Ecrire pour exister
Ils veulent tous écrire, toutefois je ne comprends pas vraiment pourquoi tout le monde veut écrire, ni à quoi ça leur sert d’écrire, et puis est-ce que écrire c’est vraiment écrire, si on y pense, on peut se demander ce qu’est l’écriture au final, car d’un côté il suffit d’assembler des lettres qui vont former des mots et ensuite les mots, ensembles, formeront des phrases, ou peut-être pas, parce qu’il faut bien avouer que certaines phrases ne ressemblent à rien, dépourvues de sujets, de verbes ou de compléments, on ne reconnait plus les phrases, juste des mots, les uns derrière les autres, des mots pour des maux, les maux toujours présents, depuis toujours, depuis le journal intime jusqu’au réseaux sociaux, on peut finalement dire que les gens ont toujours eu cette envie de coucher quelque part leurs maux, leurs pensées, leurs sentiments et surtout, leur vie, montrer ce qu’ils sont, ce qu’ils font, qu’ils existent, dans ce monde où plus personne ne voit personne si ce n’est lorsqu’il écrit, publie, annote, commente, un monde d’exhibition partout, tout le temps, en mots, en maux, en images, en son et même en sons et lumières, technicolor moderne pour renforcer l’ego, tout en sublimant les complexes, chaque jours plus nombreux, car c’est là le soucis de la modernité, toujours plus de moi, d’eux, de soi, montré et répandu, bien au-delà de la décence et de la normalité, quoiqu’il faille se méfier de la modernité car nul ne sait où elle commence et où elle finit, tout cela pour quoi au final, s’oublier dans la multitude, être d’autant plus invisible que l’on se dévoile, dans des histoires réelles ou fictives, que l’on raconte à nos amis, nos collègues, ou nos followers, peu importe, et avec tout cela, j’en ai oublié de quoi je parlais, ou presque, je parlais de l’écriture, et sans doute cherchez-vous le rapport avec l’écriture, peut-être même trouvez-vous cette dégression inopportune, je dois bien avouer que vous avez sans nul doute raison, même si tout cela avait un but, en effet l’exhibition est la clé, la clé de chacune de nos vies, de nos passions, de nos aspirations, bonnes ou mauvaises d’intention, elle est toujours là, sous-jacente, presque indécente et pourtant bien présente, ce besoin d’exhibition est celui qui guide nos doigts sur le papier, ou sur le clavier, couchant des mots indélicats, dans des histoires réelles ou fictives, où nous laissons des bouts de nous, ou de nos vies, plus ou moins gros, à chaque instant.
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