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Dewi glissa sa main droite sur le cou de Numéro 1. Après un instant, il annonça :

— Il est vivant ! Son pouls est normal… enfin, je ne sais pas s’il est vraiment "normal", mais en tout cas il bat !

Le soulagement du quatuor était immense.

Dewi ajouta :
— Il a probablement plu, et sa peau mouillée s’est refroidie rapidement. Après nos examens et les prélèvements, il ne faudra pas oublier de le couvrir avec une couverture de survie.

Remis de leur choc initial, ils se mirent aussitôt au travail, mécaniquement, comme si l’adrénaline seule les guidait. Ils s’étaient déjà réparti les tâches en amont, lors de la préparation minutieuse de leur mission.

Sinta sortit le peson et le matériel de mesure, puis commença à installer le dispositif. Stella, elle, repéra une branche solide sur un arbuste proche et y fixa une caméra destinée à enregistrer l’intégralité de la suite des opérations. Ce témoignage visuel permettrait des vérifications ultérieures, et surtout, constituerait une preuve irréfutable de leur découverte. Une fois l’angle de vue vérifié, elle lança l’enregistrement.

Andrew, chargé de documenter un maximum d’éléments sur le terrain, observait attentivement les environs, prenant photos et vidéos de tout ce qui pourrait un jour aider à mieux cerner le mode de vie de Numéro 1.

Stella s’approcha de Dewi, qui avait déjà ouvert sa trousse de prélèvements. Il nota les coordonnées GPS exactes, afin de pouvoir localiser précisément l’origine de chaque échantillon recueilli.

L’être allongé n’était pas plus grand qu’un enfant, mais ses traits n’avaient rien d’infantile. Son crâne, très petit et légèrement allongé vers l’arrière, rappelait à Dewi celui d’un chimpanzé ou d’un enfant humain d’environ trois ans. Son visage plat, dépourvu de menton, frappait par sa singularité. Tous furent surpris par l’importance de ses arcades sourcilières, exagérément proéminentes.

La mâchoire de Numéro 1, massive et puissante, contrastait avec le reste de son anatomie. Sa bouche entrouverte laissait entrevoir des dents étonnamment grandes, disproportionnées par rapport à un humain.

Andrew prenant des photos, répétait :

— J’arrive pas à y croire…

Puis, soudain, il s’exclama avec nervosité, en pointant l’abdomen de la créature :

— Regardez, il porte une sorte de ceinture !

La voix légèrement aiguë, il désignait des lanières fines et entrelacées, visiblement en cuir. Il s’approcha, écarta délicatement la ceinture pour dégager un objet partiellement dissimulé sous le corps inanimé.

— Bon sang… Il porte une amulette, ou quelque chose comme ça !

Les autres se tournèrent vers sa découverte. Attaché à la ceinture, une lanière de cuir tressé traversait trois fèves de cacao séchées et se terminait par un nœud qui les maintenait en place.

L’anthropologue était fasciné. Dans un souffle, presque pour lui-même, il murmura :

— Ce Numéro 1 n’est pas un animal… Il possède une culture. Et probablement un langage.

Dewi poursuivait l’examen du corps.

— Ses bras sont incroyablement longs en proportion de son tronc. Et son torse est étroit, effilé… À première vue, on pourrait croire à des proportions simiesques, mais je suis persuadé qu’il est parfaitement bipède. On l’a bien vu sur les vidéos. Et la position du foramen magnum, juste sous le crâne, confirme la bipédie ! Regardez aussi l’orientation oblique de ses fémurs !

L’excitation gagnait Dewi, sa voix se faisait plus aiguë, presque fébrile.

— Et ses pieds ! Ils sont larges, très longs pour sa taille… Et regardez ce gros orteil : il semble presque préhensible.

Il releva la tête vers Stella. Son regard brillait d’un mélange de prudence et d’émerveillement.

— Je ne suis pas paléontologue, mais ces pieds me font penser à ceux des formes anciennes… comme chez les Australopithèques. Qu’en penses-tu ?

Stella contempla les pieds étranges de Numéro 1, hésitante.

— Franchement, Dewi, je ne sais pas quoi dire. Il nous faudrait des radios pour pouvoir nous prononcer. Ces pieds sont étranges, et nous aurions certainement dû nous en rendre compte si nous avions été un peu moins nuls dans le moulage et l’analyse des empreintes !

Elle conclut sur un léger sourire, le premier depuis leur découverte pui poursuivit :

— En revanche, ses mains sont très proches de celles d’un humain. Le pouce est opposable, et dans l’ensemble, la structure anatomique montre une capacité manuelle fine — assez pour fabriquer des outils.

Dewi acquiesça, hochant la tête. Il attrapa sa sacoche de prélèvements avec assurance. Il se sentait dans son élément. La tension ambiante, au lieu de le gêner, le maintenait concentré et précis. Il avait déjà réalisé des dizaines d’interventions similaires sur des grands singes. Cette situation, bien que sans précédent, ne lui faisait pas peur.

Stella glissa doucement un thermomètre dans la bouche de Numéro 1, puis attendit quelques secondes avant d’annoncer :

— 36,5 °C. Sans point de comparaison, ce chiffre ne nous avance pas beaucoup… mais bon !

C’est alors qu’Andrew poussa un cri :

— Bon sang ! Regardez-moi ça !

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