Nota: comme je suis une grande paresseuse, je reprends un ancien texte, mais il collera très bien au thème proposé.

Tout ce qui est raconté ici n'est que pure fiction, bien entendu.

6h30: le réveille-matin de mon téléphone s'enclenche, diffusant la voix de mon meilleur ami qui chante une parodie de Calogero, "Face à la mer" intitulée "Passe sanitaire", en duo avec moi.

L'impression est mitigée: mi-irritée par sa voix nasillarde ( bon en fait c'est moi qui chante le plus faux), mi-amusée par ce pastiche entêtant, mais en tout cas, je suis réveillée.

Deuxième mission: s'arracher à la chaleur moelleuse de l'édredon. Mais je choisis de reporter l'alarme de cinq petites minutes.

J'ai 10 minutes pour avaler mon café, un demi-litre de gingembre-citron, et quatre biscuits sans sucre, sans gras, sans gout, avant d'aller réveiller les enfants.

6h45: les monstres sont réveillés, ils râlent sur ma lenteur à dresser la table et à mettre à leur disposition le laitage, la céréale, et le fruit tels que les diététiciens le recommandent pour une alimentation équilibrée.

7h00: je les presse de finir, car il faut bientôt partir au coûteux collège dont l'éloignement fait exploser notre empreinte carbone. Je constate, dépitée, que les bols sont restés vides et que des sachets de biscuits (non diététiques) jonchent la poubelle, mais ils réussissent à s' éclipser avant que je puisse le leur reprocher, ou découvrir qu'ils n'ont pas fait leur lit.

7h05: Mon petit de 5 ans me supplie en faisant ses yeux de Chat Potté de me mettre une video de youtuber, le JdG, dont je me demande comment il le connaît. Je lui réponds que d'une, on est en semaine, et que de deux, ses contenus ne sont absolument pas accessibles pour quelqu'un de son âge, vu le taux important de gros mots à la seconde.

Dès que j'ai le dos tourné, il se rue sur mon ordinateur pour mettre Torture Dance sur Youtube. Quelle précocité, me résignai-je.

7h30: Je le dépose à la garderie, me faufilant entre les voitures de parents d'élèves garées sur les trottoirs pêle-mêle. Je me dis que j'abuse parce que j'habite à 30 mètres de l'école mais je me promets de faire l'effort d'y aller à pied demain. Je m'allume la première cigarette alors que je m'étais promis d'arrêter hier.

8h00: J'arrive sur mon lieu de travail, après 15 minutes à tourner dans le quartier, je me suis résolue à me garer sur un emplacement non autorisé. Je vais serrer les fesses en espérant ne pas me prendre un PV. Demain, je suis sûre que j'aurai de la chance, c'est statistique.

8h30: Les élèves arrivent, je me promets de garder mon calme toute la journée. Rester bienveillante. Appliquer mon système pour amener ces chers petits anges à un retour réflexif sur leur comportement suffira à les maintenir dans les apprentissages. Hier, ça n'a pas marché mais aujourd'hui tous les espoirs sont permis.

9h00: le calme règne, les élèves sont au travail, même A. et B. Je souffle.

9h01: A est debout sur sa chaise et B fait le tour de la classe, je les invite calmement à s'asseoir sur la chaise de réflexion jusqu'à ce qu'ils se sentent prêts à s'investir dans leurs activités scolaires.

9h05. ça n'a pas marché, j'essaie de leur faire remplir une fiche de réflexion.

9h30: je leur mets une retenue de 5 minutes à la récréation, pour parler avec eux de leur comportement, alors que je ne suis pas de service cour.

10h00: Je leur ai parlé mais ils ont été punis 2 minutes plus tard par le surveillant de cour. Je n 'ai pas eu le temps de prendre un café.

10h30: Je me résous à donner à A et B un coloriage magique pour avoir la paix.Je leur écrirai un mot dans le cahier de liaison pour voir leurs parents. Ce à quoi j'ai déjà pensé hier, et avant-avant-hier et....

12h: Enfin la pause déjeuner. Je m'échappe pour fumer une cigarette pour évacuer le stress. Pas le temps de rêvasser, j'ai toutes les copies à corriger.

14h: J'ai fini de corriger les copies et de faire les photocopies pour les leçons de l'après-midi, pas le temps de prendre un café, c'est la reprise.

14h05: Je finis par hurler pour dire à A. et B. de s'asseoir sur leur siège et de travailler.

14h30: je sors les jeux de sociétés pour eux, après tout c'est en vogue, l'apprentissage par le jeu.

Bon, "Ne marche pas dedans" ( le caca), c'est peut-être pauvre sur le plan didactique mais ça marche.

16h15: je speede pour donner les devoirs aux enfants. A peine les ont-ils notés que la cloche sonne. J'ai oublié de laisser un mot dans le cahier de liaison de A. et B. Il faudra que je le fasse demain.

16h30: épuisée, j'allume ma 3e cigarette-détente de la journée, en allant chercher mon petit à la garderie. Au moins, son odeur masque les infects effluves des crottes de mes chats qui ont c... à côté de leur caisse. Je pense que je vais me résoudre à vaporiser tout le tour de ma maison au répulsif à chat. C'est fou ce que ça peut c... ces petites peluches.

18h00: après avoir donné la douche et le goûter au petit, joué au foot avec lui et fait ses devoirs, je m'isole pour m'allumer ma 4e cigarette relaxante de la journée, puis me lave soigneusement pour qu'il ne puisse pas sentir cette odieuse odeur. Il faut vraiment que j'arrête.

18h30: je pense à mes plans d'éducation, je dois faire lire le petit, et lui faire faire du calcul mental avant que ses frères n'arrivent, mais je m'effondre lamentablement dans le canapé alors qu'il alerte tout le quartier en hurlant par la fenêtre ouverte.

20h00: le papa revient avec les deux grands, je me réveille en sursaut la bave qui s'écoule sur les coussins du canapé. Ils me demandent si j'ai fait à manger. J'ouvre en vitesse deux boîtes de petits pois. C'est important de ne pas manger trop gras, ça au moins, je m'y tiens, peut-être parce que je suis trop feignasse pour faire du sport.

20h15: on passe à table. D'habitude, on dit le benedicite pour remercier tous ceux qui ont concouru à la préparation de la nourriture, mais visiblement deux boîtes de conserve n'en valent pas la peine ce soir.

20h45: Après avoir ramassé le linge sale qui jonche le sol près des panières prévues à cet effet, j'essaie de coucher les garçons en tentant désespérément d'obtenir un bisou, mais peine perdue, ils préférent aller jouer au catch sur mon lit, le seul lit bien fait de la maison. Il faudra que je leur explique plus clairement les règles en vigueur à la maison.

21h15: je me jette dans la mêlée pour arracher ledit bisou. Le doute qui s'est instillé depuis quelque temps semble se vérifier. Mon aîné est plus grand et plus fort que moi. Pour en voir le coeur net, comme je le fais toujours, je propose un bras de fer. Statu quo, encore une fois, nous sommes de forces égales, je peux toujours essayer de jouer les gros bras face à lui pour me faire respecter.

21h30: Tout ce petit monde s'endort enfin. Mon objectif de les coucher à 20h30 n'est toujours pas rempli. Je sors m'allumer ma dernière _ et ce sera la dernière_ clope-relaxation de la journée et de ma vie.

Je range le désordre indescriptible que mon petit a semé dans le salon, persuadée qu'il est le cinquième dieu majeur du Chaos.

21h45: Je regarde Boss level, un film sur une boucle temporelle, demain, ce sera Un jour sans fin, et après-demain, Edge of tomorrow, j'aime bien ce thème.

Bon, en fait, j'ai toujours faim, ce que je fais remarquer à mon mari. En réponse, je finis avec sa b... dans la bouche.

Je finis par me faire un plat de spaghettis. Demain, je ferai du sport après le travail pour perdre tout kilo indû.

Tout en faisant cela, j'essaie d'écrire un texte pour Scribay.

23h00: Percluse de fatigue, je publie un texte bourré de fautes sur Scribay, tant pis, mes gentils annotateurs me corrigeront.

23h30: après 3 abdos avortés, je m'endors, espérant que demain étant un nouveau jour, je finirai bien par briser cette boucle infernale.