La lettre
Quand tu recevras cette lettre, tu te demanderas sûrement pourquoi je t'en envoie une. On se parle régulièrement mais pour tout te dire, ça sonne comme quelque chose de plus solennel.
Je me suis remémoré ton mariage, l'année dernière. La première rencontre avec celui que tu avais choisi et qui t'avais choisi pour passer la vie ensemble. J'ai pu voir, ressentir et entendre ce que vous étiez vraiment l'un pour l'autre. Quand je pense au mot famille, très rarement le mot fierté m'est venu en tête mais ce jour-là il était approprié.
Alors que je me tenais debout face à la foule que composait vos proches, j'ai repensé à tout ce qu'on a traversé toi et moi. De notre première rencontre lors d'un anniversaire que je ne pourrais plus jamais oublier, jusqu'à cet instant, devant ces gens. Je me souviens encore très bien du premier moment où j'ai posé le regard sur ces grands yeux qui ne manqueront jamais de vie et cette mèche blonde parmi tous ces cheveux châtains. Ce soir-là, nous n'avions pas beaucoup parlé mais déjà là, je savais que tu étais quelqu'un de chouette.
Les années sont passées, quelques petits messages cordiaux mais nous ne partageions pas encore ce lien que je chérirais jusqu'à mon passage de vie à trépas.
Puis est arrivé le mois d'Août 2015... un pansement arraché qui t'avais tant fait souffrir tandis que je suis venu avec mes grands sabots, sans aucun tact. Je pensais que tu parlais d'un mal physique, la réalité était bien différente. J'avais deux choix, partir et espérer que tu ailles mieux ou rester parce qu'avec un tel événement, personne ne mérite de rester seul. Je suis resté, pendant 64 jours à essayer de t'épauler comme je le pouvais, un message à chaque réveil, pour te dire que je pensais à toi, d'une manière ou d'une autre. De ce moment troublé est né quelque chose entre nous, quelque chose de fort et d'authentique. Tu m'as choisi comme je t'ai choisi, pas parce que des liens sanguins nous l'imposent mais parce qu'on s'aime comme un frère et une soeur.
Durant presque deux ans, on a partagé des hauts et des bas, toujours présents l'un pour l'autre, même si je sais que tu as pensé que c'était à sens unique. Ca n'a jamais été le cas, petite soeur, tu sais que ce lien que l'on partage m'a amené tellement de forces à des moments où je n'en avais plus tant que ça. Même si c'était plus subtil, tu as été là pour moi, plus que tu ne le pensais à cette époque. C'est d'ailleurs pour ça que je n'ai pas compris pourquoi en ce jour de Mars 2017, tu m'as dit stop. Ce jour-là, le poids du monde m'est tombé dessus, ça a été soudain et douloureux. Pendant 18 mois, j'ai cherché à comprendre, en me disant que j'avais sûrement dit ou fait quelque chose de regrettable.
Ton départ de ma vie a été soudain, ton retour l'a été d'autant plus. Je ne pensais pas te revoir, encore moins sur Scribay.
J'ai une analogie un peu perchée que j'aimerais te partager. Nous sommes tous des enfants des étoiles, on partage des éléments physiques avec elles... mais d'un oeil différent, j'ai tendance à penser qu'on gravite tous dans un univers qui nous est propre. Chaque humain ets une petite planète tournant dans le vide spatial où brillent quelques étoiles mais où de nombreux trous noirs nous attendent, prêts à nous envoyer dans une éternité de tourments. Petite soeur, pendant longtemps cette planète qui me représente à voguer dans le vide spatial, ayant échappé de peu à une mise à mort dans ces trous noirs. Autrefois, la galaxie famille était composée de nuages de poussière et de vide mais quelque chose y est entré et l'a fait briller de mille feux. Une étoile qui porte un prénom : Le tien. Dans mon analogie, tu es une étoile lumineuse, dans la réalité, tu es une jeune femme brillante et je ne te remercierais jamais assez pour ce lien.
Petite soeur, je t'aime. De toutes les fibres de mon être.
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