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Stella entreprit d’expliquer les détails de leur plan pour capturer l’homme des bois.

L’idée était d’utiliser un mélange de trois produits pour endormir durablement Numéro 1. Une dose de Zolpidem ajoutée à une petite quantité d’Hydroxyzine serait complétée par un nouveau produit, l’hypnoryn, extrêmement efficace. Le sucre contiendrait les substances, et comme le mélange agit rapidement, Numéro 1 s’endormirait à proximité de la caméra 41, où il serait facile à localiser.

L’équipe pourrait alors lui faire une prise de sang, et prélever différents échantillons — salive, poils — en vue d’une analyse ADN. Il était également prévu d’effectuer diverses mesures : taille, poids, fréquence cardiaque.

Stella et Dewi avaient même prévu un petit harnais en toile et un peson électronique pour peser Numéro 1.

Andrew fronça les sourcils, visiblement perplexe.

— Ok, tu connaîtras le poids de Numéro 1 une fois qu’il sera endormi, mais ce sera trop tard ! Il te faut ce poids pour calculer une dose de tranquillisant non létale. On ne connaît pas non plus son métabolisme ou son état de santé. Si tu y vas à l’aveugle, tu risques de le tuer tout simplement.

Une tension palpable s’installa alors qu’Andrew posait un argument difficile à contrer.

Stella garda son calme, adoptant le ton neutre d’un conférencier en plein exposé.

— Le poids de Numéro 1 est un élément crucial dans notre plan. Nous en sommes pleinement conscients, Andrew, dit-elle en appuyant sur la fin de sa phrase.

Andrew hocha la tête, attentif.

— Nous avons effectué de nombreuses mesures d’éléments du décor dans lequel Numéro 1 a été filmé : branches, troncs, rochers. Comme il apparaît sur plusieurs caméras, nous disposons de suffisamment de données. En comparant ces objets de taille connue à sa silhouette sur les images et photos, nous avons pu estimer sa taille avec un risque d’erreur raisonnable. Tu te souviens de l’estimation d’environ 1,10 mètre ? C’est ainsi que nous y sommes arrivés.

— La taille et le poids sont deux choses différentes, fit remarquer Andrew en fronçant les sourcils.

Il attendait la suite pour juger la méthode dans son ensemble. Sa migraine montait lentement en puissance.

Stella poursuivit, sans se laisser perturber.

— Ensuite, nous avons utilisé la largeur de ses épaules, de ses hanches, ainsi que d’autres éléments comme le tour de torse — je t’épargne les détails — pour estimer son gabarit corporel.

À partir de là, nous avons utilisé des modèles de densité corporelle similaires à ceux employés pour des primates sauvages, qui ont une masse musculaire élevée.

Nous avons refait l’analyse avec plusieurs modèles, sur différents lots d’images, et à chaque fois nous tombons dans la même fourchette de poids.

Elle marqua une pause, satisfaite de sa démonstration, mais encore légèrement agacée par le doute manifesté quelques minutes plus tôt par Andrew.

Ce dernier réfléchissait.

— Et ce poids est de combien ?

— Entre 23,5 et 24,5 kilos, répondit Stella d’un ton assuré. Tous les modèles convergent vers cette estimation. L’incertitude est raisonnable, du moins à notre avis.

— C’est un travail très rigoureux, rien à redire. Bien joué, dit-il en la fixant. Vous avez pensé à beaucoup de choses. Mais reste à calculer la dose exacte, et là, on ignore toujours tout du métabolisme de Numéro 1. Comment comptez-vous faire ?

— C’est là que l’expérience de Dewi entre en jeu. Il utilise fréquemment le mélange Zolpidem - Hydroxyzine sur des primates ainsi que l’Hypnoryn depuis son homologation. Il maîtrise parfaitement le dosage de ces produits.

Nous avons choisi ce protocole parce qu’il permet une anesthésie stable et rapide, avec moins de stress pour le sujet. La récupération est aussi plus douce.

Après les prélèvements, nous administrerons une faible dose de Dipémazole pour accélérer le réveil.

Comme l’absorption orale est moins efficace que l’injection, nous avons ajusté les doses : 10 mg de Zolpidem, 50 mg d’Hydroxyzine et 10 mg d’Hypnorynpour un individu de 23,5 à 24,5 kilos.

Stella avait terminé sa démonstration. Elle reprit son souffle et but une gorgée d’eau filtrée.

Andrew caressait son menton entre le pouce et l’index, songeur. Il finit par se lancer :

— C’est risqué, mais je dois reconnaître que votre analyse est solide et que je n’ai rien de mieux à proposer. Et avec les données disponibles, je pense que vous avez fait au mieux. Chapeau !

— Ouf ! répondit Stella dans un soupir. J’avais peur que tu refuses de poursuivre la mission avec nous. Tu sais, la santé de Numéro 1 est notre priorité absolue.

Nous faisons tout pour minimiser les risques. Mais d’un autre côté, il faut prouver qu’il existe, et le faire de manière discrète — voire secrète. C’est la seule façon de le protéger, lui et les siens, le temps de susciter un élan de sympathie et de soutien à l’échelle mondiale.

Le danger des chasseurs de trophées, ou de scientifiques peu scrupuleux, est bien réel… Et il y a aussi tout le reste…

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