Tentative pour faire entendre raison à une amie à propos de ses amours malavisées

2 minutes de lecture

Inspiré d'un vécu et aussi, très vaguement, de la superbe "Consolation à M. Du Périer sur la mort de sa fille", par François de Malherbe. (À l'origine, en réponse au défi "Aveugle d'amour", lancé par Florienelly.)




Faudra-t-il donc toujours que tu te précipites
Vers un nouvel amant, mon amie ? Et si vite ?
À peine ton cher cœur s’est-il un peu pansé,
Et toujours tu le veux faire aussitôt danser
À nouveau… Bien sûr, tu dis juste : « on verra bien ! »
Mais ton empressement trahit déjà le lien
À l’absence duquel tu voudrais faire croire,
Légère faussement comme un nuage noir…
Combien de fois après pareilles entreprises
T’es-tu retrouvée seule enfin, et toute grise ?
Souvent j’ai essayé de calmer tes transports,
Mais je n’ai rien pu faire contre un ancien sort
Qui donne à tes ardeurs comme une indépendance,
Et ne néglige pas des amants de violence,
Tu me l’as dit… Que faire contre un vieux démon
Qui disparaît parfois comme un petit garçon ?
Souvent aussi j’ai hésité, je me disais
Tantôt cet homme est bon, et cet homme est mauvais
Pour toi, sans voir si le démon était derrière
Ou non, mais enfin toi seule avait la lumière.
Tu sais l’amour n’est pas seulement dans les hommes,
Il est bien petit et faible, ainsi qu’on le nomme,
Souvent il n’est qu’une chimère partagée,
Une illusion vainqueure, un désir imagé,
Le véritable amour n’a rien de ce mensonge
Qui n’est que distraction, comme un os que l’on ronge.
Certes, je parle du fond d’une solitude
Que tu ne conçois pas, et ma sollicitude
A pour toi des principes inconnus, voilà
En effet bien longtemps qu’un serein célibat
Est ma condition, mais, quoique je m’y complaise,
Je ne m’y suis pas toujours trouvé si à l’aise,
J’ai souvent renoncé à des plaisirs possibles
Malgré l’envie que j’en avais, parfois terrible,
Sous l’effet d’une peur, d’un trouble, d’un émoi
Qui menaçait de trop me détourner de moi,
De mon image que je crois percer à jour
À force de rester devant, comme un vautour
Qui tourne autour de sa proie, mais, tout comme lui,
Je ne fais qu’attendre une mort, et je ne puis
Rien ainsi pour la précipiter, c’est plutôt
En se détournant de l’occasion de nos maux
Que nous pourrons les conjurer. Ainsi, vois-tu,
Si nous sommes bien contraires dans nos abus,
Nous avons en commun de ne pouvoir choisir
Nos amours, toi devant donc toujours en subir
La manie, moi devant en subir l’aversion.
S’il te plaît, prends au moins en considération
Cette similitude en pesant mes conseils,
Je crois qu’un cœur comme le tien, on ne le paye
Pas longtemps de faux-semblants et d’erreurs. Enfin
Je sais qu’au fond de toi tu sais ce qui est sain.
Écoute cette voix peut-être un peu lointaine,
Et tu sauras qu’Amour coule bien dans tes veines.

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