Chapitre 10.2

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Il se rendit compte de l’évidence énoncée.

— Désolé. En réalité, C’est plutôt nous les extraterrestres… Enfin, les extrafeloniacoupiens. En même temps, vu votre prestation, je pensais que vous saviez à qui vous aviez affaire.

— Le moins du monde.

Il se fit un devoir de le lui expliquer.

— Ses habitants appellent cette planète Féloniacoupia… Cette planète ou bien le continent sur lequel nous nous trouvons, à moins que ce ne soit la région. Ils ne sont pas très clairs avec les appellations de lieux. Ils n’ont pas l’air d’y attacher une grande importance. Leurs cartes géographiques sont très sommaires. En tous les cas, pour nous, c’est Féloniacoupia.

Elle hocha la tête.

— Ça va être pratique quand ils inventeront un assistant de navigation comme le Système de Repérage Géographique, ironisa-t-elle.

— Je crois que c’est déjà fait, répondit-il sans relever le sarcasme. À l’échelle spatiale.

Au moins, une bonne nouvelle, songea-t-elle

Elle reporta son attention sur le Drægan :

— Donc, C’est ça un Drægan ? demanda-t-elle à mi-voix.

Elle plissa les yeux en l’observant, feignant de chercher ce qui le différenciait des êtres humains comme elle, MacAsgaill et tous ceux qu’elle avait l’habitude de côtoyer avant de quitter la Terre.

Le scientifique poursuivit :

— D’après ce que j’ai pu apprendre à son sujet, il est considéré comme une légende, mais aussi comme mort…

La Mort lui courait après… Voilà qui ne l’étonnait guère.

— Il me semble pourtant bien vivant…

— Ce qui laisserait supposer qu’on ne peut pas le tuer… ou qu’il ressuscite à chaque fois que quelqu’un y parvient. Bref, tout laisse croire qu’il est immortel. Mais les Drægans ne sont pas des immortels, même s’ils peuvent vivre des milliers d’années.

Il lui laissa quelques secondes pour assimiler ces informations avant d’ajouter :

— Par contre, j’ai entendu dire qu’ils maîtrisaient certaines technologies comme le clonage et d’autres sciences qui laisseraient à penser qu’ils sont magiciens. Et de la vraie magie, ou ce qu’on peut supposer en être comme l’illusion, la translation, la métamorphose, et j’en passe. C’est sûrement pourquoi ils ont été pris pour des Dieux. C’est certainement aussi l’une des raisons pour lesquels ils sont représentés sous la forme d’animaux.

— J’imagine que c’est possible pour une espèce qui a tout son temps pour inventer ce dont elle a besoin, ironisa-t-elle. À propos de temps… Il ne le ferait pas durer un peu ?

Sans relever sa question, le scientifique poursuivait sa réflexion :

— C’est très pratique pour faire croire à sa mort et disparaître pendant un temps. Vous pouvez utiliser autant de clones que vous le souhaitez ou arrêter les battements de votre cœur pour faire croire à votre mort.

— Un seul clone devrait suffire, non ? releva-t-elle.

—Il serait mort plusieurs fois.

Cela posait surtout un nouveau problème…

— Si C’est bien le cas, êtes-vous certain que celui-ci soit l’original et non… une copie ?

Il eut un sourire triste avant de répondre.

— Si vous avez un moyen de le savoir…

— Son immortalité n’est peut-être rien de plus qu’une légende. Comme le clonage. Il leur suffit de le faire croire… ou de lancer la rumeur. Le temps fait le reste. D’autant plus s’il se compte en siècles.

— Ce n’est pas l’avis de l’une de mes amies… D’après elle, la réputation d'un Drægan n'est jamais usurpée. Ils comptent parmi les pires crapules de notre galaxie. Les mots pacifisme, altruisme et leurs dérivés ne figurent pas dans leur langue. Ça en dit beaucoup sur leur civilisation. S’ils peuvent se vanter d’une chose dont ils sont capables, alors ils le font plutôt deux fois qu’une.

— Vous en savez beaucoup sur eux.

Il eut un rire bref et sarcastique.

— J’ai encore beaucoup à apprendre. En fait, j’ai… J’avais une amie qui en sait long sur cette espèce, poursuivit-il. Elle les pourchasse depuis longtemps… Avant son arrivée à l’AMSEVE, Baal était déjà sa baleine blanche. Sa tête était mise à prix… Je suis presque certain qu’elle doit toujours l’être, d’ailleurs. Elle était persuadée l’avoir tué… Au moins trois fois. À chaque fois, il ne lui fallait pas attendre longtemps pour qu’il refasse parler de lui à un endroit ou à un autre de la galaxie, selon elle.

— Votre amie était chasseuse de primes ?

— C’est ce que j’ai toujours supposé. Elle disait qu’à cause de lui et de ses fausses morts, elle devait un paquet d’argent à quelqu’un, et que si elle ne le remboursait pas rapidement, ce serait sa tête à elle qui se retrouverait mise à prix.

— Si elle pourchassait un extraterrestre, j’imagine qu’elle l’était aussi.

— À la voir, vous n’en douteriez pas un seul instant.

Elle prit l’air dubitatif qui convenait à la situation.

— Dites, la baleine blanche de votre amie, elle a un autre nom ?

— Pourquoi aurait-il un autre nom ?

— Pour rien. Enfin si… C’est bizarre comme nom. On ne sait même pas si un nom ou un prénom, ou alors un pseudonyme… ou même un titre.

Elle avait parlé un peu plus fort. Elle s’en rendit compte lorsque le marchand d’esclaves cracha quelques mots à leur intention. Sans doute leur intimait-il l’ordre de se taire.

Belle Gueule I qui attendait à ses côtés fit un pas dans leur direction.

Baal l’arrêta d’un geste de la main, tout en échangeant encore quelques mots à voix basse avec le marchand d’esclaves.

À un moment, celui-ci jeta des regards méfiants à son courtier, puis à son négociateur.

Peut-être pour éviter de se retrouver trop étroitement liée à l’affaire, la mante religieuse se mit en devoir de recompter les mises des acheteurs précédents avec la plus grande attention comme si la scène qui se jouait, près d'elle, lui était totalement étrangère.

L’autre leva les yeux au ciel et soupira. Du moins, ce fut l’impression qu’il donna sous sa touffe de poils faciaux.

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