Chapitre XXX:  Étienne dit tout

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Mardi 06/12/22

Personne n'avait envie de parler pour l'instant, ce week-end prolongé, on était mardi, avait été fort en émotions. Tout devait avoir une fin, Ophélie devrait ouvrir bientôt son auberge sur le port de Saint-Martin, Romain profitait encore un peu de son dernier jour de vacances lui aussi, dans quelques jours, la pêche allait recommencer, il faudra bien préparer les commandes des fêtes de fin d'année, c'était une période à ne pas louper, entre les petits poissons, les coquillages et les crustacés...Il allait avoir du travail.

Étienne se leva tout doucement, fit glisser ses mains dans le col de la doudoune de Reeve, s'approcha et déposa un furtif baiser dans cet espace de peau découvert. Ce geste de tendresse éclaira le visage de la petite Parisienne. Elle se retourna et fondit dans les bras de son petit ami.

Ce fut Étienne à nouveau qui prit la parole et rompit le silence :

  • Merci mes amis pour ces merveilleux moments avec vous. J'ai passé un week-end formidable. Vous êtes des hôtes merveilleux, nous reviendrons sur votre ile. Je dis nous, car j'ai une demande à faire devant témoin.

À ces mots là, Ophélie sortit de sa torpeur, Romain faillit lâcher la barre de surprise et Reeve se dégagea pour s'asseoir à trois pas de là, elle regardait à nouveau son... Son visage fermé en disait long, elle prit enfin la parole, coupant Étienne qui voulait continuer

  • Étienne avant que tu ne dises des conneries que tu pourrais regretter, j'aimerais savoir qui tu es vraiment...
  • Non Reeve, ce ne sont pas des conneries, je répondrais à ta question, après, je n'en ferais pas l'impasse. Tout d'abord, à toi Romain que je choisis comme témoin, écoute ce que j'ai à dire: Reeve, veut-tu m'épouser !
  • Alors Étienne, cette question on l'a tous vu arriver, de loin, pour moi, peu de suspens, ce sera oui, bien entendu, de toute façon si tu ne m'avais posé cette question c'est moi qui l'aurais fait. Au fait Ophélie, qu’ attends-tu ? Bouscule ton homme ! Il ne te posera jamais la question, si tu n'abordes pas le problème en première.

Elle arrêta de parler, regarda à la cantonade, Romain avait rougi, il avait à ce moment-là lâché la barre et bredouilla un ...

  • oui ma puce, j'accepterai avec plaisir ta demande en mariage. Pour ma part ce ne sera pas Étienne mon témoin, mais je vous inviterais au mariage !

Pendant que la bouillante rousse couvrait de baisers son futur mari, Reeve en profita pour régler les comptes avec le sien.

  • Alors, tu m'expliques un peu la situation, si tu me racontais un peu, qui es-tu vraiment, que fait-tu dans la vie, je ne t'ai vu qu'en arrêt de travail, d'ailleurs est-il réel cet arrêt, je l'ai vu trainer sur la table de salon, je n'ai rien dit, une vie commune ne doit pas reposer sur des questionnements et des non-dits !
  • Bon je vais essayer de...d'expliquer !

Le bateau doublait la pointe des baleines et naviguait plein sud, direction l' ile d'Oléron. Ophélie se serrait contre son futur mari. Étienne lui, les yeux dans le vide fixaient le large, Reeves s'était éloignée et le fixait. Tous attendaient...Enfin, les mots coulèrent de sa bouche :

  • Je m'appelle Étienne, je suis veuf, je n'ai jamais aimé autant qu'en ce moment, même Catherine je ne l'ai pas aimée autant, pourtant Dieux sait si je l'ai aimé...un beau matin de novembre on nous a téléphoné à mon frère et moi, nos parents n'étaient plus. Papa conduisait bien trop vite, il avait raté un virage, sa voiture gisait en bas de la falaise, dans la rivière Verdon, telle une sculpture à la César. Il fallait dire, qu'a cet endroit, ça ne pardonnait pas. C’est ce jour-là que je l'ai rencontrée elle était d'une beauté...irréelle, elle m'a aidée a supporter mon chagrin elle qui avait tant souffert malgré son jeune âge, elle n'avait que 17 ans et moi 18, je l'ai épousée très vite, j'en avais besoin, mon frère a tout gâché ensuite, il a toujours abimé ce que j'aimais...Elle m'aimait, elle l'aimait, elle n'a pas voulu choisir, elle s'est balancée de la falaise à quelques mètres d'où était tombée la voiture de mes parents, ça a été horrible; j'ai mis des mois à m'en remettre, quand enfin j'ai cru que tout était derrière moi, quand j'ai enfin rencontré l'amour pour la seconde fois de ma vie, elle s'est invitée à nouveau Catherine sous les traits de Sarah, elle est revenue hanter mes nuits. J'ai surmonté ça grâce à la gentillesse à la ténacité de Reeves, je le sais maintenant, j'en suis certain, Reeves est un cadeau du ciel, je n'aimerais plus jamais quelqu'un comme elle, elle sera la mère de mes enfants.

Reeves le regardait,le badait comme on disait dans le midi elle rêvait d'aller se blottir dans ses bras, de sécher ces larmes qui abondantes coulaient de ses yeux. Mais elle dût se faire violence elle ne voulait pas l'interrompre, il était parti pour tout raconter, il fallait qu'il le fasse, elle voulait tout connaitre de lui, elle ne voulait ni souffrir ni douter un jour, car elle le savait quand on ne disait pas toute la vérité...Mensonges et non-dit bouffaient tous les couples, même les plus solides. alors elle murmura :

  • Continue mon amour, continue, vide ton coeur, après ça ira mieux
  • Oui Reeves, je vais continuer...Je, heu ! hum, voilà...

Alors il raconta, raconta, son enfance dans les vignobles varois, son père qui s'était fâché avec son frère, les cousins qu'il ne connaissait pas dans l'Aude... et la mère de Catherine qui venait de là-bas...Il était noble, d'une noblesse ancienne, oh bien sûr sa famille avait perdus des terres pendant la Révolution...mais ce qu'il restait...ça suffisait ! Et oui, il n'avait pas osé l'avouer, il était le propriétaire de l'hôtel particulier sur les bords de la Seine, il n'avait eu nul besoin d'un arrêt de travail...il n'avait pas osé l'avouer...l'argent ce n'était pas son problème, ça ne l'avait jamais été. Et il venait de l'apprendre, il avait été marié...avec une femme dont il ne connaissait pas toutes les implications de son passé, mais elle était morte à présent..son oncle le lui avait promis, il lui raconterait pourquoi son père et lui s'étaient embrouillés. Officiellement c'était pour des morceaux de terre et des techniques de vinification, mais il n'y croyait pas trop. il lui racontera qui était Dolores la mère de Catherine, et...ils étaient les bienvenus lui Reeves et son grand Père à Montolieu...à côté de Carcassonne, dans ces montagnes ou ses ancêtres vivaient en bonne intelligence avec les juifs et les cathares, avant que Simon de Montfort vienne piller Carcassonne...Le soleil était haut dans le ciel, Romain ouvrit une bouteille, servit un verre à son ami et dit :

Bois mon pote, tu dois avoir soif...Promet moi, de ne jamais avoir de secret ,pour cette fille qui te mange des yeux et qui n'attend que ça, le moment ou je vais te lacher. pour te sauter dessus ! Profites, bois encore un verre, je te protège, ensuite tu ne pourras plus respirer !

E.Y

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