Un monde de femmes. Un monde de vipères. Chaque potin, chaque nouvelle croustillante est à partager sans modération. Ces vipères ? Toutes des amies. Les unes partent en vacances ensemble. D'autres sont témoins de mariage. Certaines sont marraines des enfants des autres. Bref. Tout se sait, tout se raconte, tout se confie. Est-ce que tout peut réellement rester secret dans un monde de vipères ?

Ne me faites pas croire à votre naïveté de lecteur digne d'un roman pour enfants. Non. Une vipère pique et répand son venin. Mais entre-elles, elles devraient le savoir, non ?

Confidences sur un canapé. Deux vipères. L'amie bienveillante écoute L., raconter ses vacances. Se sont-elles bien passées ? Elle semble évasive. Vraiment ? Tout s'est bien passé ?

Aucune curiosité mal placée, une volonté de bienveillance. L. se confie. Vivre en communauté avec des amies pendant presque trois semaines a été difficile. Normal. Elle se lance. Quelques petites piques de son amie, T., lors de restaurants, des blagues mal comprises pour une L. un brin fragile et peut-être légèrement susceptible ont mis à mal la bonne ambiance. Les choses les plus anodines ont pris alors des proportions difficiles à maîtriser : des couverts à laver que L. juge ne pas avoir à faire, par exemple.

Oui lecteur, tu lis bien. Des broutilles.

La vipère bienveillante écoute, rassure, entend, tente de comprendre.

Nouvelle après-midi, nouvelles confidences. Cette fois-ci la vipère bienveillante discute avec une autre vipère, M. En ce moment les choses sont tendues entre T. et L. au boulot. Pourquoi L n'en parle pas directement avec T ? Ces deux femmes de caractère ne peuvent-elles pas discuter pour mettre les choses à plat ?

Erreur d'une vipère bienveillante entourée de vipères toutes plus curieuses les une que les autres ? Se confier sans préciser que cela doit demeurer secret. Résultat, peu de temps après, les choses fuitent. Comment ? T. posaient des questions et menaient son enquête. Pourquoi L. est si froide ? Pourquoi refuse-t-elle de lui parler ?

Trahison ? Probablement, oui. Qui est à blâmer ? La vipère bienveillante me diras-tu. Tu as raison. Cependant, si L avait besoin de se confier, pourquoi ne pas l'avoir fait à son amie, T. ? Pourquoi M. a confié ces choses personnelles qui enveniment la situation ? Probablement pour aider T. qui s'interrogeait quotidiennement du silence de son amie L.. Rien n'est malveillant, mais tout est vécu comme une trahison. Normal.

La vérité éclatée au grand jour, la vipère bienveillante n'a pas le courage d'avouer ouvertement ses torts. Le regrette-t-elle ? Non. L. se confie beaucoup. Trop. Et surtout, à tout le monde, sans dire ouvertement que toutes sont au courant de ses confidences. Comment l'amie bienveillante sait que la faute lui revient ? Selon L., elle est la seule à connaître l'histoire de la vaisselle. Soit. La fautive réfléchit. La seule à connaître le vaisselle-gate ? Mais qui d'autre est au courant de ces vacances ? Tout le groupe, avec plus ou moins de détails...

Tu le voies venir ou pas ?

Oui, la vipère bienveillante, c'est moi. J'ai trahi. Comment je me sens ? Honteuse ! Pourquoi penses-tu que je n'écris pas à la première personne ? Pourquoi crois-tu que j'emploie le nom d'un animal ? La honte, la gêne, l'embarras, appelle-ça comme tu veux. La vipère a fauté. La vipère est fautive. Je suis fautive. En ai-je tiré une leçon ? Bien sûr. Dire les choses. Parler. Echanger. Sans inclure un tiers. Pourquoi ? Parce que ce tiers n'est pas concerné par cette confession.