La mort d'Éloïse

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Il faisait noir, aucune lumière ne filtrait dans cette fichue forêt dans laquelle Éloïse courait depuis une bonne dizaine d'heures.

Elle avait faim, elle avait soif, elle n'en pouvait vraiment plus, mais impossible pour elle de s'arrêter au risque "qu'elle" ne la rattrape.

Elle ? Était ce vraiment mieux de la qualifier ainsi ?

Cette... chose ? Créature ?

Non. Quoique que cela fut, ça ne pouvait aucunement être humain.

Malgré l'apparence, la carrure d'homme, le même visage, les mêmes mains, la même capacités à utiliser le langage.

Éloïse refusait tout bonnement d'admettre "qu'elle" était de la même espèce qu'elle.

Pas après avoir vu ce "qu'elle" avait fait.

Pas après "qu'elle " ait transformé ce qui au départ n'était qu'une simple sortie entre amis, en un véritable carnage.

"Elle" les avait tous tué, sans regret, sans une once de remord.

Oui. C'était "elle" c'était la faute à "elle"

Mais était ce vraiment le cas ?

Était ce vraiment "elle" la responsable ?

Et qui était "elle" au juste ?

Éloïse courait, elle courait de toutes ses forces, les larmes aux yeux, la peur s'étant emparée de tout son être.

Il fallait qu'elle continue, il ne fallait pas "Qu'Elle" la rattrape.

Courir, courir plus vite et sortir de cette maudite forêt ! Courir en essayant d'effacer de sa mémoire l'image des corps sans vie de ses amis.

Pourquoi suis je encore en vie ? Se disait Éloïse. Pourquoi eux et pas moi ? Pourquoi je fuis au juste ?

Les questions se bousculaient dans sa tête, et, par manque d'inattention, Éloïse trébucha, se retrouva par terre, la cheville foulée.

Elle tenta de se relever, tremblante d'effroi. Il fallait qu'elle se relève.

Mais elle ne le pouvait pas. Elle ne le pouvait plus. Son corps ne lui répondait plus. Et à quoi bon de toute façon ? C'était trop tard. "Elle" était maintenant face à Éloïse. Ces yeux, ce sourire, ses vêtements tachés du sang de ses amis à elle, Éloïse.

La jeune femme ne le supportait pas.

- Qui es tu à la fin ? Qu'est ce que tu me veux au juste ?! Hurla-t-elle à bout, la voix emplie de sanglots

- Mais je suis toi. Et tu es moi. Toi et moi nous ne formons qu'un, il faut que tu l'acceptes. Ouvre les yeux Éloïse, ouvres les yeux et regarde bien. Regarde le sang qui tâche tes vêtements, celui présent sur le couteau que tu tiens dans la main. Ce n'est pas moi qui les ai tué, c'est nous !

Non. Non ce n'était pas possible, la jeune femme se savait incapable de faire une chose pareille, mais, en était elle vraiment sûr ?

Éloïse ne savait plus que croire.

Ouvrir les yeux. "Elle" lui avait demandé d'ouvrir les yeux. La jeune femme se décida à le faire.

Lentement, très lentement, elle ouvrit ses yeux.

Et ce qu'elle vit, ne fit qu'augmenter d'avantage sa tristesse et son désarroi.

Tout ce temps qu'elle se croyait entrain de courir, elle n'avait en réalité pas du tout bougé du campement. Le ciel parsemé d'étoiles, lui rappela qu'elle était encore en plein milieu de la nuit.

À côté d'elle, se trouvait un couteau. Plein de sang. Le même qui recouvrait ses mains et ses vêtements. Cette même couleur rougeâtre. Cette même odeur ferreuse. Le sang de ses amis.

Ses amis qu'elle avait sauvagement assassiné durant leur sommeil.

Mais pourquoi ? Pourquoi avait t'elle fait ça ? Pourquoi ?!

- Pour le fun ! Rétorqua cette mêmmême voix dans sa tête, cette détestable voix, cresponsable de son malheur.

Pour le fun ? Réalisa une Éloïse incrédule. Elle, Éloïse, aurait fait ça juste pour le fun ? Méritait elle encore d'être qualifiée d'être humain ?

Non. Sûrement pas. C'était monstrueux. Elle était monstrueuse. Elle ne valait pas mieux "qu'elle".

La jeune femme le savait. Elle savait à présent ce qu'il lui restait à faire. Si "elle" faisait partie intégrante d'Éloïse, alors pour tuer "elle" pour "qu'elle" ne fasse plus jamais de mal à qui que ce soit d'autre. Il suffisait qu' Éloïse meurt. Oui. C'était ça la solution. Éloïse devait mourir.

C'est pourquoi, sans une pensée de plus, avec une détermination sans faille, Éloïse s'empara du couteau. Le même "qu'elle" avait utilisée pour prendre la vie à ses amis.

La lame froide, glissant dans la chair d' Éloïse, lui faisait un mal insoutenable. Mais elle ne pouvait pas arrêter. Elle ne devait pas arrêter. Parce qu' Éloïse devait mourir.

Et Éloïse mourut, le sourire aux lèvres, dernière victime de sa propre folie.

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