Chapitre 15.4

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Baal en profita en adoptant une attitude plus offensive.

Il la frappa au ventre, puis à l’épaule.

En retour, elle lui asséna un coup de pied à la hanche qui lui arracha une grimace de douleur. Il lui balaya les jambes, la fit tomber et, alors qu’elle se relevait d’un bond. Il la cueillit en lui envoyant son poing droit dans le ventre.

La force du coup la fit reculer, le souffle coupé, les larmes aux yeux…

Elle se rendit compte que plus personne autour d’eux ne s’entraînait. Les labirés observaient en silence le combat de leur maître.

Ils voulaient du spectacle, ils allaient être servis.

Elle replongea dans le combat comme un saumon contre le courant.

Combien de temps dura-t-il ?

Baal ne lui laissait pas le temps de reprendre son souffle.

Elle devait admettre qu’il était l’un des meilleurs combattants contre lesquels elle avait eu à lutter. Pourtant, il avait déjà un combat devant lui, et elle sentait qu’il retenait certains de ses coups.

Pour terminer, il la frappa de telle manière qu’elle dût se plier en deux, moins à cause de la douleur qu’elle ressentait à peine que pour parvenir à respirer. Elle tomba à genoux, étourdie. Chose curieuse, elle le sentit la retenir de tomber en avant. Elle sentit sa main appuyer sur son diaphragme, et une petite décharge électrique se propagea dans ses poumons, brève, fulgurante. Enfin, elle put reprendre son souffle à peu près normalement.

Il l’aida à se relever. De la même manière qu’ils l’avaient fait au début du combat, ils se saluèrent.

Lorsqu’elle se redressa, Esmelia se sentit chancelante et vidée de toute énergie. Elle avait mal partout et des hématomes commençaient à transparaître sur sa peau. Elle regarda Baal en essayant de ne pas montrer sa surprise. Elle savait qu’elle venait de se battre, mais elle n’en avait aucun autre souvenir.

Elle quitta le tatami d’un pas traînant, essaya de rassembler autant ses forces que la moindre bribe de souvenir. C’était peine perdue pour l’un comme pour l’autre.

Vint alors le tour de Will.

Il n’était visiblement pas à son aise. Lorsqu’il vit son adversaire, Quick, qui l’attendait déjà sur le tatami, il paniqua littéralement.

— C’est une enfant, et il est hors de question que je la frappe.

— Will, c’est un entraînement, le rassura Esmelia d’une voix qui lui sembla lointaine.

— Je refuse… Je n’ai jamais frappé une femme de ma vie, encore moins un enfant…

Baal intervint à son tour :

— Ce vaisseau tombera en poussière avant même que vous ne réussissiez à la toucher.

Will le fusilla du regard.

— Je préférerai un autre adversaire.

— Je ne tiens pas à ce que quelqu’un vous estropie malencontreusement. Même si elle a moins de puissance que toutes les personnes ici présentes, elle retiendra ses coups.

— Oh, cela devrait me rassurer ?

Derrière lui, Quick émit un petit rire étouffé.

Will avait bien compris qu’il n’avait aucun moyen d’échapper à ce qui l’attendait. Il se prépara au pire.

Baal avait raison. Pas une seule fois il ne parvint à avoir le dessus sur la jeune fille. Elle arrivait toujours à le faire tomber, ou à lui tordre un bras, ou un doigt, ou bien à l’immobiliser par une clé. Il passa plus de la moitié du combat à quatre pattes, la tête rentrée dans les épaules.

Esmelia et Baal suivaient le combat, silencieux.

— Il a peur, constata Grama en les rejoignant. Cela ne sert à rien. La peur rend aussi stupide que la colère.

Puis il ajouta après un bref moment de silence :

— Il y a aussi de la colère en lui.

Si c’était sa manière de dire que Will était doublement stupide, songea Esmelia.

Le Second ne les appréciait vraiment pas.

Will parvint à frapper la jeune fille au ventre, et par une prise de judo basique. Il la fit tomber. Elle roula aussitôt sur le côté et se releva d’un bond. Elle reprit aussitôt l’avantage en envoyant son pied droit directement au visage du scientifique. Il s’écroula complètement estourbi et le nez en sang, douloureusement brisé.

Elle attendit que Will se relève prête à l’attaquer de nouveau. Lorsqu’elle vit les gouttes, elle sembla à la fois surprise et confuse. Le regard qu’elle lança à Baal fut éloquent.

D’un bref signe de tête, il somma deux labirées de porter secours à Will.

Lorsqu’elles s’approchèrent de lui, Will eut un regard qui donnait l’impression qu’il avait à faire à deux vipères prêtes à le mordre.

Elles hésitèrent elles aussi. Elles ne devaient pas être loin de penser la même chose de lui.

— Vous pouvez continuer à vous entraîner, ou l’aider en le reconduisant dans ses quartiers.

Esmelia sursauta. C’était à elle que l’ancien dieu s’adressait, même si son regard restait fixé sur Will.

Il évitait le contact visuel avec elle.

Elle en fit de même.

— Je vous attends ce soir, dans mes quartiers, à vingt heures terrestres. MacAsgaill a une montre, j’imagine qu’elle est à l’heure terrienne. Soyez à l’heure.

Avant qu’elle ait pu répondre quoi que ce soit, il s’était éloigné en direction de Quick qui avait rejoint Copy. Il adressa quelques mots à la jeune fille qui sembla soulagée, mais son visage exprimait toujours autant de tristesse.

Esmelia rejoignit Will et l’aida tant bien que mal à quitter la salle.

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