Épilogue

Une minute de lecture

Quand l’homme termina son récit, il ne dit plus un mot. Il avait parlé, cela suffisait. Désormais, il se tairait.

Je restai là, figé, mon carnet ouvert sur les genoux, incapable de savoir quoi écrire. Que devais-je penser de cette histoire ?

Je remerciai mon hôte silencieusement pour son témoignage, et sortis. Le calme extérieur de la nuit contrastait étrangement avec le tumulte que j’avais en moi. Rien n’avait changé autour de moi, et pourtant, tout semblait différent. L’air était lourd et immobile, la soirée agréable et chaude, et moi je frissonnais.

Je ne pouvais me détacher de l’image de ces arbres, avançant lentement vers leur fin, dans une procession inévitable. Ils suivaient un chemin dont ils connaissaient l’issue et qu’ils poursuivaient malgré tout. Un chemin dont nul ne pouvait revenir, comme le cours du temps lui-même. Immuable et tout-puissant, conduisant toute chose vers sa fin.

L’homme que je venais de rencontrer semblait être le seul rescapé. Mais, en réalité, il n’était jamais revenu. Son corps avait survécu, mais son esprit était resté là-bas, dans cette île, parmi les arbres qui marchent. Comme eux, il avait entamé un voyage dont on ne reviendrait pas.

Je marchai en silence vers mon hôtel, encore pris dans les brumes de ce récit. Une part de moi voulait croire qu’il s’agissait d’une fable, un délire né de la fièvre ou du traumatisme. Mais une autre, de plus en plus présente, observait les arbres bordant la route avec méfiance.

Et si tous les arbres suivaient cette même marche ? S’ils étaient, eux aussi, les disciples d’un destin plus vaste, plus ancien que l’humanité elle-même ? S’ils avançaient, lentement, vers un point que nous ne pouvions voir à notre échelle d’humain ?

Je me le demandais encore lorsque je les vis tous autour de moi frissonner de leurs branches et de leurs feuillages, alors qu’aucun vent ne s’était levé.

Leur maître était à l’œuvre, quelque part. Je ne pouvais que les contempler s’animer, impuissant à empêcher le désastre, impuissant à comprendre ce qui s’éveillait autour de moi.

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