5 ~ Aaron

5 minutes de lecture

Je cours vers elle. Elle s'est évanouie juste devant le professeur de sport mais personne ne réagit. Je la relève, contourne tout le monde sous le regard choqué de mes amis et du visage souriant de mon meilleur ami Alexis, suivi d'un coin d'œil de sa part. Je la porte comme une princesse jusqu'à l'infirmerie, et arrivé là-bas j'appelle les secours qui m'indique qu'ils arriveront dans cinq minutes. J'appelle ensuite sa mère donc j'ai trouvé le numéro de téléphone dans son sac que j'ai pris au passage. Son visage est fermé, ne laissant transparaître aucune émotions. En prenant le papier de sa mère dans son sac, j'ai trouvé un carnet. Tenté par les pages qui s'offrent à moi, je les lis, même si je sais que je vais le regretter.

J'en ai marre, marre de ma vie, marre de ma famille qui n'en n'a rien à foutre de moi, de mes amis inexistants, des cours, des persécutions que j'endure depuis beaucoup trop longtemps. Hier, j'ai été à la plage pour décompresser et j'y ai trouvé Aaron, tu sais le mec grave chiant qui sort avec une certaine Krissy, le meilleur ami d'Alexis. Ma mère m'insupporte, la dernière fois, j'ai trébuché et je suis tombée dans les escaliers, et après je me suis fait engueulé par ma mère pour avoir fait beaucoup trop de bruit à son goût . . .

Je referme son carnet, je ne veux pas en savoir plus. Je savais que sa vie n'était pas passionnante, mais de là à vivre un calvaire ? Je ne veux pas être dans sa vie, surtout vu comment elle me décrit. Si elle me voit comme un « Bad boy », ce n’est pas comme ça que je vais réussir à l'aider . . . Attendez, je viens de dire que je vais l'aider ? Nan mais ça va pas du tout ! Depuis quand je m'intéresse aux filles ? Déjà Krissy, elle n’est rien pour moi, et elle le sait très bien, ce n’est pas faute de lui à avoir dit en tout cas ! Alors non, dans tous les cas, je sais que je vais foirer et que je vais détruire des gens, et je ne suis pas sûr qu’Alyssa ait besoin de ça, surtout qu'elle n’a personne pour la ramasser à la petite cuillère. Je range son carnet, et continue à regarder dans son sac. J'y trouve des crayons et un autre carnet très abîmé, qui je pense doit être son carnet de dessins. Je l'ouvre puisque je pense qu'il ne doit pas avoir d'écriture sur sa vie. Je feuillète vite fait le carnet, et un papier tombe. Je le ramasse et regarde. C'est une photo, qui la représente elle et sa famille. Elle est au milieu de la photo. Elle porte une robe légère, à motifs fleuris qui lui jusqu'au niveau de ses chevilles. Elle s'est coiffée en un chignon coiffé-décoiffé et elle a laissé quelques mèches retomber devant de façon encadrer parfaitement son visage. Elle a l'air beaucoup plus jeune, elle devait avoir dix ans. Elle tient la main à un garçon plus grand qu'elle qui doit avoir seize ans ou plus. Il est brun, avec des cheveux en pagaille. Il porte un pull vert et un cargo militaire. Il sourit à l'objectif. Je trouve qu'il a une vraie tête de mauvais garçon. Entre Alyssa et ce que je devine être son frère, se trouve ses deux sœurs que je connais. Elles portent, elles aussi, une robe fleurie qui leur arrive au niveau des genoux. Elles ont laissé leurs cheveux blonds détachés, mais les ont bouclés. Derrière, leurs deux parents encadrent cette magnifique photo de famille. Ils ont l'air assez âgés mais malgré l'âge, ils sont resplendissants de joie et de bonne humeur. Un détail que je n'avais pas encore remarqué, me saute aux yeux : une fine déchirure se trouve entre Alyssa et son « frère », mais ne je n’y prête pas trop attention, car elle n’en a peut-être pas pris soin.

Je m'arrête à la contemplation de cette photo quand la sirène du SAMU retentit au loin. Ils arrivent dans l'enceinte du lycée et débarquent vite dans l'infirmerie. Je leur explique donc la situation et ils me demandent d'embarquer avec eux, ce que je fais sans avoir vraiment réfléchi. Je le regretterai peut-être mais pour l'instant j'ai autre chose à penser que moi et ma petite vie personnelle. J'embarque et dix minutes plus tard, elle se retrouve en salle d'observation. Je reste au moins deux heures à me demander si je pars ou si je reste car je veux quand même m'assurer qu'elle va bien. Je pense que c'est dû au stress. Les seules choses que je sais d'elle sont très vagues. Elle est souvent solitaire, elle n'a pas d'ami, elle ne s'entend avec personne, elle est très forte mentalement, a part si elle le cache (en tout cas elle le cache très bien). C'est tout. Je ne sais rien d'elle, mais de toute façon je ne suis pas sûr qu'elle en sache davantage de moi.

***

Je continue de revenir chaque jour, même si je n'ai aucune nouvelles d'elle, ni des infirmières qui la soigne. Pourtant, une infirmière s'approche de moi et me dit :

Elle est réveillée, tu peux aller la voir, mais fais attention car elle ne sait pas que c'est toi, donc ne soit pas brusque.

Je souffle, ferme les yeux trente secondes et rentre dans la chambre :

Salut ! Je sais ce que tu vas me dire "pourquoi tu es venu ?" Eh bien je vais te répondre sincèrement. Je m'inquiétais beaucoup pour toi et de ton état, alors je suis venu.

Je respire, essoufflé de ma réponse. J'ai lâché ça d'un coup et je ne sais pas ce qu'elle pense car son visage est fermé et elle semble réfléchir à ce que je viens de dire. Mais c'est vrai quoi, je ne vois pas d'autre raison que celle-là. On n'a aucun lien qui puissent dire que nous sommes amis ou quoique ce soit.

C'est gentil, merci ! Dit j'avais une question . . . me dit-elle, d'un air curieux.

Vas-y dis-moi !

Est-ce que tu sais pourquoi je suis ici ? dit-elle d'un ton assez craintif.

Ohhh euh je ne m'attendais pas à cette question. Je réponds du tac au tac :

Euh non je ne sais pas, peut-être à cause du stress, je sais que tu es une personne solitaire . . .

—Ahhhh, d'accord ! Me dit-elle en regardant dans le vide.

Pourquoi tu dis ça ?

Ohhh nan, je demandais juste comme ça ! Dit-elle en baissant la tête.

Elle n'a pas l'air de se souvenir . . . Son cerveau a sûrement supprimé la dernière information qu'elle a vécu juste avant de s'évanouir. . .

Nan mais attends pourquoi je baisse la tête, ce n’est pas ma faute si elle s'est évanouie et qu'elle n'a plus de souvenirs . . . Et puis d'ailleurs, pourquoi je perds mon temps avec elle ? Elle n'a aucun lien avec moi, et puis franchement ce n’est pas comme si tout le monde l'enviait . . .

Mademoiselle Hiller, vous pouvez sortir ! Dit une infirmière qui passe sa tête par l'entre bâillement de la porte en m'adressant un gros sourire.

Ah oui et j'avais une autre question ! me demande-t-elle.

Dis-moi !

J'ai l'impression qu'elle peut me demander tout ce qu'elle veut je le ferai sans broncher, ça en devient horrible.

Dans quel groupe je suis en sport ?

Oh euh vaut mieux pas que tu saches maintenant...

Je préfère ne pas lui dire maintenant quitte à ne pas la replonger dans le coma.

A suivre !

Justin.&

Annotations

Vous aimez lire juju_838 ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0