Chapitre 36 : Bataille

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20 septembre 2115, 14:30

Quartier général des ex-rebelles Martiens

Tout le monde s'était installé dans le vaisseau amiral de Bells Atyr, sur le pont de commandement. On voyait la flotte se préparer pour enfin décoller. A ce moment, le général Hanrel reçut une communication de la part de son QG. C'était le commandant Podamis :

« Mon général ! Nous avons de sérieux ennuis !

-Qu'entendez-vous par là, commandant ?

-Les Catysmopes monsieur !

-Quoi ? Encore ? Mais par tous les systèmes de la galaxie, que veulent-ils encore ?

-Leur flotte de guerre est là, monsieur...

-De quoi ? La flotte de guerre Catysmope ? Ils sont revenus ?

-Oui mon général. Un de leurs croiseurs est au dessus des accès principaux à la capitale, ils prennent en otage le centre de la cité, et nous par la même occasion.

-Vous êtes entré en contact avec eux ?

-Affirmatif. Ils ont prévenus qu'ils abattraient tout vaisseau essayant de rallier la Terre.

-Ils veulent nous empêcher d'amener les Terriens. Pourquoi est-ce que je n'y ai pas pensé...

-Nous suspendons les opérations ?

-Non, certainement pas. Nous allons faire ce que nous avons dit.

-Mais monsieur, c'est la flotte Catysmope ! Tout le monde le sait, et le peuple tremble déjà.

-Je le refuse. Connectez-moi à tous les communicateurs de la planète, maintenant.

-A vos ordres, mon général ! »

Surpris, Bells Atyr tenta de comprendre :

« Qu'allez vous faire ?

-Redonner confiance. »

Le commandant Podamis signala à Hanrel qu'il était en communication planétaire, et celui-ci commença à parler.

« Peuple de Mars. Ici le général Loggs Hanrel, chef d'Etat-Major de l'Armée et membre du gouvernement planétaire. Je vous appelle à ne pas céder à la peur. Je sais que vous craignez tous la menace qui pèse actuellement sur nous. Vous la craignez car cette menace n'est pas nouvelle. Nous savons tous ce qu'il s'est passé il y a bien longtemps. Mais cela est le passé !

 Aujourd'hui, j'exhorte chaque Martien à ne pas avoir peur. Nous n'avons que trop souffert, nous n'avons que trop tremblé. Aujourd'hui vient l'heure de la lutte ! Nous avons fait tout ce que nous pouvions pour empêcher le conflit, mais cela est de trop. Avides et dominateurs, les Catysmopes confondent notre pacifisme avec de la lâcheté. Nous allons leur montrer qu'ils se trompent. Ceci est notre monde, et nous allons le protéger. 

Gouvernement, anciens rebelles, nous entrons en guerre ! Pour la première fois depuis des siècles, le peuple Martien prend les armes et lutte comme jamais. Que tous les soldats, que tous les marins, que tous les pilotes se préparent. Que tous les civils volontaires passent à l'action. Que ceux qui ne peuvent combattre se cachent et soutiennent les autres. Au combat, mes frères : libérons-nous de ce fardeau. Pour Mars !»

Sur toute la planète, la défense se préparait. Les Martiens étaient si peu habitués à être mobilisés que quelques mots suffisaient à les motiver comme ils ne l'avaient jamais été. Les casernes et les spatioports étaient en pleine ébullition et chaque militaire retrouvait la confiance. Hanrel recontacta en privé Podamis :

« Commandant, j'ai besoin de renseignements. Où se trouve la flotte de guerre Catysmope ?

-Pile entre notre planète et la Terre, monsieur. Nous devons soit les rencontrer, soit rester au sol.

-A votre avis ?

-Un mot de vous et nous décollons monsieur. Ces faces cornues ne perdent rien pour attendre.

-Je n'aurais pas dit mieux. De quelles forces disposons-nous ?

-Une dizaine de croiseurs, vingt frégates et sept cents chasseurs monsieur.

-Et l'ennemi ?

-Le triple monsieur. Ils ont dû rassembler une bonne partie de leur potentiel militaire disponible. J'ai peur que la flotte ne soit là pour couvrir un assaut terrestre.

-Si cet assaut est prévu, il n'aura pas le temps d'avoir lieu.

-A un contre trois, nous n'aurons pas beaucoup de chances...

-Qui vous dit que nous sommes à un contre trois ? Chef Atyr, quels sont vos effectifs ?

-Quinze croiseurs, trente frégates et environ mille chasseurs. Et tous mes hommes sont prêts au sacrifice ultime.

-Nous restons en infériorité. Nous avons presque quatre cent chasseurs de différence, sans parler des croiseurs et frégates. Commandant ? Vous maintenez qu'ils ne perdent rien pour attendre ?

-A un contre trois, je doutais monsieur. Mais maintenant, cela devrait être faisable.

-Voilà ce que je veux entendre. Je le pense aussi. Vous avez raison : nous allons nous battre. Rassemblez la flotte. Qu'elle se présente devant les vaisseaux Catysmopes lorsque je vous en donnerai l'ordre.

-Oui mon général ! »

Hanrel se retourna alors vers le chef et lui mit la main sur l'épaule.

« Atyr. Désormais, nous sommes définitivement ensemble. Chassons l'envahisseur. Et envoyons une navette au campement Terrien pour récupérer le lieutenant Henri, il mérite d'être avec ses compagnons. »

Le chef acquiesça avec un large sourire. Sur son ordre, le plafond du hangar coulissa dans un vacarme et un tremblement assourdissant.

« J'espère qu'il ne va pas s'enrayer. Il n'a pas été ouvert depuis la retraite. »

Mais la sortie fonctionna complètement, et le ciel Martien était juste au dessus d'eux. Un nouvel ordre se diffusa dans les engins, et tous commencèrent à décoller. Le vaisseau amiral émergea en premier, immédiatement suivi des croiseurs de bataille. Les invités constataient qu'en fait d'un hangar, il y en avait plusieurs aux alentours qui s'ouvraient de la même façon. Après que les vaisseaux les plus gros soient sortis, c'était au tour des frégates et des vaisseaux de transports, bien plus nombreux. Enfin, les chasseurs d'escorte s'envolaient par centaines et virevoltaient autour des escadres qui se rassemblaient.

« Ici le chef Atyr ! Oubliez que vous êtes de la flotte rebelle. Oubliez que nous rejoignons la flotte du gouvernement. Nous sommes la seconde flotte Martienne qui rejoint la première. Vous vous battrez avec acharnement. Aujourd'hui, nous allons prouver aux bonnes gens de Loyva que nous sommes autant Martiens qu'eux. A vos canons, à vos tourelles ! Que les chasseurs rentrent dans leurs vaisseaux et se préparent à se déployer lorsque je vous le dirais. En avant, mes frères ! Pour Mars ! »

Dans chaque bâtiment de guerre, le même cri résonnait : « Pour Mars ! ». La flotte pivota en direction du campement Terrien qui se trouvait sur la route et se dirigea vers lui. En quelques minutes, elle était au dessus. L'ingénieur-chef était sorti de sa navette de commandement et fixait ébahi la multitude de vaisseaux qui survolaient sa modeste base. Il se sentait auparavant protégé par ses murs de rochers et les quelques armes contre-aériennes posées. Il comprenait à présent que dans cette galaxie, il pouvait être anéanti en une fraction de seconde par une force de frappe imbattable. Une petite navette de transport Martienne sortit du hangar du vaisseau amiral et vînt se poser à l'entrée. Tenson et Federico en jaillirent et coururent rejoindre les autres Terriens, aussi surpris que leur supérieur. Personne, pas même les mercenaires, ne se mirent en travers de leur route. Le lieutenant Henri fut le premier à les interpeller :

« Mais que se passe t-il ?

-C'est justement vous que nous cherchions, lieutenant. Venez avec nous !

-Expliquez-moi !

-C'est la guerre ! »

Sans demander plus de renseignements, comprenant la gravité de la situation, Henri s'élança avec eux et s'engouffra lui aussi dans la navette, qui redécolla sans plus attendre. Elle rejoignit son vaisseau mère et tandis que les Terriens retournaient sur le pont, Hanrel contactait l'autre flotte.

« Amiral Nox, me recevez-vous ?

-Mais bien sûr, cher ami. Alors, quoi de beau aujourd'hui ?

-Je pense que vous le savez bien. Avouez que l'action ne vous déplaît pas.

-J'avoue totalement. Partons mettre une raclée à ces gens.

-Décollez maintenant et engagez la flotte Catysmope. Si vous partez sur le champ, nous arriverons en même temps.

-C'est parti ! »

Des deux côtés, les flottes Martiennes convergeaient vers leur ennemi commun. De leur côté, les Catysmopes se préparaient à attaquer.

« Amiral Ramizer ! C'est le Chambellan du Kaser qui vous parle. Êtes-vous prêt à lancer l'assaut ?

-Oui monsieur. Je n'attends que votre ordre, et nous nous dirigerons sur les points clés de Mars. Nous paralyserons tous leurs centres vitaux un par un, jusqu'à ce qu'ils se rendent. Aucun vaisseau n'atteindra la Terre. Ils n'auront même pas le courage de décoller.

-En effet. Cela serait surprenant de leur part. Mettez vous en route alors, vous avez le feu vert. »

Mais au moment où l'amiral allait saluer le représentant du souverain, la flotte de l'amiral Nox émergea subitement sur sa gauche.

« Amiral ! Vaisseaux de guerre Martiens sur notre gauche !

-Comment ? Ils oseraient venir ? »

Il n'eut pas le temps de se poser plus de questions : la flotte conduite par Altyr et Hanrel rejoignait également le champ de bataille sur la droite Catysmope.

« Amiral ! Une autre force Martienne sur la droite, plus imposante !

-Ils veulent donc se battre ? »

Sur l'écran de communication, le Chambellan paraissait soudainement très concerné par la situation :

« Intéressant... Vraiment très intéressant... Ramizer, il semblerait que vous allez avoir une bataille à livrer.

-Une bataille ? Contre eux ? C'est une blague ? Quartier maître, avez-vous procédé à l'évaluation de leurs forces ?

-Oui amiral. Nous avons la supériorité : cinq croiseurs, dix frégates et trois cent cinquante chasseurs de différence !

-Alors ils sont faits. Chambellan, je vous laisse. Je vous recontacterai une fois la victoire acquise. »

La flotte Martienne venait à ce moment de terminer sa jonction : les deux ennemis se faisaient face à face.

*

Espace neutre

Proche de Mars

Non loin de là, la flotte de guerre Kolbarba attendait. Sur tous les écrans de communications, on voyait les images fournies par les sondes espionnes : les Martiens et les Catysmopes étaient prêts à la bataille. Le chef de guerre Zakara était sur le pont du vaisseau amiral, assis à son poste de commandant en chef.

« Chef de guerre, notre flotte est prête à intervenir. Devons-nous passer à l'action ?

-Non. Pas cette fois. Le temps de l'arbitrage a assez duré. A présent, voyons de quoi sont capables les Martiens. »

Il souriait, comme s'il avait hâte que la bataille commence. Il semblait être aussi intéressé que le Chambellan d'Orthor. Mais contrairement à ce dernier, il donna l'ordre à ses hommes de ne pas être sur le pied de guerre et leur expliqua qu'ils ne se battraient pas.

*

Orbite de Mars

Route de la Terre

Les Catysmopes décidèrent d'engager le combat. Les croiseurs s'avancèrent et commencèrent à ouvrir le feu. Presque aussitôt, les croiseurs Martiens répliquaient coup pour coup. Les tirs d'artillerie entre les gros vaisseaux ne faisaient pas avancer la situation et la distance rendait tout feu imprécis. Après avoir tâté le terrain, Ramizer envoya alors ses frégates, plus rapides et plus mobiles. Sans aucune surprise, Nox envoya les siennes. Les deux flottes restaient à distance et se bombardaient de loin, sans grande efficacité.

« Il semble que nos amis Martiens veuillent réellement combattre. Très bien. Passons aux choses sérieuses. Faites décoller la chasse ! »

Les hangars des croiseurs et des frégates s'ouvrirent, et les petits chasseurs s'élancèrent dans l'espace à la rencontre de leurs adversaires. Leurs homologues Martiens furent envoyés à leur rencontre. Les deux nuées se déplaçaient lentement puis à mi-chemin, presque en même temps, accélèrent. A toute vitesse, les deux nuées se percutèrent en ouvrant le feu. Le combat rapproché se trouvait bien plus violent : les vaisseaux s'abattaient à bout portant, d'autres se rentraient dedans. Les morts se comptaient déjà par dizaines. Nox, qui jouait la défensive pour attirer des Catysmopes trop sûrs d'eux, décida de surprendre et d'établir l'avantage.

« A tous les chasseurs ! Cessez le combat rapproché. Faufilez-vous et portez vous sur leurs croiseurs : ils seront vulnérables à vos petits appareils. Si nous bloquons leur flotte lourde, nous pouvons remporter cette bataille. Que les frégates s'avancent encore et engagent leur chasse afin qu'elle ne poursuive pas la nôtre. »

Comme selon les ordres, la marée de chasseurs Martiens se dirigea d'un bloc vers les croiseurs Catysmopes.

« Frégates, interceptez ces chasseurs ! »

Les tirs plus précis des frégates commencèrent à toucher la chasse Martienne. Malgré les pertes, celle-ci réussit à franchir le tir de barrage et déferla sur les croiseurs, dont les tourelles plus lourdes ne pouvaient pas combattre efficacement ces cibles difficiles. La maniabilité des chasseurs Martiens semblaient bien plus forte que celle de leurs homologues Catysmopes, mieux armés mais plus lents. L'amiral Ramizer tenta de réagir :

« Que nos chasseurs se divisent en deux groupes ! Le premier reste pour dépasser les frégates Martiennes et répliquer sur leurs croiseurs, le second revient pour combattre nos attaquants ! »

La séparation s'effectua. Mais beaucoup moins nombreux, les chasseurs devant passer les frégates le faisaient avec bien moins d'efficacité. Nox vit la situation et ordonna d'envoyer le peu de chasseurs qu'il avait prudemment gardés en réserve. Ceux-ci décollèrent et attaquèrent le groupe d'attaque Catysmope : Pris à parti par les frégates et les chasseurs, celui-ci fut presque anéanti, et les survivants tentèrent de retourner en vitesse à leurs vaisseaux mères pour aider la défense. Nox, satisfait de cette manœuvre qui mettait à l'équilibre la chasse, ne perdait pas son attention :

« Parfait ! Que les chasseurs de réserve partent renforcer ceux qui engagent déjà leurs croiseurs. Attention aux frégates, ils vont sûrement vous empêcher de passer ! »

Mais les frégates Catysmopes ne prirent pas la peine d'attaquer les chasseurs : elles s'avançaient encore pour ouvrir le feu sur leurs semblables Martiennes, qui ripostèrent. La stratégie de la flotte d'Orthor était visiblement d'enfoncer coûte que coûte les lignes Martiennes pour les mettre en fuite. Les croiseurs de Nox concentraient leurs tirs dessus, et réussirent à en détruire cinq, pour trois Martiennes perdues. Mais la flotte ennemie n'avait pas dit son dernier mot :

« C'est exactement le bon moment. Leurs frégates sont trop sur la défensive. Envoyez les vaisseaux d'abordage et leurs chasseurs d'escorte ! Il est temps de rappeler à ces vermines humaines ce que nous pouvons faire. »

Avec un grand élan, cette flottille de transport effectua une sortie à travers la chasse Martienne et se dirigea sur leurs vaisseaux. Les frégates des deux camps étaient occupées à s'affronter, et cela laissait la route libre pour les navettes. Nox comprit le danger et se maudit de ne pas l'avoir mieux anticipé :

« Que nos chasseurs fassent demi-tour ! Il ne faut pas laisser à ces navettes le temps de nous atteindre ! Bon sang, je pensais qu'ils ne seraient pas assez téméraires pour aborder aussi tôt.

-Amiral, si nos chasseurs se désengagent, ils seront pris entre leur chasse et leurs frégates, et leurs croiseurs pourront librement s'avancer sur nous et nous anéantir !

-Nous n'avons plus de chasseurs en réserve, il faut absolument que nos batteries les interceptent ! »

Tenson eut alors un éclair :

« Amiral ! Il ne reste pas même un chasseur sur ce vaisseau ?

-Si, le mien. Mais je ne peux pas sortir et coordonner la bataille en même temps.

-Où est-il ?

-Dans le hangar principal, pourquoi ? »

Sans répondre, le Terrien fonça à travers les couloirs et les ascenseurs, demandant son chemin tous les vingt mètres, sans s'arrêter de courir. Pendant ce temps, la flottille d'abordage avait dépassé les frégates et se dirigeait droit sur les croiseurs qui n'arrivaient pas à les viser. Le capitaine arriva comme un diable dans le hangar principal et repéra le chasseur personnel de l'Amiral. Il courut vers lui, ouvrit le cockpit et s'installa dedans.

« Bon, ca ne doit pas être très compliqué... »

Deux gardes le repérèrent et s'avancèrent vers le vaisseau.

« Hé ! Ce chasseur est réservé à l'amiral uniquement !

-Vous ferez bien une exception pour moi ! »

Ayant repéré la commande de décollage, il appuya dessus et les réacteurs s'allumèrent. Le vaisseau commença doucement à s'envoler. Les gardes contactèrent Nox pour l'informer de ce qui se passait, mais celui-ci leur ordonna de laisser faire. Dans le chasseur, l'apprenti pilote commençait à comprendre le fonctionnement du vaisseau. Sur place, il fit un tour complet puis se remit en direction de la sortie. D'abord lentement puis en prenant de la vitesse, il se dirigeait vers l'espace. Lorsqu'il franchît la limite du hangar, le chasseur eut tout à coup une forte accélération : il volait beaucoup plus vite dans l'espace que dans le hangar et commença à s'éloigner.

« Un pilote. Disons que je suis un pilote. »

Il fit demi-tour et fonça vers la flottille. Ayant repéré ce nouvel adversaire, deux chasseurs d'escorte Catysmopes se séparèrent du groupe et l'attaquèrent. Faisant une vrille sur la droite, Tenson esquiva les tirs et réussit à abattre l'un de ses adversaires. L'autre le prit alors en chasse, et les deux rejoignirent bien vite les navettes de transports, plus lentes.

« Amiral Ramizer ! Un chasseur amélioré Martien a décollé de leur vaisseau amiral. Il donne l'assaut sur nos vaisseaux d'abordage.

- Abattez-le ! Il faut l'éliminer à tout prix ! »

Tous les chasseurs d'escorte comprirent qui étaient leur cible et firent route sur lui. Mais imperturbable, le Britannique tira sur la première navette et toucha ses réacteurs : celle-ci chuta et percuta un chasseur qui allait ouvrir le feu sur lui. Il faisait tourner son engin et tentait de faire demi-tour : les pilotes Catysmopes perdaient leurs repères devant des manoeuvres imprévisibles et deux d'entre eux se rentrèrent dedans, tandis qu'un autre était descendu par Tenson. Ce dernier se dirigea vers une autre navette. Mais il se trompa de commande : ce n'était pas des tirs qui partirent, mais deux missiles. Ils tracèrent et frappèrent de plein fouet le cockpit de la cible, faisant exploser tout le vaisseau. Sur les ponts des vaisseaux amiraux, Hanrel et Nox discutaient par communicateurs.

« Impressionnant.

-Je suis d'accord. Ne m'avait-il pas dit qu'il était fantassin ?

-Si, c'est exact.

-Je suis doublement impressionné. Je n'aurais pas cru cela possible.

-Il ne pourra pas abattre toutes les navettes. Que l'on se prépare à l'abordage : nous allons les repousser.

-Allons Loggs, j'ai évidemment déjà donné cet ordre. Tu te ramollis ! Abrite les autres Terriens, cela vaut mieux.

-Euh...

-Quoi ?

-Ils ne sont plus sur le pont. Officier, où sont les Terriens ?

-Tu as perdu les Terriens ?

-Ils étaient là il y a cinq minutes ! Où ont-ils pu aller ?

-Je dirais, droit à l'action. »

Et Nox ne se trompait pas. Une première navette d'abordage réussit à passer les défenses et pénétra dans le hangar du vaisseau amiral, se posant tout en ouvrant le feu. Des troupes Catysmopes, en plus de leurs machines, en sortirent et tirèrent de tous côtés. Les troupes de marines présentes se mirent à couvert et ripostèrent. Bientôt, une deuxième arriva et renforça l'assaut. Les Martiens devaient reculer. Pendant ce temps, Tenson était en bien fâcheuse posture. Trois chasseurs Catysmopes le poursuivaient. Nox tentait de suivre son parcours malgré la bataille générale qui continuait :

« Officier, rapport global de la situation !

-Nos chasseurs bloquent les croiseurs ennemis et ont brisé leur chasse mais sont coincés derrière les frégates Catysmopes. C'est trop dangereux de les faire revenir maintenant. Nos frégates organisent un tir de barrage contre leurs transports, ce qui laisse le champ libre aux leurs. Nos croiseurs sont pour le moment épargnés, mais notre vaisseau amiral est fortement attaqué : il y a désormais trois navettes qui ont pris pied sur ce bâtiment, et il y en aura bientôt d'autres.

-Ils me visent, évidemment. Coupez la tête et le reste fuira ! Et Tenson ?

-Il a pu abattre deux autres transports mais il est poursuivi. Il doit se réfugier dans un de nos croiseurs ou cela risque de devenir beaucoup trop dangereux.

- Mettez-moi en contact avec lui. Tenson, vous m'entendez ?

-Amiral ! J'adore votre chasseur. Qu'est-ce que vous dites de cela ?

-C'est très bien Tenson, vous avez fait votre maximum. Mais retournez dans un croiseur, maintenant. La situation est trop tendue.

-Je vois que ca tourne mal partout. Ne me dites pas que nous allons perdre ?

-Je l'ignore. Ce que je sais, c'est que nous devons repousser leurs assauts si nous voulons au moins nous replier en bon ordre. Les accès de Loyva sont défendus et ils ne pourront pas se poser pour entrer dans les souterrains si facilement.

-Se replier ? Vous perdez espoir rapidement !

-Ecoutez, je sais que ce n'est pas la solution la plus facile à prendre, mais...

-Ah !

-Que se passe t-il ?

-Ils ont touché une de mes ailes ! Et je n'arrive pas à les semer !

-Tenson, de grâce, mettez vous à l'abri ! »

Dans le petit chasseur, l'Anglais faisait ce qu'il pouvait pour s'en sortir. Mais un quatrième ennemi fit son apparition devant lui. Tenson effectua un piqué vers le bas, suivi par ses poursuivants. Puis il se redressa d'un coup et remonta à pleine vitesse. Il tira sur l'un des chasseurs en tournoyant, qui explosa. Les autres eurent à peine le temps de changer de direction. Zigzaguant habilement entre les dernières navettes de transports, il réussit à provoquer un nouveau crash entre un chasseur et l'une d'elle. Mais les deux derniers continuaient de le suivre et de tirer, les tirs se faisant de plus en plus précis et risquant à chaque instant de donner un coup fatal.

« Tom, Tom, Tom... Tu ne vas quand même pas mourir là, non ? Ce serait trop bête ! »

Dans le vaisseau amiral, les deux lieutenants Terriens arrivaient au hangar. Les marins Martiens reculaient et s'apprêtaient à abandonner le lieu. Mais Federico et Henri, arme à la main, leur ordonnèrent de faire demi-tour et de se battre. Devant cette détermination nouvelle, les hommes se reprirent et redoublèrent d'efforts pour défendre l'accès du hangar. Les Terriens entrèrent en premier dans la place qui venait d'être abandonnée, sous les tirs des soldats d'infanterie Catysmopes. Une quatrième navette fit son apparition et pénétra lentement dans le hangar. Un officier Martien cria au Français :

« Il y a des lance-roquettes dans ces caisses ! »

Se demandant pourquoi diable personne ne les avait utilisés avant, Henri ouvrit l'une des caisses, chargea une des armes et la pointa sur la navette qui se posait. Il attendit un peu que sa rampe d'accès commence à se déployer, et tira. La roquette partit tout droit et frappa les entrailles du vaisseau, qui en percuta un autre.

« Voilà, ca va un peu mieux. »

Une communication arriva alors à Federico. Celle-ci répondit, à couvert, et c'était Tenson qui parlait.

« Federico ?

-Oui mon capitaine ?

-Henri est avec vous ?

-Juste à côté de moi. Nous sommes en train de repousser l'abordage du vaisseau amiral.

-C'est très bien. Continuez comme cela.

-Vous avez une voix étrange, monsieur. Qu'y a-t-il ?

-C'est que j'ai de nouveau quatre chasseurs à mes trousses, et que mon vaisseau est endommagé. Je ne sais pas trop comment la suite va se dérouler, alors je voulais avoir de vos nouvelles.

-Capitaine, non ! »

Sur le vaisseau amiral Catysmope, l'amiral Ramizer était mis au courant de l'évolution de la bataille.

« Monsieur ? Le fameux chasseur Martien est encerclé.

-Excellent. Réglez-vous sur sa fréquence et établissez une communication avec lui.

-Chasseur amélioré Martien, recevez vous cette communication ? Chasseur amélioré Martien, répondez. L'amiral veut vous parler.

-Ici le chasseur amélioré Martien. Bonjour, amiral.

-Bonjour, amiral Nox. Alors, qu'avez-vous à dire pour votre reddition ?

-Il y a erreur, amiral. Je ne suis pas l'amiral Nox.

-Pardon ? Qui alors ?

-Je suis le capitaine Tom Tenson, officier de la Légion Britannique et par conséquent de l'Armée de la Fédération Terrienne. Mes respects, monsieur.

-Un Terrien ? Dans ce chasseur ?

-Et oui. C'est dommage n'est-ce pas ?

-Toutes mes félicitations pour votre petit vol, Terrien. Coupez la communication !

-Amiral ? Devons-nous le faire arrêter et amener sur le vaisseau ?

-Hors de question ! Abattez son chasseur !

-A vos ordres. Appel à tous les chasseurs : abattez le chasseur amélioré Martien, cible prioritaire. Retirez vous de tout autre engagement. »

Tenson continua ses petits tours de loopings, de vrille, de demi-tours et de piqués. Quand il arrivait à abattre un de ses adversaires, un autre le remplaçait. Il contacta donc le vaisseau de Bells Atyr.

« Général Hanrel ?

-Tenson ! Posez-vous bon sang, posez-vous n'importe où ! Ils arrivent de tous les côtés et nos frégates ne pourront pas tous les avoir !

-Ils me coupent toutes les routes. Je peux seulement gagner du temps.

-Je vais faire revenir les chasseurs, ils vont te sortir de là !

-Ce serait du suicide. Je m'oppose à ce que quelqu'un se sacrifie pour moi. Je préfère encore l'inverse.

-Tenson ! »

Mettant ses réacteurs à pleine puissance, le Terrien traversa le champ de bataille d'une traite, pourchassé sans pitié par les chasseurs Catysmopes, surpris par ce demi-tour. Il passa les tirs des frégates ennemies qui dans la précipitation détruisirent quelques uns de leurs propres chasseurs. Ce qu'il restait de la chasse d'Orthor était à présent à ses trousses. Son objectif : le pont de commandement de l'amiral Ramizer. Les chasseurs Martiens aperçurent ce vaisseau et comprirent son intention, tout comme l'ennemi.

« Monsieur ? Le chasseur amélioré fonce droit sur nous !

-Comment ? Abattez-le ! Tourelles, chasseurs, tuez le ! Intensifiez le feu des postes avancés ! »

Dans le vaisseau d'Atyr, Hanrel persistait :

« Tenson, arrêtez cette folie !

-Désolé, général. Je refuse d'exploser en plein vol sans que je ne l'ai décidé.

-Vous n'allez pas vous écraser, arrêtez ça ! »

-Ce fut un plaisir, général Loggs Hanrel.

-Tom ! »

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