Le monde d'avant le monde d'après (et inversement)
On se souvient. Plus de la moitié de l’humanité mise aux abris. D’un coup d’un seul, les rues désertes et le ciel sans contrails, les renards au cœur de la ville, la baisse inédite du bruit ambiant, les gestes barrières, les apéros WhatsApp, les insomnies… Et aussi de l’incrédulité, des décisions ahurissantes et de l’ivresse. Très vite, la conviction que rien ne pourrait plus être comme avant. Une petite fièvre qui montait. On allait remettre les compteurs à zéro. Au fond, nous avions jusqu’alors eu un brouillon de vie. Le temps était venu d’effacer toutes les erreurs, les fautes et les injustices. Une armée de gens savants y allaient de leurs analyses. Une crise, prophétisait l’un deux, c’est une incertitude qui permet à l’imagination créatrice de proposer du nouveau. Mais, ajoutait-il prudent, c’est aussi un risque de régression mentale, de crétinisation. Bientôt quatre années sont passées. Et cette impression paradoxale d’être repartis comme en 40 collectivement mais qu’individuellement, ce n’est plus pareil. Qu’il manque, qui un ressort, qui une envie, qui le sens. N’empêche, dit l’optimiste, la bataille contre le Covid est la plus grande victoire de l’humanité en termes de vies sauvées. Et si nous avons été capables de cela, tout devrait encore être possible !

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