J'ai demandé à Alexis si je pouvais emprunter sa salle de bain, parce que j'en avais vraiment besoin. Je m'enferme donc dans la salle de bain, prenant au passage les affaires qu'il a pris soin de me préparer une serviette en plus.

***

Une fois lavée, et mes cheveux séchés, je les enroule dans ma serviette quand j'entends des voix dans le salon. Je hausse les sourcils, intriguée, et me dépêche de me préparer. Je trouve mon pantalon et mon pull, avant de déverrouiller la porte et de me diriger dans le salon.

Je me fige quand je reconnais le gars que j'ai croisé l'autre fois devant le lycée, assis à côté d'Ethan, le sourire crispé. Alexis me regarde avant de diriger son regard vers Ethan. La situation est pesante et je ne sais pas comment réagir, restant plantée au beau milieu du salon.

— Oh, euh, Alyssa . . . Quel plaisir de te voir ici ! dit Ethan, très gêné.

Je me reprends, et décide de m'asseoir dans le fauteuil juste en face. Je ne réponds pas à sa remarque plus pour lui que pour moi, ne sachant pas quoi répondre. Je reste muette face à ses trois garçons devant moi. Le seul que je ne connais pas m'intimide, et j'ai une vague impression de l'avoir déjà vu. Je cherche dans ma mémoire en vain.

— Bon, euh, du coup ! continue Ethan afin de sortir de cette situation gênante pour nous quatre. Si on est venu, c'est pour parler d'un truc important mais on n’avait pas prévu ça du tout. Il se tourne vers l'inconnu et le questionne : Tu es toujours décidé à en parler ou . . .

— Ouais, ça ira, je pense qu'elle comprendra ! répondit-il sûr de lui.

— Bon alors, on va passer par quatre chemins, ce mec, continua-t-il en le montrant du doigt, tu l'as déjà vu, et tu le connais, tu le connais très bien même. Et vous avez même un lien . . .

J'ai beau essayer de comprendre tout ce qui se passe sous mes yeux, je n'y arrive pas . . . C'est comme si mon cerveau ne voulait pas enregistrer ces informations. Voyant que son pote n'est toujours pas réceptif aux informations qu'il divulgue, il continue de parler :

— C'est difficile à croire mais c'est ton frère . . .

Mes pensées se mélangent, provoquant des confusions dans ma tête. C'est impossible, mon frère s'est suicidé il y'a cinq ans et on ne l'a jamais retrouvé. Je lutte pour continuer à comprendre et j'ai l'impression de perdre pied. Je cherche à déceler le vrai du faux comme quand Papa nous avait annoncé la triste nouvelle. Je suis au regret de constater qu'ils ne rigolent pas. J'émet un rire nerveux et ressent tout d'un coup le besoin de respirer de l'air frais. Je cherche une porte de sortie, et commence à paniquer légèrement. Je ne comprends pas, ce n'est tout simplement pas possible que le garçon qui se tienne devant moi soit mon frère.

— Je . . . bafouillais je pas sûre de moi, je . . . attends, Nicolas ?

— oui, oui, c'est moi, souffla-t-il, en chuchotant.

— Je ne comprends . . . qu'est-ce que tu fais là ? Pourquoi tu es là ? Genre, tu es censé être décédé, et . . . Je perds pied, je ne sais plus où donner de la tête et mes idées se perdent.

J'ai du mal à rester lucide, et me rend compte que j'ai besoin de sortir de cette pièce avant de sombrer. Alexis le remarque puisqu'il me tend la main, m'invitant à sortir prendre l'air, conscient que toutes ces informations font beaucoup trop d'accumulation. Je le suivant cherchant juste à respirer, et voir autre chose que ces quatre murs qui m'étouffe.

. . . Votre frère Nicolas a été retrouvé mort dans la carrière désaffectée à une . . .

Je sors et me raccroche à la rambarde. Ma tête tourne et je lutte continuellement pour rester dans le présent mais les souvenirs me submergent :

. . . Il se serait apparemment suicidé d'une balle dans le crâne . . .

Toutes ces phrases tournent sans arrêt dans ma tête, et ne veulent pas s'en aller. Alexis tente de me calmer en vain. Je vois bien qu'il essaie de m'aider même si cela ne marche pas vraiment. Je m'assoie et étant plus stable, ma tête arrête de tourner. Les problèmes viennent juste d'arriver et je suis déjà à bout. Je ne comprends plus rien, comment peut-il se trouver devant moi, alors que cinq ans avant on nous a annoncé sa mort, avec défense de sortir ? Alors tout ça sont des mensonges ? Comment les parents ont-ils pu nous mentir ouvertement sans avoir aucun remords ?

— TU ETAIS AU COURANT TOI ? crachais-je de colère.

— Nan, je viens juste de l'apprendre en même temps que toi, et je suis tout aussi choqué que toi. Répondit-il posément face à ma remarque.

— Je . . .

— Tu n'es pas obligé de te justifier. Je crois qu'il n'avait prévu de le dire devant toi. C'est en partie de ma faute. Quand tu parlais avec Aaron, Ethan m'a appelé pour me prévenir qu'il allait passer, et j'ai juste répondu qu'une fille était à la maison mais je n'ai pas précisé que c'était toi ! Je pensais pas du tout que ça te concernait, mais maintenant que tu es au courant . . .

Tout d'un coup, une pensée survient dans ma tête. On me ment, ce n'est tout simplement pas possible que mon frère soit dans l'appartement d'Alexis. Je rigole, persuadée qu'on me joue un mauvais tour.

— Et tu y crois toi ? C'est une idée saugrenue, je me rappelle encore quand mes parents nous l'on appris, ça n'avait pas l'air d'un mensonge ou d'une blague . . .

Il hausse les épaules, me laissant divaguer. Pour moi, c'est tout simplement une blague de mauvais goût. Maintenant reste à trouver comment ils ont compris que j'avais un frère décédé. En tout cas, s'ils cherchaient à m'atteindre, ça a marché à moitié. J'ai presque failli tomber dans le panneau. Je souffle un bon coup :

— c'est bon, je suis calmée, on peut remonter ! dis-je plus souriante qu'avant.

— Alyssa, je crains que ça ne soit pas une blague . . .

A suivre !

Justin.&