La guerre

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-Une guerre ? Mais contre qui ? M'exclamais-je surprise et je devais bien l'avouer, un brin affolée. Les démons, les faes ? En tout cas, il ne s'agissait pas des sorcières, Maddy et les autres avaient beau aimer leurs situations actuelles, elles ne prendraient le risque ni de trahir les leurs, ni de se mettre leurs stricts et vieux jeux conseil a dos. Peut-être les loups garou alors ? L'homme à l'odeur de café, était-il un éclaireur ? C'était étonnant, je l'aurais qualifié de tout, mais pas de simple éclaireur. Malgré sa méfiance et son appréhension habituelle que dégageaient les loups aux contacts des vampires, celui-ci ne semblait pas particulièrement hostile.

Maddy ignora mes questions et rejoignit la foule de vampires agitée entassée devant une estrade en bois sur laquelle Keith, sans doute le vampire le plus arrogant de tout le pays, était assis le dos droit et le menton haut. Il survolait ses sujets d'un regard perçant, ses pupilles rouges rubis passaient de personne en personne pour finir par se poser sur moi. Un frisson de dégoût et de peur me parcourut et je dus me faire violence pour rester sur place, je serrais les dents et inclinais la tête en signe de salut. Il sembla satisfait puisqu'il se détourna me laissant reprendre mon souffle qui s'était coupé dans ma gorge alors que mon cœur battait à cent à l'heure dans ma poitrine. J'étais persuadé qu'avec leur ouïe, tout le monde pouvait l'entendre.

Sans relever la tête pour faire profil bas, j'observais avec un dégoût tout particulier cet homme vieux de presque deux siècles. Pas étonnant que tous le respectent ou le craignent, parfois même les deux. Un vampire de cet âge, et même n'importe quel surnaturel de cette trempe développait une expérience et des pouvoirs pouvant pulvériser les plus déterminés d'entre nous. Ici, sa parole faisait office de vérité. Un vampire de cet âge, et même n'importe quel surnaturel de cette trempe développait une expérience et des pouvoirs pouvant pulvériser les plus déterminés d'entre nous. De longs cheveux noirs lisse et brillants lui tombaient jusqu'à la taille, une couleur caractéristique des mâles de mon espèce, là où les femelles arboraient une chevelure blanche platine parfois argentée. Il avait un visage ovale très allongé, des lèvres fines et rouges, comme si le sang dont il se nourrissait les tachait de manière indélébile, encadrant une dentition parfaite. Il était habillé d'un pantalon pour homme gris, ample et élégant, comme toujours, une chemise blanche qui faisait penser à celles des aristocrates d'en temps et une chevalière en argent sur son pouce droit.

-Mes vampires, mes très chers vampires, aujourd'hui est arrivée l'opportunité de me prouver votre valeur et votre dévotion. S'exclama Keith d'une voix forte et claire, les bras ouverts et tourné vers nous de façon théâtrale, les provocations de Mezaquiel ont assez duré, demain la guerre débutera officiellement. Rugit-il d'une voix forte auquel il insuffla une once de son pouvoir dévastateur pour exciter les foules, les vampires tout autour l'acclamèrent bruyamment lui signifiant leur soutien.

-Il parait que tu as aussi trouvé un cadavre hier soir, me chuchota Maddy à l'oreille pour que je puisse l'entendre autant que pour éviter les vampires trop curieux aux alentours. Noah, pensais-je immédiatement, le vampire se trouvait sur le bord de l'estrade dans une position solennelle, les mains dans le dos et une expression approbatrice sur son visage pâle. Il n'y avait que lui au cournt pour la jeune femme assassinée, en même temps même remonté contre son chef il lui restait mortellement dévoué.

-Alors les cadavres laissés de plus en plus près des planques de Keith sont les provocations en question ? Demandais-je plus par curiosité que par réel intérêt, la petite sorcière à mes côtés hocha la tête.

-Ca et d'autres choses que tu n'as pas besoin de savoir. Je grimaçais face à sa réplique même si je savais qu'elle ne c'était pas voulu méchante, elle connaissait forcément mon aversion pour Keith, de toute manière ça se voyait à ma tête, ce que je foutais là ? Je me posais la question depuis une bonne heure déjà, si c'était simplement pour déclarer la guerre, il suffisait d'envoyer un message groupé à tout le monde. Et puis Noah n'aurait pas tardé à refaire surface d'une pour assouvir ses besoins de passer ses nerfs et de deux pour râler ce qui m'aurait immédiatement mise au courant.

Je soupirais, me passais une main dans les cheveux qui devaient sans doute sentir la friture, le café et l'alcool, puisque je n'avais pas pris le temps de faire un shampoing, les sacrifices à faire pour travailler dans un pub, ça et les avances douteuses des clients bourrés. Je slalomais agilement entre les corps et les vampires excités pour me diriger vers une grande porte métallique sur le côté du vieux bâtiment, rapide et discrète, Maddy ne me vis même pas partir. Je m'éclipsais de la chaleur lourde et moite de la grande salle et inhalais avec soulagement l'air plus sec de l'extérieur. Des mégots de cigarettes jonchaient le bitume à mes pieds et j'écrasais songeuse les cendres grisâtres du bout de ma chaussure. Cette histoire de guerre ne m'arrangeait pas, j'avais déjà du mal à vivre un semblant de vie normale, je me serais bien passé de tout ce qu'impliquait un conflit à grande échelle entre les deux vampires les plus puissants de Los Angeles.

Je ne connaissais pas Mezaquiel, mais j'avais entendu assez de rumeurs sur lui pour savoir que tout comme Keith, il ne valait mieux pas l'approcher. Ses sbires étaient connus pour ne jamais laisser de témoins, ni même faire preuve de pitié. Les histoires étaient toujours biaisées et amplifiées, mais avec des vampires, il valait mieux s'attendre à tout. La porte en métal derrière moi s'ouvrit et des bras vinrent se poser mollement sur mes épaules alors qu'un poids venait pousser contre mon dos.

-Tu es venue ? Je ne pensais pas que tu prendrais cette peine. Susurra Noah à mon oreille la fatigue et la tension facilement discernable dans sa voix, après tout être le second d'un chef de clan en guerre ne devait pas être de tout repos.

-Maddy me l'a demandé et tu sais bien que Keith lui-même, lui transmet les ordres, répliquais-je sans me retourner les dents serrées. Je gardais pour moi que ne pas venir aurait signé mon arrêt de mort, une provocation pareille en ce moment, personne ne l'aurait supporté. Un sbire m'aurait égorgée pour laver l'affront et monter dans l'estime de Keith dans la soirée qui aurait suivi.

-J'aurais plaidé en ta faveur, tu sais. Plaisanta le vampire les doigts de sa main gauche venant jouer avec des mèches de mes cheveux.

-En échange de quoi ? Rien n'est gratuit avec vous deux.

-Ton corps ? Ton âme ? Peut-être les deux.

-Trop cher payé pour un si petit service, répondis-je en me défaisant de sa prise, évidemment s'il avait voulu, je n'aurais jamais pu lui échapper. Mais Noah aimait jouer avec ses proies et moi, je jouais avec le feu en restant avec lui. Si j'avais conscience que notre relation n'avait rien de saine ? Évidemment, elle était même toxique, mais pour l'instant elle ne me pesais pas, alors je le laissais faire. Parfois même, j'y gagnais quelque chose à la fin.

-Jill, c'est la première fois que tu es impliquée dans une guerre ? Parfois même, j'y gagnais quelque chose à la fin. Tu ne seras pas obligée de combattre, mais il faut que tu saches que désormais tout membre du clan devient une cible et un moyen de gagner du terrain. Si tu croises le chemin d'un ennemi, soit, tu fuis soit tu le tues. Je fronçais les sourcils, croisais les bras sur ma poitrine pas tout à fait rassurée par ce qu'il me révélait. Je sais que tu as passé un accord avec Keith, mais les choses vont devenir différentes alors si tu reçois un ordre obéi, si tu as l'occasion d'obtenir des informations quelles qu'elles soient saisies là. Tu comprends Jill ?

-Je ne veux pas faire cette guerre, je ne sais même pas qui est Mezaquiel, soupirais-je en levant les yeux au ciel.

-Si tu ne le fait pas le clan considérera que tu nous as trahis, s'il te plaît Jill, coopère au moins. J'aimerais bien me passer de devoir te décapiter dans les semaines à venir. Je me passais de lui dire que j'apprécierais également qu'il se retienne de séparer ma tête de mes épaules, mais je savais également que cela ne dépendait pas de lui. Alors je hochais la tête pas tout à fait certaine de comprendre dans quoi je m'engageais ni ce que cela représentait. Il sembla s'en satisfaire parce qu'il posa une main approbatrice sur mon épaule, ses yeux ne reflétaient plus aucune trace de folie, c'était dans ces moments-là que je me demandais si le Noah de maintenant et celui d'hier étaient les mêmes. Le même corps, la même personne et pourtant deux comportements tellement différents.

-Je peux y aller ? Demandais-je fatiguée, j'étais pressée de rentrer chez moi aussi délabré mon appartement, soit il.

-Il reste encore quelques précisions à donner, mais si tu pars maintenant personne ne le remarquera, je te couvrirais. De toute manière, tu es trop jeune pour que ces choses te concernent vraiment. Je n'avais aucune envie de lui devoir quelque chose, mais je sentais que je commençais à être sur les nerfs, mon dernier repas remontait à trop longtemps, mes instincts allaient refaire surface bientôt. Je le saluais d'un signe de la main et sautais sur le toit du bâtiment pour en rejoindre un autre plus loin, rejoignant petit à petit le centre-ville.

Je détestais devoir me nourrir, en tant que vampire le sang était passé d'un goût métallique et poisseux à un met délicieux, sucré et revitalisant. Et c'était ce qui me dégoûtait le plus, le fait que j'appréciais ça un peu plus à chaque fois que je m'en nourrissais. Le soir de ma transformation, puant la mort et misérable au possible, je mourrais littéralement de faim, pourtant malgré mes maux de ventre et mon envie de sang, j'avais été incapable d'avaler quoi que ce soit. C'était une vampire solitaire qui vivait dans l'immeuble d'en face qui m'avait trouvée, elle m'avait plaquée au sol et m'avait forcée à avaler jusqu'à ce que je n'ai plus faim pour le mois à venir. Et puis j'avais appris à me nourrir, d'abord, j'avais été incapable de me retenir de tuer, ça avait été le plus dur, je m'étais détesté pendant les dix premières années en tant que vampire. J'avais fini par sortir la tête du trou quand après toutes ces années en tant que vampire tueuse et parfaite égérie de ce que les autres nocturnes détestaient chez nous, j'avais compris comment me nourrir sans ôter la vie.

Deux jours et huit heures, c'était le temps maximum auquel je tenais entre chaque repas, en fait, c'était plutôt le temps maximum avant que je ne devienne apathique, agressive, énervée et surtout mortellement dangereuse. Enfin, je l'étais tout le temps, mortellement dangereuse, je restais une nocturne, mais dans ces périodes-là je ne contrôlais plus rien et le regrettais toujours. Alors plutôt que de m'en prendre aux premiers venus dans l'heure qui suivait, je choisis une ruelle sombre et peu fréquentée tout près de ces salles de jeux illégales qui puaient la misère. J'y trouvais exactement ce que je cherchais, en somme, un homme au fond du trou. Un homme ivre, qui venait de perdre un bon paquet d'argent, fatigué et sans défense.

Je sautais au sol, atterrissant silencieusement me fondant dans l'obscurité, mes yeux s'habituèrent immédiatement. Je m'approchais, roulant les hanches, souplement et gracieusement d'une démarche hypnotisante et lascive. L'homme releva un peu la tête, une lueur de curiosité brillant dans ses yeux marron, il m'observait m'avancer vers lui.

-Tu cherches quelque chose ma jolie ? Demanda-t-il d'une voix pâteuse en essayant de se relever maladroitement, il puait l'alcool et le désespoir. Il me dégoûta immédiatement, mais je passais outre, ce n'était pas lui à proprement parlé que je voulais.

-Oui, vous avez raison, répondis-je d'une voix enjôleuse enrobée du charme naturel dont était entouré les vampires, inutile de faire appel à l'hypnose sur lui, il courait déjà, directement dans mon piège à bras ouvert. Je cherchais quelqu'un et vous êtes le profil parfait, son visage s'illumina d'envie, le désir suintant par tous les pores de sa peau, parfait pour me servir de repas cette nuit.

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