Chapitre 04.4

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Esmelia était plus étonnée par le fait qu’un individu tel que ce hacker ait pu posséder toutes ces informations sans chercher à les vendre au plus offrant que par leur teneur. Il n’avait même pas discuté le dédommagement de Kolya.

Arrivé au bout de ses révélations, l’informateur avait fini par s’endormir l’esprit trop embrumé pour penser à sa phobie des microbes, la tête posée sur une table de bar, parmi un nombre vertigineux de verres vides.

Écrasé par l’ampleur des révélations, Kolya n’avait rien dit sur le trajet du retour, pas plus que dans l’avion qui les avaient ramenés aux États-Unis. Elle non plus. De nombreuses questions se posaient.

L’un comme l’autre aboutissait aux mêmes conclusions : une telle découverte impliquait non seulement des bénéfices financiers et scientifiques, et surtout la possibilité pour les Terriens de s’installer sur d’autres mondes et, à plus long terme, d’assurer l’expansion de l’espèce humaine au-delà du système solaire et de s’assurer une forme de protection contre d’autres espèces possiblement conscientes et intelligentes. Sans oublier les luttes internes déjà existantes sur la planète. Autant dire que pareilles découvertes devaient intéresser de nombreux gouvernements et consortiums.

Était-ce à cause de ce qui ressemblait, sans doute à leurs yeux, à une occasion manquée que les Américains avaient haussé le ton ?

Après tout, par le biais de l’ONU, ils profitaient aussi du C.E.T. Leurs bénéfices n’étaient peut-être pas ceux qu’ils attendaient. Ils espéraient sûrement beaucoup plus.

Des bénéfices financiers, peut-être. Ou bien une nouvelle Conquête de l’Ouest, version spatiale.

Esmelia ne voyait que cela qui puisse expliquer leur mécontentement, accompagné de quelques menaces de sanctions économiques, sans doute. Cela pouvait expliquer la levée de bouclier à leur égard.

S’ils parvenaient à leurs fins, alors tous les pays demanderaient aussi à posséder les mêmes avantages. Où cela les conduirait-il ? Où cela conduirait-il cette planète et tout ce qui y vivait ?

Kolya avait continué à se renseigner pour localiser le C.E.T. Rien n'indiquait qu'il se trouvait bien dans la base de l'AMSEVE. L'informateur n’avait pas su le lui confirmer. Il avait réussi à obtenir des informations en provenance directe du Luxembourg.

Il avait découvert que l’AMSEVE, dans sa version anglo-saxonne, GSAEEL (Global Surveillance Agency of Environments and Extraterrestrial Life), n’apparaissait que comme un département mineur dans l’organigramme de l’ONU. Quelques lignes budgétaires dans les vingt-cinq derniers bilans annuels de l’organisation Internationale, attestaient que les sommes qui lui étaient allouées étaient loin d'être moindres, même s’il fallait être plus qu’un spécialiste des chiffres pour le remarquer. En remontant plus loin, ils auraient retrouvé ces mêmes lignes manquantes.

Selon Kolya, pour qu’un projet tel que le C.E.T. soit mis en place, il avait fallu trouver un site à l’abri des regards tout en faisant partie du paysage. Un endroit qui permettait de poursuivre des recherches sans que cela inquiète qui que ce soit, et en particuliers les autochtones, et surtout sans que personne ne se pose de question sur la présence de militaires ou de blouses blanches concentrées sur un même lieu. Il fallait donc une place isolée de toute civilisation.

Or, depuis quelques décennies, ce genre d’endroit ne manquait pas autour de la planète. D’office, Kolya exclut les États-Unis et tous les endroits où le gouvernement américain exerçait une autorité certaine.

Il retira aussi de la liste tous les États qui refuseraient que l’ONU ou un organisme qui en dépendait puisse faire des recherches sur leurs territoires sans qu’ils en retirent le moindre bénéfice.

Malgré ces deux facteurs, la liste des lieux possibles pour une expérimentation discrète restait longue. Mais plus il avançait dans ses recherches, plus Kolya avait la certitude que le C.E.T. se trouvait en Antarctique dans la base de l’AMSEVE.

Peu après, il s’était arrangé pour que Esmelia intègre l’un des services de l’ONU en tant que traductrice.

La présence, sur son curriculum vitae, d’une spécialisation en langues mortes avait conduit sa protégée dans un service dépendant directement de l’AMSEVE.

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