Ce matin je me suis levée pleine d'énergie et ça faisait longtemps que je ne m'étais pas sentie aussi légère et aussi pleine d'amour pour la personne que je suis alors en sortant sur le balcon j'ai pris une grande inspiration et je me suis dit que j'allais arrêter d'avoir peur des choses qui me sortent de mon cocon et qui me culpabilisent d'être comme je suis ou d'être cette personne un peu foutraque eh c'est joli foutraque comme mot je me suis dit en cherchant sa définition précise parce que je pensais que c'était un peu désordonné un peu original ou en tout cas qui sort de la norme et je me rends compte que ça veut surtout dire fou alors ça m'a fait rire et puis juste après j'ai lu extravagant et je me suis dit que finalement ça n'était pas si éloigné de l'idée que je m'étais faite du mot et de moi dont l'estime est parfois un peu au ras des pâquerettes comme plein de gens finalement même si j'ai souvent l'impression de marcher en équilibre sur le trottoir de la norme voire de cabrioler abondamment sur les pavés de la route là où les voitures peuvent m'écraser me frôler m'emporter m'envoler là où tu me caresseras la main sans rien dire d'autre qu'un sourire dans tes yeux clairs et un chuchotis qui dit on est bien là ensemble on est bien là avant qu'on décide ce qu'on est l'une pour l'autre et qu'on enterre la simplicité sous des tonnes de mots dont je ne doute pas qu'ils soient jolis mais qui alourdissent ta paume dans la mienne et tes doigts dans ma bouche qui attend un temps mais bien vite retombe vers la tienne pendant que tu me portes et que je ris de ton regard levé et innocent que j'ai vite aimé parce qu'avec toi c'est facile de se sentir légère même si on pourrait se dire que ce n'est que l'effet des débuts d'histoires oui celles où tout clique et claque ta main sur mes fesses qui se tournent se détournent et t'attendent appuyées à la fenêtre d'où on aperçoit tes voisines dans leur grand appartement cossu au riche parquet qui craque sous les pas de celle qui vient d'arriver et qui se déshabille sans un mot pendant qu'on la regarde en cachette on se dit mais que fait-elle enfin que fait-elle alors que les portes fenêtres sont ouvertes pour laisser entrer l'air chaud de l'été celui-là même qui vampirise nos corps à demi nus qui s'acoudent l'un à l'autre et passent de caresses à paroles à baiser à paroles à caresses d'ivresse de la découverte car c'est vrai je ne te connais pas.