Grandir

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Nina se trouvait toute fébrile face à Liz. Celle-ci semblait l’avoir repérée et souriait en coin. Il sembla même à Nina que la belle Liz torturée par Jean-Paul se tendit encore et bomba encore plus le torse. La belle femme noire ne put s’empêcher de reluquer la punk ainsi attachée et fièrement offerte, dans une attitude qui collait bien plus à l’image qu’elle avait d’elle. Celle d’une femme forte, puissante, qui l’était tellement qu’il lui fallait des sensations extrêmes pour pouvoir relâcher toute la tension qui l’habitait. « Vous pouvez y aller. Je suis prête à vous recevoir. » Voilà ce que le corps de Liz disait à cet instant. Et Nina devait bien s’avouer qu’elle n’avait jamais vu une telle détermination chez quelqu’un. Elle, elle serait déjà écroulée, en boule au sol en train d’implorer la pitié du Maître. Mais Liz était là, le corps meurtri mais debout, à en redemander.

Elle leva les bras et défit le nœud du bandeau porté par la punk. Liz cligna des yeux avant de réussir à fixer celle pour qui elle était en train de briser sa coquille. Elle suait à grosses gouttes, ses muscles tremblaient d’épuisement. Ses joues rougies reluisaient des larmes qui avaient coulé. Elle était magnifique, grande, majestueuse. Nina laissa ses propres larmes couler en lui souriant timidement. Elle voulait lui demander pourquoi, elle voulait savoir ce qui l’obligeait à subir tout ça. Mais elle ne put que l’embrasser. Prendre son visage dans ses mains et coller ses lèvres aux siennes pour lui transmettre tout. Son admiration pour ce qu’elle était, sa gratitude pour ce qu’elle avait fait renaître en elle, mais aussi sa crainte de succomber à cet amour naissant, ses doutes à être digne de la confiance que Liz était en train de mettre en elle. Elle voulait tout lui faire ressentir dans ce baiser intense. Elles pleurèrent ensemble, yeux dans les yeux.

Et dans l’intensité du moment, elles n’avaient pas vu jean-Paul bouger. Sa présence auprès d’elles fut trahie par un sifflement dans l’air, aussitôt suivi d’un claquement qui tendit les deux femmes. Surtout Liz. Nina la vit ouvrir grand ses yeux avant de lâcher un cri d’horreur qui faillit percer les tympans de Nina, qui, elle bondit en arrière. Elle vit Jean-Paul, nu, le sexe en érection dans ses poils dispersés poivre et sel. Il tenait un véritable fouet d’une main assurée. La petite bourgeoise crut que c’en était trop. Elle voulait tout arrêter, ça allait trop loin. Mais elle entendit Liz le remercier à nouveau, avant de s’adresser à elle :

— Reste avec moi, Nina...

Sifflement, claquement, cri. Nina resta les yeux fermés, les mains sur les oreilles, mais elle l’entendait hurler de douleur pendant que le cuir lui lacéra la peau des fesses à cinq reprises. Lorsqu’elle réussit à rouvrir les yeux, elle vit Liz affalée. Ses jambes ne la portaient plus. Mais elle regardait Nina en une grimace qui se voulait sûrement un sourire. Elle la regardait mais on avait le sentiment qu’elle ne la voyait pas vraiment.

Nina comprit qu’elle commençait à partir. C’était exactement ce que Jean-Paul lui avait dit. Lui sortir l’esprit du corps, l’élever au rang d’exhalaison spirituelle, où plus rien ne compte, où nos pensées n’existent plus et se fondent avec les sensations infligées par la main du Maître. Devant ses yeux, Nina voyait Liz partir pour un voyage pendant lequel elle oublierait tout, s’oublierait elle-même pour ne plus être que l’objet de plaisir de Jean-Paul.

Nina le comprit en voyant l’homme reposer le fouet et se vêtir d’un préservatif. Il appliqua du lubrifiant en abondance sur le plastique tout en se masturbant, et s’approcha à nouveau par der­rière, laissant la place à Nina de revenir contre Liz. Elle chancelait mais revint vers Liz. Alors Jean-Paul lui tendit un bras. Elle regarda la main ouverte et découvrit deux pinces. Elle sut aussitôt ce qu’il voulait qu’elle fasse, mais il précisa :

— Je crois qu’elle serait heureuse que vous le fassiez. N’est-ce pas, petite chienne ? demanda-t-il en fourrant deux doigts dans sa chatte qui semblèrent la faire revenir parmi eux un instant.

— Oui, Maître. La petite salope aimerait que Nina lui pose ces pinces.

Et ladite Nina en resta bouche bée. Elle savait que par son éducation, elle n’avait rien à faire ici. Elle savait aussi pourtant qu’elle allait accéder à cette supplique. Elle prit les pinces des mains de Jean-Paul qui remuait ses doigts entre les cuisses de Liz, la faisant se trémousser. Les mains de Nina tremblaient, les seins de Liz bougeaient. À plusieurs reprises, elle tenta d’appliquer une pince à son téton, mais à chaque fois, Jean-Paul remuait ses doigts, secouant Liz, et la pince se refermait dans le vide. Elle allait laisser tomber, les rendre à Jean-Paul qui saurait mieux s’en dépatouiller qu’elle. Mais c’était sans compter sur une Liz survoltée. Les doigts de son Maître la rendait folle de désir, et elle souhaitait plus que tout au monde que cette femme face à elle participe à cette séance. Elle tendit le cou en avant à s’en faire mal et embrassa Nina avec avidité. Celle-ci fondit aussitôt, se laissa aller à se baiser endiablé et entendit la voix de Liz, douce et vindicative à la fois :

— Fous-moi ces pinces, Nina... Fais-moi ce plaisir, j’en ai besoin.

Elles se regardèrent une seconde. Une simple seconde. Penchée ainsi en avant, Liz avait offert à son Maître la possibilité de la doigter de plus belle. Elle se crispa de tout son être pour ne pas succomber à l’envie de se trémousser et bomba le torse vers Nina. Sa crispation accentuait les frottements des doigts de Jean-Paul en elle, mais elle tenait bon. Une seule seconde lui suffit pour voir sa détermination se propager à Nina. Celle-ci attrapa un sein dans une main, les fit glisser jusqu’à tenir le téton entre deux doigts, et appliqua la première pince qui fit grimacer Liz de douleur. Aussi crispée que la soumise, elle appliqua la deuxième avec la même fermeté. Lorsque ses yeux remontèrent sur son visage, Liz pleurait en silence, les yeux exorbités, les mâchoires tendues.

— Merci, lui souffla-t-elle.

Jean-Paul retira alors ses doigts et lui claqua les fesses avec véhémence. Liz n’arrivait même plus à crier. Elle se laissa complè­tement aller, la tête retombée vers le sol, retenue en position par les cordes. Et Jean-Paul était déjà collé à elle. Une main malaxait ses seins, ravivant la douleur des pinces jusqu’à l’insupportable. Mais Liz était désormais repartie. Pour de bon, cette fois. De l’autre main, Jean-Paul tenait son sexe et le dirigeait vers la croupe inerte de Liz en lui soufflant à l’oreille :

— Tu sais à quel point j’aime t’enculer, ma chienne.

— Votre salope aime sentir votre queue dans son cul, sembla réciter Liz en poussant ses reins vers le gland de son Maître.

Nina ne savait plus où elle était, qui elle était. Elle vit avec effroi sa Liz relever un visage déformé par la douleur, lorsque l’homme lui écarta l’anus de son chibre. Non pas qu’il était impressionnant, Nina s’était déjà empalée sur des membres plus conséquents. Mais il n’avait même pas pris le temps de la préparer. Juste le préservatif et du lubrifiant. Liz lâcha un grave et long râle avant de se laisser tomber à nouveau, tête baissée. Jean-Paul se mit à aller et venir, continuant de titiller ses tétons douloureux.

— Oh oui... Quel cul, Liz, quel cul, mon joujou adoré, grognait-il en l’enculant avec de plus en plus de force. Approchez-vous, Nina...

Et elle ne sut pas pourquoi, mais elle approcha. C’était juste complètement irréel. Elle devait être en train de rêver. Elle n’avait même pas le sentiment d’être maîtresse de ses gestes. Elle vint poser sa joue contre celle de Liz. Celle-ci eut un petit geste de tendresse envers elle, mais Jean-Paul se mit à la culbuter franchement, les mains accrochées à ses fines hanches. Nouveau râle grave soufflé avec mollesse dans l’oreille de Nina. Et Nina le sentit. Elle culpabilisa et culpabiliserait sûrement jusqu’à la fin de ses jours. Mais elle mouillait. Voir Liz dans cet état la rendait presque envieuse. Jamais un homme n’avait réussi à lui faire perdre la raison à ce point. Et celui-ci... Celui qui était en train d’enculer Liz devant elle, contre elle... Ce gars de cinquante piges réussissait à la mettre dans un état d’esprit tel qu’il surpassait tous ses amants réunis, sans même l’avoir touchée. Elle sentait sa propre cyprine se mettre à couler sur ses cuisses. Et elle s’en voulut encore plus. Elle se sentait souillée par cet homme et cette femme, souillée dans son âme. Mais elle aimait ça. C’était délicieusement amoral, divinement immonde. Alors elle ne réfléchit même pas, quand elle entendit Liz souffler dans son oreille :

— Doigte-moi... Remplis... ma chatte...

La main de Nina glissa jusqu’à son bas-ventre sous le regard brillant de Jean-Paul. Il ralentit un peu ses va-et-vient, voulant apprécier le moment présent. Il assistait à l’éclosion de sa soumise. Depuis cinq ans, il l’aidait à supporter ce qui la rongeait en atten­dant que quelque chose puisse la faire s’ouvrir au monde. Et devant ses yeux, il voyait celle par qui ce miracle allait sûrement se produire. Il crispa ses doigts dans les cheveux de Liz et la tira en arrière au moment où Nina enfonça deux doigts en elle, la faisant jouir de bonheur. Jean-Paul le sentit aux violentes contractions sur sa verge. Elle était sensée demander l’autorisation, mais il n’eut pas le cœur de briser ce beau moment. Nina gardait ses doigts en elle sans bouger, Liz tressaillait de plaisir et Jean-Paul coulissait avec douceur dans son cul béant.

La punk ne bougeait plus, ne semblait même plus respirer. Nina restait figée, les deux doigts plantés au fond de son vagin dégoulinant. Toutes deux se trouvaient ensemble. Elles étaient l’une contre l’autre dans un autre monde, où les âmes se caressent, se touchent, se mêlent. Et même lorsque Jean-Paul se retira de Liz, elles n’eurent aucun mouvement. Et il lui fallut passer une main douce sur l’épaule de Nina pour qu’elle réagisse. D’un signe, il lui fit comprendre de se reculer. Liz lui sourit, aux anges. Dans le même geste, Jean-Paul la détacha du portique et l’empêcha de s’effondrer au sol. Nina prit une grande inspiration, croyant encore une fois que ça se terminerait là.

Mais Jean-Paul avait beau allonger Liz au sol pour lui défaire ses liens, il n’en restait pas moins vivement excité. Nina ne put s’empêcher d’admirer ce sexe, fièrement bandé, les veines saillantes, enfermé dans ce plastique. Liz reposait à présent sur le dos, la peau témoignant des mauvais traitements de son Maître. Mais elle souriait et écartait les cuisses. Il se mit debout au-dessus d’elle, une jambe de chaque côté de son corps et fit signe à Nina de les rejoindre. Elle ne se faisait plus prier. Elle sentit son excitation la tirailler de plus belle en s’asseyant près de Liz. Puis Jean-Paul s’assit sur elle. Se penchant en avant, il venait offrir à sa bouche son pieu dont il venait de retirer le préservatif. Liz ouvrit la bouche en grand, docile, le regard plongé dans celui de son Maître. Et Nina frissonna de jalousie en y sentant un certain amour, une certaine douceur.

Très vite, les haut-le-cœur de Liz emplirent la pièce, suivis des crachats et fortes respirations pour remplir ses poumons lorsque Jean-Paul relevait son bassin pour la laisser reprendre son souffle. Liz semblait à chaque fois au bord de la syncope, le cœur de Nina s’accélérait, mais elle trouvait cela fascinant. La punk se faisait défoncer la bouche avec un appétit qui déconcerta la belle jeune femme. Mais qui lui donna aussi envie.

Nina avait toujours aimé le sexe, c’était entendu. Mais ce qu’elle ressentait-là était bien au-delà. Elle se sentait véritable salope obsédée... et n’arrivait pas à répugner cette image d’elle. Elle se glissa alors entre les cuisses de sa belle punk. Elle vit ses ongles enfoncés dans les fesses de Jean-Paul alors qu’il lui baisait littéralement la gorge. Les lèvres dégoulinantes de Liz brillaient entre ses jambes. Elles étaient rouge vif d’avoir passé autant de temps coincées entre les cordes et ce n’est seulement que quand Nina lapa sa cyprine qu’elle se rendit compte que c’était la première fois de sa vie qu’elle faisait une telle chose. Et pourtant, à cet instant, cela lui parut tellement naturel.

Elle adorait l’odeur du sexe de Liz, son goût. Elle le trouvait magnifique et se mit à le dévorer avec toute la force du désir qu’elle ressentait pour elle. Elle aurait aimé pouvoir planter ses yeux dans les siens, mais l’image par intermittence de sa bouche remplie de la queue de Jean-Paul ne lui déplut pas non plus. Nina glissa une main entre ses propres cuisses et tout en enfonçant sa langue dans ce puits de plaisir, elle se mit à branler son clitoris. Elle sentit son leggings devoir absorber son propre nectar. Elle le sentait déjà taché mais ne s’arrêta pas.

Sa langue dansait sur la vulve de Liz, qui ondulait de tout son être, transmettant le plaisir de Nina à son Maître par l’intermédiaire de son corps. Et le cinquantenaire ne tint pas longtemps. Liz serra les jambes autour du visage de Nina, qui se mit à aspirer tout son sexe comme si elle comptait l’avaler. Liz se mit à jouir à nouveau et ce fut la réaction en chaîne. Prise dans cet étau de chair, Nina appuya de plus belle sur son clitoris sensible et rejoint Liz dans ses tremblements. Jean-Paul continuait de baiser Liz en grognant sourdement, mais Nina serra les mâchoires. La contraction que le Maître ressentit dans la gorge de Liz fut telle qu’il eut à peine le temps de relever le bassin.

L’image qui suivit resterait sûrement gravée à jamais dans l’esprit de Nina. Alors qu’elle sentait son corps entier brûler, se consumer de plaisir comme jamais, elle reçut un petit jet de cyprine sur le visage, juste au moment où elle pouvait voir Jean-Paul se vider les couilles sur le visage de Liz. Son gland turgescent lâchait de véritables geysers de foutre qui inondaient le doux visage de la punk sans qu’elle n’ait l’envie ni la possibilité d’éviter quoi que ce soit.

Instant suspendu. Plus personne n’est dans cette pièce. Les esprits divaguent, volettent au-dessus des corps. Puis se font happer à nouveau. Sauf Liz.

Jean-Paul se releva et commença à ramasser le matériel. Les jambes qui enserraient Nina n’étaient plus que chair inerte. Nina ressentit une puissante honte la ronger. Elle restait là, la tête reposée sur le pubis de Liz, n’osant plus bouger. Liz respirait calmement. Comme si rien de tout cela n’était arrivé. Nina ferma les yeux et se laissa bercer par le mouvement de son ventre. Haut... Bas... Haut... Bas... Et la honte s’évanouit petit à petit, laissant place à un bien-être nouveau, exaltant.

Lorsqu’elle refit surface, Jean-Paul avait quitté la pièce. Elle releva la tête vers Liz qui semblait dormir, les yeux fermés, le visage encore dégoulinant de sperme. Mais une main vint se poser sur sa joue. Liz ne dormait pas. Elle n’ouvrit pas les yeux pour autant. Elle se mit juste à sourire, la main posée sur la joue brûlante de Nina. Celle-ci savait qu’elle devrait avoir mille questions à lui poser, qu’elle devrait l’inciter à arrêter ce genre de séances. Mais aucun mot ne lui vint en ce sens. Ni dans l’autre. Elle n’arrivait tout simplement pas à penser à autre chose qu’aux sentiments que cette femme qui lui caressait la joue avait fait naître en elle.

Lentement, elle s’allongea près d’elle. Elle se lova contre elle et la regardait sourire, les yeux toujours fermés. Liz était incapable de bouger, le corps meurtri mais l’âme en paix. Et Nina se promit intérieurement qu’elle voudrait la voir aussi heureuse le plus souvent possible. Elle l’embrassa. Elle se délecta du sperme de Jean-Paul tout en embrassant et léchant le visage de Liz. Jusqu’à le nettoyer complètement. Et malgré que le goût lui plaisait assez, il ne s’agissait pas là d’un acte libidineux qui aurait eu pour but de relancer des ébats. Elles avaient eu toutes les deux leur compte, à ce niveau-là. Non, Nina acceptait Liz dans sa totalité. Et Liz le comprit bien. De chaudes larmes coulaient du coin de ses yeux, que Nina but aussi, avant de rester contre elle, toutes les deux somnolentes, jusqu’à ce que Jean-Paul refasse son apparition.

Il s’était changé et douché et leur souriait, debout près d’elles. Dans sa main, il fit tinter les clés de voiture de Liz :

— Ce n’est pas que je veuille vous mettre dehors, mais je crois que vous avez à vous retrouver toutes les deux... Et qu’il serait préférable que je conduise. Je rentrerai à pieds.

Ensemble, ils aidèrent Liz à se relever. Nina put une nouvelle fois admirer la force de caractère de la punk. Après tout ce qu’elle avait subi, elle ne se plaignait pas. Chaque marque sur son corps devait lui faire souffrir le martyre, mais c’est à peine si elle grimaçait. Au contraire, elle semblait se lover encore dans cette douleur. Liz s’allongea sur la banquette arrière et Nina monta près de la place du chauffeur. La punk sombra rapidement dans le sommeil, à peine avaient-ils dépasser le premier croisement. Nina en profita pour briser le silence qu’elle commençait à trouver pesant :

— C’était... inattendu, fit Nina avant de partir d’un ricanement incontrôlé.

— Liz est quelqu’un d’inattendu, lui répondit Jean-Paul. Mais je crois qu’elle a trouvé quelqu’un qui l’est tout autant. Vous avez été épatante, Nina. Et Liz a besoin de quelqu’un d’épatant.

Elle ne savait plus quoi dire. Elle sentit ses joues s’empourprer, et ne put qu’articuler difficilement :

— Merci... Elle m’a sauvée... Je crois que je lui devais bien ça.

— Je suis vraiment heureux de cette soirée, Nina. C’était sûre­ment la dernière avec Liz. Vous arriverez sûrement à me... remplacer, en quelque sorte. Mais je l’ai toujours su. Je n’étais que substitution. Peut-être aurai-je l’occasion d’en parler avec elle d’ici peu. Mais dites-lui bien : je suis heureux pour elle, pour vous. Dans cette cave, vous avez montré quelle belle personne vous êtes.

— Mais je n’ai pas...

— Oh que si ! Je vous l’ai dit... Vous êtes une silencieuse et ça plaît à Liz. Mais ce n’est pas parce que vous ne parlez pas que vous ne dites rien. Vous étiez subjuguée par Liz, et je vous ai observée. J’aurais certes aimé le faire plus. Mais j’ai vu vos réactions. Pendant que Liz se dépassait dans sa résistance à la douleur, vous vous dépassiez vous-mêmes dans vos préjugés. Je vous ai vue lutter contre vous-mêmes. Pour elle. Et il n’y a que des belles personnes qui réussissent aussi facilement que vous l’avez fait. Alors je vous le dis comme je le pense, Nina, malgré qu’on ne se connaisse pas : vous la méritez autant qu’elle vous mérite, vous n’avez pas à croire que vous êtes inférieure à elle parce que vous n’auriez pas réussi à subir autant qu’elle. Vous avez subi bien pire qu’elle, croyez-moi.

Et alors que Jean-Paul tournait à droite pour entrer dans la rue Zola, Liz ricana sur la banquette arrière.

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