Le loup

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Cette fois, je lâchais une exclamation de douleur, le choc résonna dans mon crâne et me fit voir flou l'espace d'un instant. Quand je repris enfin possession de mon corps à peine une seconde plus tard, j'étais écrasée au sol à la fois par un corps imposant et chaud et par l'aura écrasante de domination du loup posté au-dessus de moi. J'étais fichue, comment avais je pus croire un seul instant que j'avais eu une chance de m'échapper ? J'étais à sa merci complète et personne ne viendrait me sauver, il pouvait me tuer de m'oulte manière toutes plus douloureuses et affreuses les unes que les autres. Évidemment mon cerveau qui carburait à cent à l'heure composa des images de moi, de mon corps se faisant décapiter d'un coup de dent sec, transpercer le cœur par des griffes acérées ou dévoré sans sommation, des choses charmantes en somme.

Son souffle chaud caressa mon visage et je relevais mes yeux plissés vers ceux de l'homme, toujours plus ou moins dissimulé derrière ses cheveux ondulés, je voyais briller cette lumière jaune caractéristique des loups. Cette fois, cependant, la pointe de marrons avait disparu pour laisser totalement place au jaune et or qui pailletaient son regard. Étonnement, je le trouvais encore plus beau qu'au moment où je l'avais servi dans le pub, débarrassé de l'éclairage tremblotant et artificiel des lampes, seule la lumière de la lune et la vision nocturne me permettaient de discerner quelque chose. L'obscurité cumulée à sa force et à son charisme le rendait foutrement sexy, s'en était presque scandaleux vis-à-vis du fait qu'il voulait probablement me tuer.

Il releva ses lèvres pour laisser apparaître une dentition parfaitement blanche et d'épaisses canines, je sentis alors des doigts se refermer sur ma mâchoire m'empêchant de détourner mon visage. Sa poigne se fit dure et il serra jusqu'à ce qu'une douleur diffuse se répande dans ma mâchoire, j'étais certaine que s'il le souhaitait, il pouvait me la briser en mille petits morceaux sanglants. Mon esprit tourbillonnait, confus face à la menace qui me faisait face, l'entêtante odeur de café qui submergeait mon odorat et le testament que je rédigeais silencieusement dans ma tête. Je n'avais quasiment rien à léguer et personne à qui adresser mon souhait de cercueil, mais au point où j'en étais cela me consola un petit peu de me dire que c'était une chose un peu plus humaine et normale que les procédures de décès. Procédures auxquelles même à ma première mort l'on m'avait privée.

Je fermais les yeux, persuadée que c'était la fin crispée et dans l'attente du coup fatale qui ne vint jamais. Je commençais à reprendre mes esprits, ou tout du moins des pensées un peu plus cohérentes, me demandant pourquoi je n'avais toujours subi aucune blessure quand les grands doigts chauds qui maintenaient ma tête se desserrèrent. Le poids au-dessus de moi s'éloigna, remplacé par le froid un courant d'air venant frôler mes vêtements froissés, je rouvris les yeux, surprise et me redressait éberluée.

-Vous ne me tuez pas ? M'étonnais-je en me redressant sur mes coudes tandis qu'il s'éloignait d'un pas tranquille pour aller s'adosser au mur en face de moi. Les mains dans les poches de son jean, il arborait un air faussement décontracté, je savais chacun de ses sens surdéveloppés à l'affût.

-Je vais vous laisser la vie sauve pour aujourd'hui, me répondit-il entre ses lèvres serrées, j'ai besoin de toi, je devinais sans mal qu'il aurait préféré n'avoir pas à parler, dommage, je comptais bien lui tirer les vers du nez. Encore sous le choc de notre altercation à laquelle il avait mis fin aussi rapidement qu'elle avait commencé, mon cerveau ignare du danger répondit avec toute l'insolence et le flegme qui me caractérisait.

-C'est non. Je devais être folle, le sang d'hier ne devait pas être frais et j'étais en train de faire une infection généralisée qui devait avoir atteint mon cerveau, aucune autre raison rationnelle ne pouvait expliquer mon courage soudain. Alors certes, je ne pouvais plus ni tomber malade ni mourir de causes naturelles, mais il devait y avoir une explication. Ou alors j'étais soudainement devenue suicidaire. Le silence qui suivit mon refus fut long, très long, j'attendais avec appréhension et la boule au ventre le moment où son fragile ego de loup dominant lui ferais briser les barrières pour mieux me déchiqueter après mon refus net.

-Je ne vous laisse pas le choix, répondit-il d'une voix froide, mais égal au ton qu'il avait utilisé chaque fois qu'il s'était adressé à moi, il ne me regardait même pas. J'avais beau savoir que je n'étais en rien une menace face à lui, c'était vexant.

-Je ne peux rien pour vous ! Crachais-je en faisant la moue, gênée par son regard perçant, de toute manière les mecs aussi confiant, c'était jamais bon signe, qu'importe à quel point ils étaient beaux gosses. Je me relevais las de tout ca époussetant mes fesses, espérant que mon pantalon soit mettable demain.

-Keith, à peine eut-il prononcé le nom du cruel chef de clan que je me crispais sur la défensive, j'étais une fille assez sympa et énergique et en voyant qu'il ne comptait pas me refroidir tout de suite je m'étais dit que je pourrais essayer de déloger le balai qu'il avait dans le cul. Désormais, toute envie de blaguer avait déserté mon corps.

-Je ne sais rien et ne veux pas être mêlé à quoi que ce soit ! M'empressais-je de répondre catégorique, croisant mes bras sur ma poitrine pour tenter de cacher à quel point j'étais mal à l'aise. Pourtant, je savais bien qu'il entendait chaque battement de cœur effréné dans ma poitrine, chaque fois que je déglutissais tant bien que mal. Aucun détail physiologique ne pouvait échapper à un loup aguerri et je le savais pourtant. C'était ce qui faisait d'eux de si bon chasseur et de si bon tueurs.

-Curieux pour un jeune vampire à sa botte, souleva-t-il d'un ton inchangé qui me donna des frissons, mes instincts me soufflaient d'arrêter de faire ma maligne.

-C'est plus compliqué que ça, trouvez vous quelqu'un d'autre, lui répondis-je cette fois complètement sur la défensive, je n'étais plus ouverte à la discussion, je voulais même y mettre fin. Je m'éloignais pas à pas doucement, les vampires et les loups n'allaient pas ensemble et j'avais trop de problèmes à gérer comme ça.

-Tu es donc bien le monstre que l'on décrit lorsqu'on parle de vampire, je me stoppais cette fois complètement en colère ne me rendant même pas compte qu'il était passé du vouvoiement au tutoiement, j'aurais alors pu remarquer que lui aussi était troublé malgré son visage impassible. Tu te fiches de toutes ces femmes tuées et abandonnées ? J'aurais pu lui mentir et lui dire que puisque j'étais un vampire, oui ça m'était égal. Mais ce satané loup tapait où ça faisait mal, peut être avait, il enquêté sur moi, comment pouvait-il savoir que ces filles me rappelaient le moi de l'époque ? Que les voir ainsi me fendait le cœur autrement.

-Va te faire voir. Crachais-je à bout de souffle le tutoyant à mon tour, les poings serrés en plantant mes yeux droits dans les siens qui ne m'avaient pas quitté depuis le début, je m'éloignais à reculons mon expression devant parler pour moi. Je m'éclipsais silencieusement dans la première rue qui passait, me fondant dans l'ombre puis disparaissant sur les toits de Los Angeles, il me laissa filer.

Non mais pour qui il se prenait ce loup de mes deux ? Comme ci, il pouvait comprendre. Qui était-il d'ailleurs ? Pourquoi se mêlait-il des affaires des vampires ? Pile au moment où la guerre débutait en plus de cela. Avait ce un lien ? N'était ce pas simplement un conflit de territoires et d'influence entre Mezaquiel et Keith ? Tout un tas de questions fusaient dans mon esprit et m'empêchèrent de dormir. Je finis par maudire ce loup qui avait forcé la porte de mes pensées et qui me mettait dans une situation particulièrement gênante. Alors même que tous m'avaient mis en garde. Ma plus grande préoccupation était de savoir si je devais ou non faire part de ma rencontre à Noah, j'étais tiraillée entre l'inquiétude que les choses me retombe dessus si je n'en parlais pas à quelqu'un et ke fait que ce n'était probablement rien de important. Il n'y avait pas de lien direct avec la guerre et le loup n'avait pas non plus menacé de tuer Keith, il avait seulement prononcé son nom. Je décidais que je prendrais ma décision la prochaine fois que je croiserais Noah.

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