Le temps passait, les heures et les minutes apparaissaient enfin sans importance, tout ce beau monde si pressé valdinguait autour de lui, sans lui prêter la moindre attention. Il gisait là tel un simple déchet rejeté par cette immense vague.

— Hey ! Réveille-toi ! Ce n’est plus l’heure de dormir !

Lui assenant un coup de pied afin de le réveiller, quelques personnes aux vêtements déchirés et à l’allure complètement négligée se regroupaient enfin autour de lui.

Une forte odeur s’émanait de leurs vêtements souillés par les années. Ils braillaient entre eux, vociférant des insultes.

— Il a surement dû s’en mettre une bonne celui-là, pour finir dans cet état !

— C’est surement l’un de ses connards en costard, cravate !

— Oui, c’est bien les pires, ceux-là !

Réveiller par les cris et le vacarme de ses secouristes amateurs, encore la bave aux lèvres, Léo commençait peu à peu à ouvrir les yeux.

— Pauvre petit bourgeois ! Regardé le ! il a de beaux vêtements, on devrait ptet lui faire les poches. Qui sait, avec de la chance on pourrait y trouver un trésor.

Se baissant à sa hauteur afin de commettre leur méfait, Léo encore à moitié endormis, pris d’un sursaut de lucidité, saisit la main de l’un d’entre eux qui fit immédiatement marche arrière.

— Qu’est-ce que vous faites ?

Le plus sûr d’entre eux, un vieil homme aux cheveux grisonnant à l’allure austère et à la longue barbe noire prit la parole, tandis que tous les autres se regroupèrent presque en rang derrière lui.

— Tien, tu t’es enfin réveillé ! Ce n’est pas ce que tu crois. Enfin, si ! Mais bon, tu ne nous en voudras pas ! Après tout, on a veillé sur toi pendant des heures. Chaque travail mérite salaire !