Montcuq

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Le village de Montcuq était drapé de banc. Il neigeait sur Montcuq. Une neige épaisse et coriace avait recouvert les toits de Montcuq donnant à ces derniers une apparence uniforme et fantomatique. Tout Montcuq dormait, comme assommé, plongé dans une profonde hibernation. Le vent d’hiver soufflait sur Montcuq. Tel un monstre invisible et inquiétant, il expectorait son râle, un râle de phtisique, un râle de vieillard menaçant Montcuq. Parfois, dans les rues de Montcuq, une violente bourrasque faisait se soulever des paquets de neige dans les airs, les plaquait violemment contre les murs des maisons. Beaucoup aiment Montcuq. Les touristes y viennent l’été pour en découvrir les richesses. Les richesses du Quercy.


On a toujours une bonne raison de montrer Montcuq, de faire connaître Moncuq, d’aimer Montcuq. Montcuq n’est plus tout à fait un village. C’est maintenant un charmant bourg actif, ouvert à l’activité économique et touristique pendant les beaux jours d’été, riche d’une coopérative agricole et fruitière. Montcuq est la capitale du poireau. Tout le monde aime le poireau dans Montcuq. Comme beaucoup de ces grosses bourgades de la campagne française, Montcuq a son église, sa Grand-Place et sa mairie. Le clou de Montcuq est bien sûr le donjon haut de 24 mètres, vestige du château construit aux XIIe siècle et classé aux monuments historiques .

L’art est aussi dans mon Montcuq. Au volant de ma voiture, je me baladais dans les rues de Montcuq quand je fus surpris par la neige. Une neige qui se mit à tomber comme un déluge soudain. Un déluge de poudre blanche. Aussitôt, les rues de Montcuq se noyèrent dans un océan poudré si bien que j’eus le plus grand mal à évaluer la largeur des allées de Montcuq, éviter de fracasser ma voiture contre une maison ou contre un poteau. Car les allées de Montcuq sont étroites. Une envie pressante me harcelait. Oui, j’avais envie de faire pipi. Au volant de ma voiture, je n’avais qu’une hâte: trouver une aire de repos et me soulager au plus vite. Contre un arbre, contre un mur ou contre n’importe quoi, pourvu que je sois libéré de cette contrainte atroce et insupportable: pisser! Dans la neige fraiche, derrière un arrêt d'autobus à l'abri des regards indiscrets, tel un sculpteur de Montcuq dont l’urine chaude et vaporeuse remplace le burin, je sculptais des formes jaunâtres. Le plaisir de l’artiste auquel s’ajoute celui, plus trivial, de se soulager. Je mesurai au fur et a mesure de mon plaisir, la quantité de liquide à expurger de ma vessie. L’étalon de mesure était mon jet, plus exactement, son diamètre. Plus celui-ci s’amenuisait, se rétrécissait, moins il me restait de liquide vésical et moins il me restait de temps à jouir de ce plaisir intense et tant attendu. Alors, l’idée de dessiner une belle idée, une idée généreuse, une idée socialiste dans la neige épaisse et immaculée de Montcuq. Pourquoi ne pas dessiner une rose, une rose socialiste sortant de l’intimité de ma voisine qui habite Moncuq. Ah le cul de ma voisine! Une œuvre d’art! Un peu comme mon Montcuq. Je pensai à Courbet. Il doit être bien fourni, bien rose, bien charnu. Un panier bien rempli, d’où sortirait une belle rose rouge et épanouie! Avec mon jet vaporeux et, m’appliquant du mieux possible, je dessinai la rose socialiste jaillissant des cuisses géniales de ma voisine avec cette légende : Socialistes de Montcuq, je vous pisse à l'arrêt!

Adrien de saint-Alban

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