Chapitre 4 — Pressentiments Et Platanes

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dans l'épisode précédent René a enregistré son fils Georges à la mairie d'Auch. Quand l’absurde s’invite dans l’état civil.

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Après l’épisode du clerc de mairie, René avait besoin d’aérer son esprit. Il décida de se rendre à son endroit favori : les allées d’Étigny. Il longea le Café Darolles. À l’intérieur, un juke-box jouait en boucle « Rock the Joint » de Bill Haley. Afin de se réchauffer, le jeune papa remonta le col de sa veste. Après avoir dépassé l’Hôtel de France, il gravit quelques marches.

René tourna sur la droite pour atteindre une dalle bétonnée. Là, un banc l'attendait. Il leva les yeux. Les rayons du soleil l’éblouirent. Une nuée d’oiseaux s’envola d'un entrelacs de branches tressées en toile d'araignée. À cet instant il se sentait isolé. Sans la présence de Rosa, c’était un homme seul. Comme pour se réconforter, il fuma plusieurs cigarettes en prenant soin d’éparpiller les mégots. Il se trouvait confronté à un mélange d'agitation intense et contradictoire, au terme duquel une profonde déprime l’emportait.Une scène vint briser le flot de ses pensées.

Deux fillettes, l'une à vélo et l'autre à trottinette, sortirent de nulle part. Les gamines déposèrent leurs jouets au sol puis se couchèrent, protégées par les arbres. La première, une brune, celle qui avait la bicyclette, posa une question à la façon dont font les enfants pour s'amuser en jouant sur les sonorités de la langue.

— Tu préfères les brocolis ou les « brocoulous » ? demanda la brune en riant.

La blonde, aux yeux violets, plissa les yeux, intriguée.

— C'est quoi, les « brocoulous » ? Ça n'existe même pas !

— Mais si, c'est comme les brocolis, mais avec un nom rigolo ! répondit la brune avec un sourire malicieux.

— Ah, d'accord ! Moi, j'aime bien les brocolis normaux, surtout quand maman met du fromage fondu dessus. Mmm, trop bon !

La brune fit une grimace exagérée.

— Beurk, moi j'aime pas trop, ça sent bizarre !

— N'importe quoi, c'est super bon ! T'es juste difficile, voilà tout !

— Et toi, avec tes cheveux longs, on dirait une sorcière !

Ce dialogue fit sourire René. Les fillettes s'agitèrent soudain. Elles aperçurent en haut des escaliers la compagnie des Sapeurs-pompiers du Gers, dont les uniformes brillaient tant par le pittoresque que par l'élégance. Ils marchèrent d'un pas martial et cadencé. Les graciles jeunes filles accompagnèrent d'un regard sucré les virils soldats du feu. Le cortège passa à côté des gamines et s’avança jusqu’au fond des allées, à l’endroit où l’espace se déroba à leurs vues.

Indifférent à cette parade René allait quitter les lieux lorsqu'il ressentit une douleur fulgurante dans le bas de son dos. Il fut pris de vertiges. C’était le symptôme d'un mal plus profond qui bouleverserait son existence.

==O==

Dans l'épisode suivant, dans les ruelles d’Auch, entre mémoire et révolte, Rosa la mère promène son enfant Georges sous l’ombre des pierres séculaires. Les échos du passé se mêlent aux cris des jeunes insurgés. Un récit où l’intime rencontre l’histoire.

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