Chapitre 3 2/4

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  • Cela ne te ressemble pas.

 Thrill bougonna.

  • Qu'est-ce que tu en sais, de ce qui me ressemble ?

 Alinor rit, éclat de voix cristalline contrastant la voix rocailleuse du nain.

  • Là, c'est toi.

 Le nain bougonna, à nouveau.

  • Tu n'as qu'à dire que je ne suis qu'un ronchonneur, tant que tu y es.

 Alinor esquissa un sourire, d'un blanc aussi pur que celui de ses yeux, et posa délicatement sa main sur la joue barbue de l'archiveur.

  • Tu l'es.

 Ils restèrent longtemps ainsi, lui plongé dans l'albâtre de son regard, elle dans l'ébène de sa condition. Pourtant, elle ressentait chaque mouvement du nain, aussi infimes soient-ils, chaque émotion, aussi étouffées soient-elles, comme l'écho de l'eau après un lancer de galet.

  • Je suis content que tu sois venue, dit-il, brisant le silence. Même si je ne te l'ai pas demandé.
  • Tu l'as demandé. Tu l'as crié. Chaque fois que tu le voyais.
  • Ce n'est pas vrai.
  • Ne mens pas, ni à toi, ni à moi. Ce serait de mauvais aloi. Tout ce temps, tu as espéré...
  • Arrête.
  • ... que cela recommence. Toi, moi, notre enfant égaré dans les limbes.
  • Cette époque est révolue.
  • L'est-elle vraiment ?

 Thrill lui tourna le dos, sa vision brouillée par une triste brume. Il détestait pleurer.

 Elle s'approcha et l'enlaça par derrière.

  • Il me manque aussi, dit-elle. Et toi avec.

 Le nain se dégagea violemment de l'étreinte. Avant même ses paroles, sa colère la brûla.

  • Tu parles ! Tu ressens jusqu'aux mouches qui volent autour de moi, alors que tu te trouves de l'autre côté du continent. Moi, je suis resté seul ! Pas une lettre, pas un mot, rien !

 Alinor garda le silence.

  • Je suis désolé. Pardonne-moi, reprit-il.
  • Ce n'est rien, c'est normal. Tu n'as pas encore cicatrisé.
  • Arrêtons de parler de ça. Et si je te présentais à lui ?
  • Il n'est pas là.
  • Quoi ?
  • Il n'est pas là.

 Thrill fronça les sourcils.

  • Bon, on va attendre qu'il revienne alors. Il doit encore être en train de fureter dans le coin.

 Ce fut au tour d'Alinor de froncer les sourcils. Une impression lui parvenait, murmures étouffés de l'instinct elfique.

  • Il ne reviendra pas.

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