?

— J'aimerai beaucoup te dire que non, soupira le jeune homme. Mais je n'en ai pas la moindre idée. L'idéal serait de sortir faire une reconnaissance, mais nous devons d'abord réparer l'ordinateur pour qu'il scanne l'atmosphère de la planète. Nous n'avons que deux combinaisons en état, les deux autres ont été déchirées durant notre chute. Les réparer prendra du temps, elles sont faites en nano-fibres, et les machines qui confectionnent ces tenues ne se trouvaient que dans le Phoenix... »

Gloria se pinça les lèvres, pensive, tandis qu'Ondyne croisait les bras. Banjet, quant à lui, était perdu dans ses réflexions. Son esprit était torturé à la simple idée que ses parents n'avaient pu s'échapper du Phoenix. Tout n'est pas perdu, songea-t-il. Arrête de penser à ça.

« Je l'ai ! s'exclama soudain la jeune femme blonde, un sourire au lèvres. Il doit y avoir une imprimante 3D dans le local de la navette. J'en ai utilisées plusieurs lorsqu'on était dans le Phoenix, et je suis certaine qu'on peut imprimer d'autres combinaisons. De plus, les casques n'ont pas été endommagés, ce qui nous en laisse deux de plus !

— Tu es définitivement un génie, la félicita Casimir, avant de reprendre un air plus sérieux. Gloria, accompagne Banjet et quelqu'un d'autre, montre-leur comment imprimer les combinaisons. Ils nous en faut au moins deux de plus au plus vite. Ondyne... »

Un terrible grincement aigu, semblable aux premiers, résonna soudain dans la Centaurus. Banjet plaqua sa main valide sur son oreille, serrant les dents. Un fracas retentit à l'autre bout de la cabine, et une nouvelle secousse, cependant moins importante que la première, fit vibrer le vaisseau. Il y eut un bref instant de silence, mais les grincements se répétèrent, et la navette bascula soudain en arrière d'une dizaine de degrés. Quelques enfants tombèrent à terre, et les caissons glissèrent vers la partie penchée. Les fracas cessèrent enfin, et Casimir se tourna vers son équipe, l'air paniqué.

« Très bien, changement de plan ! s'exclama-t-il. Gloria, Banjet, filez aux imprimantes 3D. Ondyne, tu viens avec moi. On va sortir de la navette avec les combinaisons et voir pourquoi on a glissé. Izobel, prend les commandes, et ordonne à une équipe de réparer l'ordinateur. Les combinaisons nous seront utiles uniquement si l'air est irréspirable.

— Faites attention, souffla l'adolescente aux cheveux ras, avant de se diriger vers d'autres enfants.

— On va vraiment sortir d'ici ? s'étrangla Ondyne en attrapant Casimir par les épaules. Je veux dire... Sur une planète inconnue ?

— On a suivi le même entraînement avant de quitter la Terre, non ? la tança le jeune homme. Alors on va y arriver. Avec de la chance, on a juste subi un glissement de terrain sans importance. »

Banjet voulut souhaiter bonne chance à ses deux camarades, mais Gloria le tira en arrière et ils s'engagèrent dans le couloir, en direction du local. Intérieurement, il priait pour que rien ne leur arrive.

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