Melrose
Niché au creux de sa maison,
Le vers creuse une galerie
Sa bouche sans dents avale la juteuse chair
De la défendue pomme cramoisie.
Sur la branche, Melrose rougit.
Sans se soucier de son habitant,
La petite pomme grandit.
« Oh », fait-on en la voyant, « quel beau fruit ! »
Pendant ce temps l’asticot grignote
Les pépins verdissent et l’intérieur noircit
Un mal de cœur la prend alors Melrose marmotte
« Si tu continues, tu n’auras rien à manger, et je serai pourrie ! »
Mais le vers est gourmand rien ne l’arrête
Il se délecte de ce jus
Alors Melrose se balance, se balance
Pour éjecter le malotru
Sa tige cède d’un claquement
La malheureuse roule et se cabosse
Les insectes approchent pour se l’approprier
Elle tremble et hurle sous leurs pattes affamées
« Dommage » pense-t-on d’elle à présent
Sa pelure brune tachetée dégoûte les enfants
« Maudit vers », se plaint-elle, « tu as tout gâché ! »
Ne pleure pas, Melrose, eux aussi voulaient te manger.
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