Chapitre 36 : Absolution

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Après un temps de latence, Erwann invite tout doucement Gwendoline à pénétrer à l’intérieur de la salle de bain, aussi blanche et immaculée que la robe qu’elle porte. Tout en retirant son bandage sale et en se lavant les mains, il déclare :

— J’ai fait un nouveau tatouage après notre rupture.

— Ah oui ? Où est-il ?

— Sur l’aine. Tu ne l’as pas remarqué parce que tu ne m’avais jamais vu entièrement nu en avril, mais je ne l’avais pas avant de te connaître. Il date de cet été.

— Pourquoi l’avoir fait à cet endroit ?

— Pour que toi seule puisse le voir.

Ce qui n’avait malheureusement pas été le cas.

— Et aussi parce que cette zone fait horriblement mal et que cette souffrance me permettait d’oublier l’autre douleur, celle que je ne pouvais pas… atténuer.

— Je n’y ai pas fait attention jusqu’à présent. Montre-le-moi à nouveau.

Elle essaie de retirer son boxer noir, mais il l’arrête en douceur.

— Pas tout de suite, rugit-il en saisissant ses mains baladeuses.

La sienne, encore gonflée de son escarmouche, se dirige vers son sein découvert, dont il saisit le mamelon entre le pouce et l'index. Il se replace derrière elle, dans son dos. Lorsqu’il serre délicatement son téton dur, elle se cabre aussitôt, parcourue d’une décharge électrique. Elle renverse la tête en arrière contre son épaule, lui offrant une vue plongeante sur son décolleté et sa poitrine à demi nue. Erwann dirige ses caresses vers le bas, tout en léchant le lobe de son oreille.

Il passe ses deux mains sous sa robe d’été et baisse sa culotte en coton qui glisse le long de ses jambes. Chuchotant contre le pavillon de son oreille, il demande :

— Depuis quand portes-tu des sous-vêtements ?

— J’en porte seulement avec une robe. Et uniquement pour le plaisir de te voir me les retirer.

La culotte blanche git à côté de ses pieds nus. Culotte blanche, robe blanche... apparemment elle n’a pas eu ses règles comme prévu... Il s’abstient de tout commentaire. Puisque que cela leur permet d’en profiter encore, il vaut mieux s’en réjouir...

Erwann lui écarte les jambes avec une de ses cuisses musclées. Le dos de sa partenaire contre lui, il glisse sa main gauche devant, sur son sexe. Son autre main s'occupe de son sein libre, qu’il soupèse pour en apprécier le poids. Plus lourd. Ses caresses l'enveloppent, en haut comme en bas. Sa main entre ses cuisses chaudes rencontre son sexe humide, bouillant, suave, délicieusement prêt.

— Ça t’ennuie si je modifie mon programme ? murmure-t-il.

— Un programme, quel programme ?

— Je voulais que tu m’aides sous la douche, mais je vais m’occuper de toi d’abord.

Il la plaque contre un mur libre auquel elle s’appuie, puis descend derrière elle, un peu plus bas que ses hanches. Ses jambes douces et bronzées sont écartées, le bassin en arrière. Erwann se met à genoux, sous elle, et palpe ses fesses avec envie, avant de mordiller dedans. Lorsque ses caresses provoquent l’effet escompté, que ses douces morsures attisent la curiosité de sa partenaire, il se rapproche de la zone qui l’intéresse. Sa bouche enhardie glisse sur la peau ferme de sa compagne, qui respire plus fort à mesure que son attention se concentre sur l’espace entre ses fesses. Sa langue prend le relai. Gwendoline se laisse surprendre.

Les bras et le front posés contre le mur, elle se cambre au maximum pour lui offrir son intimité, gémissant du plaisir de la découverte de ces nouvelles sensations. Erwann continue son exploration, la langue curieuse et agile, la bouche avide et gourmande, le corps chauffé et tendu.

Il alterne à présent entre les deux zones intimes. Derrière, devant. Devant-derrière. Délicieux aller-retour à en croire les gémissements de la jeune femme, qui se prend au jeu de cette initiative troublante. Il recommence. Inlassablement. Plus aucune partie du corps de sa compagne ne lui est inconnue. Ce qu’il désirait plus que tout arrive enfin. Il cartographie chacune de ses zones érogènes, apprend chaque centimètre carré de sa peau, invente de nouvelles combinaisons pour la faire décoller. Avec elle, son imagination repousse les limites. Mieux, elle les abolit.

Quand la pointe de sa langue s’arrête sur son clitoris, elle gémit de plus belle. Il aime l’entendre crier, la faire crier, la sentir crier. Il insère un doigt dans son sexe brûlant. Ça glisse. Deux doigts, ça glisse encore. Elle en redemande, écarte ses jambes, offre son bassin et le supplie tout bas, la bouche contre le mur :

— Plus fort.

Il augmente la pression de sa langue, la pénètre plus vite avec ses doigts, plus à l’intérieur, cherche son point G, la partie interne de son clitoris. Il envoie, tape au fond et sa langue vibre tout en même temps.

De la haute précision. Du travail d’orfèvre. De l’artisanat de luxe.

Lorsqu’il sent qu’il ne peut pas faire plus, il innove. Tout tenter, on verra bien.

Excitée comme elle l’est, ça passera crème.

Tandis que sa main gauche stimule son vagin, il dirige le pouce et l'index, seuls doigts valides de sa main droite, vers son autre orifice, parfaitement lubrifié avec sa salive. Le début de la pénétration est doux, suave, facile. Il reste sur le seuil, attendant une réaction offusquée, une remarque désobligeante, un coup dans la mâchoire. Rien ne vient. Au contraire, elle est réactive, lui affamé, et si cela ne tenait qu’à son propre plaisir, il serait déjà en elle. Mais ce n’est pas ce qu’il veut lui offrir.

Sa bouche sur son sexe, une main devant et un doigt en train de la pénétrer derrière, elle halète. Demande plus. Il s’exécute, enchanté. Elle mène la cadence en bougeant son bassin. Il n’a qu’à suivre ses mouvements et s’affairer consciencieusement.

— Continue, soupire-t-elle.

Il obéit, esclave de ses exigences. Elle resserre les jambes, augmente la pression de la bouche d’Erwann sur son point sensible et se laisse envahir par l'orgasme, le son de sa voix se répercutant sur les parois carrelées de la salle de bain haut de gamme.

Sa langue goûte les spasmes de la victoire. Ses doigts sont pris au piège des contractions de son vagin. Quelle agréable récompense de sentir son corps manifester tant de ferveur.

Il est sur les genoux et elle vient le rejoindre, secouée, vidée, repue. Elle s’assoit sur ses cuisses, collant le visage de son amant contre sa poitrine à demie-nue, un sein découvert, l’autre sous le tissu. Il attend qu’elle atterrisse calmement et qu’elle reprenne ses esprits. Puis, caressant sa joue, il l'invite :

— Viens sous la douche avec moi.

Erwann retire son caleçon, mais lui demande de rester habillée encore un peu, en précisant :

— La robe blanche mouillée, j’adore.

Il ouvre le robinet. Ils se tiennent debouts sous l'eau, enveloppés dans les bras l’un de l’autre. Surprise par la puissance du jet d’eau, elle se met à rire lorsque le tissu devient translucide. Sous la déferlante aquatique, sa robe virginale se fait seconde peau. Il mord le téton caché sous le tissu, visible par transparence, tout en jouant avec l’autre. Elle geint et entoure sa tête de ses mains.

Il lui tend un flacon de gel douche.

— Voilà pourquoi j’avais besoin de toi.

— Pour te laver ? Tu as oublié comment on fait ?

— Il n’y a que toi qui peut me laver de mes péchés. Il n’y a que ton amour qui peut m’absoudre.

Erwann offre son visage au jet d’eau, la tête vers le plafond. Il passe ses mains dans ses cheveux bruns, d’avant en arrière, puis revient vers son visage qu’il frotte vigoureusement d’un côté, plus doucement de l’autre.

— Je n’ai pas ce pouvoir, Erwann.

— Je te le donne. Remets-moi sur les rails. Avec ta force, ta douceur, ta patience.

Il l’embrasse à pleine bouche, les lèvres noyées, le visage ruisselant.

— Avec ton amour.

— Je pourrais te demander la même chose. Je suis loin d’être parfaite.

— Tu l’es à mes yeux.

— Tu l’es aussi aux miens.

Il coupe l’eau et remplit sa main de savon, puis la pose sur sa poitrine recouverte de poils bruns, allant de son torse à la ligne médiane de son ventre plat et dessiné. Elle répartit le gel entre ses deux mains et frotte sa peau délicatement.

D’abord sur l’avant de son poitrail, en passant par ses épaules, ses bras, ses avant-bras. Puis l’invite à pivoter. Docile, il se tourne vers la faïence. Elle lave son dos, en partant de la naissance de ses cheveux courts, caresse son tatouage, ses ailes d’ange, qui représentent si bien ce qu’il est pour elle, finalement. Elle l'a toujours connu bon et doux. L’autre part de lui, celle dont il a honte et veut se débarrasser, lui est étrangère.

Après la partie supérieure de son tronc, elle redescend vers son bassin, ses hanches étroites, ses fesses bombées. Tout y passe. Chaque partie de son corps est lavée, frictionnée par ses mains consciencieuses, ne laissant rien au hasard. Elle glisse ses doigts aventuriers dans le sillon inter-fessier, savonne, fait mousser et insiste longuement.

Trop longuement peut-être.

Il grogne.

— J’aime pas, souffle-t-il.

— Tu m’as demandé de te nettoyer. Je te nettoie.

— Je suis propre maintenant, sourit-il.

— C’est moi la juge. C’est moi qui bosse. Tu m’as confié une mission. Je suis une perfectionniste.

— Je crois pas que j’aime.

— Je suis sûre que tu n’as jamais essayé.

— Là, je suis en train d’essayer, éclate-t-il de rire.

— Et tu n’aimes pas, conclut-elle, en retirant sa main, amusée.

— Je ne sais pas. C’est trop… déroutant.

— Que dois-je comprendre ?

— J’aime pas être dérouté.

Elle éclate de rire à son tour.

— Promis, je ne te déroute plus… pour aujourd’hui.

— Attends, dit-il en replaçant sa main. Tu t’es laissée faire tout à l’heure alors… fais ce que tu as envie de moi…

— Tu me la joues « agneau sacrificiel » là. Il faut faire ce qu’on aime, pas seulement pour le plaisir de l’autre. Et ce qui me plaît, c’est de te décoincer. Si tu me dis oui aussi facilement, ça perd tout son charme.

— Je vois. Mais je veux tout avec toi, Gwen. Je ne veux pas qu’il y ait de tabou entre nous. Ce que tu aimes, je ferai tout pour l’aimer aussi. Si tu kiffes me… tu vois, fais-le. J’apprendrai à aimer. Si cela t’excite, si cela te plaît, fais-le.

— Belle ouverture d’esprit.

— Je te veux entièrement. Je sais qu’avec toi, tout sera bon.

— On a le temps pour tous les trucs plus… expérimentaux. Revenons aux basiques, dit-elle en saisissant son sexe dans la paume de sa main.

— Les bons vieux basiques, sourit-il, tandis qu’elle s’agenouille lentement à son tour.

Le regard planté dans celui de son partenaire, elle arrive à son intimité, dressée fièrement sous ses yeux. Erwann est debout, adossé à la paroi. Elle prend son sexe d’une main et fait glisser le gel le long de son membre rigide, tandis que l’autre s’attaque au reste, soupesant chaque bourse avec douceur.

Il se laisse manipuler en fermant les yeux, savourant le contact doux et onctueux du savon lubrifiant sa peau.

— Tu crois que je peux te laver de tes péchés en m’adonnant à la luxure ? demande Gwendoline, insolente.

— Ne dit-on pas « soigner le mal par le mal » ?

— Ou « aux grands maux les grands remèdes »…

Il sourit de plus belle, recouvert de mousse et de bulles. Sa toilette purifiante touche à sa fin. Elle n’a plus envie d’attendre pour goûter cette nouvelle odeur de sainteté et lui demande :

— Fais couler l’eau, j’ai besoin de vérifier si j’ai bien travaillé.

Il s’exécute, et l’eau chaude tombe en cascade sur eux, aussi bienfaisante qu’une pluie d’été après la canicule. La vapeur qui s’en dégage envahit la douche de buée. Une brume de chaleur supplémentaire les enveloppe.

Elle rapproche son visage de son sexe, lève les yeux vers lui, le regarde et passe sa langue sur sa verge de bas en haut avec une infinie lenteur. L’image de sa femme à genou, à ses pieds, dans sa robe virginale pure et transparente, avec cette attitude provocante, il ne lui en faut pas plus pour sentir tout son être s’embraser d’une flambée d’amour et de désir. Il clôt les yeux, bascule la tête en arrière, passe une main dans les cheveux mouillés de sa partenaire. Il geint un peu, soupire beaucoup.

Sa langue refait le même schéma, une fois, deux fois, trois fois, avant que la bouche ne l’aspire avec plus de force et d’envie.

Tout en le prenant entre ses lèvres, ses yeux tombent sur le dernier tatouage qu’il a ajouté à sa collection, en pensant à elle. Écrit dans le style d’une calligraphie romaine, elle découvre le message en latin : « IGNOSCE ME ».

— Qu’est-ce que cela signifie ?

— Pardonne-moi.

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